Mécanisme de fonctionnement des institutions financières au Sénégal
MAME MOR FALL
ANALYSTE ECONOMISTE QUANTITATIVISTE FINANCIER
iGFM – (Louga) – Dans l’émission « Question d’actualité » du samedi 19 octobre 2016,Famara Ibrahima Cissé, le président de l’association des clients et sociétaires des institutions financières (ACSIF) prétendait que les taux d’intérêt appliqués par les institutions financières sont exorbitants et que les banques sont régies par les lois du commerce. Selon Mame Mor Fall, analyste économiste, membre de l’Association internationale des chercheurs francophones en microfinance (AICFM), il faut d’abords faire la distinction entre taux nominal qui peut être variable pour les institutions financières et taux effectif global (TEG) fixé par la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest.
« Ce taux est à l’ordre de 24% pour les institutions de microfinance et de 15% pour les banques commerciales au Sénégal. Deuxièmement, la loi n°2008-26 du 28 juillet 2008 portant règlement bancaire au chapitre IV Art. 43 stipule : « il est interdit aux banques de se livrer, pour leur propre compte ou pour le compte d’autrui, à des activités commerciales, industrielles, agricoles ou de service, sauf dans la mesure om ces opérations sont nécessaires à l’exercice de leur activité bancaire ou nécessaire au recouvrement de leur créances » a fait savoir Mame Mor Fall.
L’analyste économiste d’ajouter « qu’il est essentiel de rappeler que les Banques au Sénégal sont régies par la loi n° 2008-26 du 28 juillet 2008 portant règlement bancaire et pour les institutions de microfinance, une nouvelle réglementation (Loi N° 2008-47 du 03 septembre 2008 et Décret N°2008-1366 du 28 novembre 200822) a été élaboré sur une période de cinq ans pour redresser les faiblesses structurelles du secteur de la microfinance ».
En effet précise M. Fall, la nouvelle réglementation fait état de plusieurs facteurs de dysfonctionnement sur l’ancienne réglementation.
Pour ce qui est du taux directeur dira M. Fall, c’est le taux auquel la BCEAO prète de la monnaie aux banques de second rang (Banques commerciales). Donc les institutions de microfinance sont exclues car elles ne peuvent se refinancer directement au niveau de Banque Centrale. « Le taux directeur est l’un des instruments de la politique monétaire que la Banque centrale utilise pour réguler l’économie en cas de récession et controler l’inflation en cas de surchauffe. Par conséquent dire que le taux directeur de la Banque centrale appliqué pour les institutions de microfinance est à l’ordre de 3.75% par Famara Ibrahima Cissé, président de l’ACSIF me semble fallacieux » dira Mame Mor Fall.
Pour ce qui est des agios des institutions financières, M. Fall dira que « dans le monde de la finance, les agios désignent un ensemble de frais perçus par une banque à l’occasion d’opération réguliers. Souvent assimilés à des intérêts, les agios se composent d’intéréts et de commissions bancaires. Dans la majorité des cas, les agios sont dus par un client lors d’un découvert bancaire. Les agios sont variables selon la durée et la fréquence des transactions financières effectuées par les agents économiques ».
Parlant de l’intérêt dégressif, Mame Mor Fall dira que la banque gagne plus d’argent avec l’annuité variable (amortissement de l’emprunt est fixe) que l’annuité constante. « En effet M. Cissé disait que l’intérêt dégressif est de l’arnaque et de l’usure. En tant que financier, cette définition me parait perplexe, car l’intérêt dégressif traduit une annuité constante et dans ce cas particulier où l’entreprise va rembourser la même somme jusqu’à terme de l’échéance. En général, l’annuité constante est beaucoup plus avantageuse que l’annuité variable pour le client » précise M. Fall.
Selon Mame Mor Fall, membre de l’association internationale des chercheurs francophones en microfinance, le devoir d’information ne doit pas porter sur toutes les informations possibles et imaginables. « Quelqu’un qui effectue cinq années d’étude ne doit pas réexposer tout ce qu’il a étudié pendant cinq ans à son client. Seule intervient ici l’information pertinente. C’est-à-dire celle qui est utile pour un client déterminé dans un cas d’espèce.Ainsi, si votre client est juriste, vous n’avez pas à l’expliquer ce qu’est un contrat ».
Khalil Ibrahima SENE