Mal-être chez les jeunes : et si la solitude était le véritable problème ?
En France, la santé mentale des jeunes est devenue un enjeu majeur, souvent abordé sous l’angle de la psychiatrie. Pourtant, une part significative de ce mal-être semble liée à un facteur encore trop peu considéré, habituellement associé aux personnes âgées : la solitude.
Une récente étude allemande, intitulée GenNow et publiée cette semaine, met en lumière ce problème croissant, révélant que la France se distingue par un taux particulièrement élevé de solitude chez les jeunes, le plus important en Europe. Cet article propose une analyse critique de cette problématique, enrichie par des comparaisons internationales et des recommandations fondées sur des approches probantes.
1. Les enseignements de l’étude GenNow
L’étude GenNow (2024) intitulée "Solitude des jeunes en 2024 : une comparaison à l’échelle européenne" s’appuie sur un échantillon représentatif de 23.536 personnes de 18 à 35 ans dans plusieurs pays de l’Union européenne. Les données de l’enquête menée dans l’ensemble de l’UE proviennent de l’outil européen de sondage d’opinion eupinions. Voici les principaux résultats :
L’étude GenNow met en évidence l'ampleur du problème et une tendance commune à de nombreux pays européens, mais avec des disparités significatives :
Rappelons que la solitude n’est pas qu’un état émotionnel : elle est associée à des impacts négatifs sur la santé mentale, la réussite éducative et professionnelle, et même la cohésion sociale (Holt-Lunstad, 2015).
"La solitude peut réduire le sentiment d'appartenance à la société et devenir ainsi un problème social et politique. C'est précisément pourquoi nous devons lutter ensemble contre la solitude en tant que société et ne pas stigmatiser les personnes touchées." Leander Berner, Fondation Bertelsmann (promoteur de l'étude GenNow)
La solitude n’est pas seulement une question individuelle, elle reflète des failles systémiques :
Il apparaît crucial de reconnaître que la solitude des jeunes n’est pas un problème secondaire. Elle affecte leur bien-être, leur engagement citoyen et même leur capacité à construire un avenir professionnel stable.
2. Les écrans et les réseaux sociaux : un coupable trop facile ?
Lorsqu’il s’agit d’expliquer l’isolement des jeunes, les écrans et les réseaux sociaux sont souvent pointés du doigt. Il est vrai que leur usage intensif a profondément modifié les interactions sociales, mais les études sur leur rôle dans la solitude restent contrastées et non concluantes.
3. S’inspirer des meilleures pratiques internationales
Plusieurs pays ont pris ce problème à bras-le-corps et obtenu des résultats prometteurs :
Recommandé par LinkedIn
Ces initiatives partagent des points communs : elles renforcent les interactions sociales, valorisent la participation active des jeunes et reposent sur des données scientifiques solides.
Pour répondre efficacement à la solitude des jeunes, il est impératif d’adopter une approche systémique. Voici quelques recommandations fondées sur les pratiques probantes :
Conclusion : replacer les liens sociaux au cœur des priorités publiques
L’étude GenNow est un appel à l’action : la solitude des jeunes ne peut plus être ignorée ou réduite à un simple problème médical. En investissant dans des solutions sociales, éducatives et participatives, nous pouvons offrir à ces jeunes un avenir plus connecté et inclusif.
Ce problème m’a profondément marqué, et je suis convaincu qu’il est temps de repenser nos priorités. Les jeunes isolés méritent mieux que des diagnostics médicaux : ils ont besoin d’une société qui valorise et renforce les liens humains.
Arnaud Goulliart, Consultant en gestion de projet et stratégie | Améliorer votre impact | Santé physique, mentale, sociale et environnementale 👋 Comment me contacter ? Envoyez moi un e-mail -> arnaud.goulliart@gmail.com
Références sélectives et utiles :
Holt-Lunstad, J. (2015). Loneliness and Social Isolation as Risk Factors for Mortality: A Meta-Analytic Review. Cette étude est une méta-analyse qui examine les liens entre la solitude, l'isolement social et la mortalité. Elle met en évidence que la solitude n'est pas seulement un problème émotionnel, mais qu'elle peut avoir des conséquences graves sur la santé physique.
Cacioppo, J. T., & Cacioppo, S. (2018). Loneliness in the modern age: An Evolutionary Theory of Loneliness (ETL). Cette référence propose une théorie évolutionniste de la solitude, qui peut aider à expliquer pourquoi la solitude est un problème si persistant.
Van Regenmortel, S., et al. (2021). Evaluating Social Inclusion Interventions: A Case Study. Cette étude évalue des interventions d'inclusion sociale et met en évidence des résultats positifs ainsi que l'efficacité des approches sociales contre la solitude et qui valide les résultats du programme "Join Us" aux Pays-Bas.
Masi, C. M., Chen, H.-Y., Hawkley, L. C., & Cacioppo, J. T. (2011). A meta-analysis of interventions to reduce loneliness. Cette méta-analyse examine l'efficacité des interventions pour réduire la solitude.
Beckers, A., Buecker, S., Casabianca, E., & Nurminen, M. (2022). Effectiveness of interventions tackling loneliness. Cette référence est une publication de la Commission Européenne qui examine l'efficacité des interventions pour lutter contre la solitude.
Eccles, A. M., & Qualter, P. (2021). Review: Alleviating loneliness in young people – a meta-analysis of interventions. Cette méta-analyse se concentre sur les interventions pour soulager la solitude chez les jeunes, offrant des preuves spécifiques pour votre public cible.
Berlingieri, F., Colagrossi, M., & Mauri, C. (2023). Loneliness and social connectedness: Insights from a new EU-wide survey. Cette étude de la Commission Européenne fournit des données comparatives sur la solitude dans l'UE, en utilisant les mêmes items de mesure que ceux employés dans l'étude GenNow.
d’Hombres, B., Barjaková, M., & Schnepf, S. V. (2018). Loneliness and social isolation: An unequally shared burden in Europe. Cette référence montre que la solitude est un problème répandu dans plusieurs pays européens.
Eurofound (2022). Tackling Isolation through Youth Policies: The Finnish Approach. Ce rapport de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail examine l'approche finlandaise pour lutter contre l'isolement des jeunes.
DRH, Top Voice 2024 🏆 Expert en management social. Formation, conseil et supervision de managers/dirigeants, collaborateurs et RH
2 sem.Mème si la question de la solitude peut être interrogée (entre solitude qui peut être positive ou négative, le sentiment de solitude et l'isolement), je pense que l'on peut aussi regarder du coté de la qualité des liens. Notamment le soutien (voir etude OMS) Un vrai sujet. Merci Arnaud Goulliart pour le mettre en evidence
VP External Communication and Civil Society PR — others : author (french indian / fantasy) — Éducation boards member // 🇮🇳🇫🇷 cultures.
2 sem.Quels sont les lieux où des jeunes peuvent se rencontrer pour faire des activités du type de ce que vous soulignez en solutions uk…. à Paris ? Pas si évident en effet… Adrien de Blanzy
Faciliter l'auto-transformation profonde des individus, équipes & organisations avec fluidité & célérité. Innovation radicale.
3 sem.Nous pouvons noter une très faible résilience… et pas que chez les jeunes !
Psychologue spécialisé en neuropsychologie - psychothérapeute TCC
3 sem.C'est une question compliquée et facilement biaisée, je regrette de ne pas trouver les questions posées dans l'enquête sur leur site... Et rien que la définition de la solitude est problématique à bien des égards : 'Loneliness is an unpleasant feeling that people experience when their actual social relationships do not match what they desire or need." Cette définition pourrait très bien inclure ce que je ressens si je suis en conflit avec quelqu'un ou si j'estime que l'on ne reconnaît pas assez mes compétences, ou encore que l'on n'est pas assez disponible pour moi. On n'est pas loin d'une forme de frustration...