Manager la performance industrielle et préparer les investissements de l'industrie 4.0 :
Manager la performance industrielle et préparer les investissements de l'industrie 4.0

Manager la performance industrielle et préparer les investissements de l'industrie 4.0 :

Pourquoi ?

La multiplication des normes, l'empilement des démarches d'Amélioration Continue (Continuous Improvement), la complexification des systèmes d'information, la pression exercée auprès des collaborateurs pour recueillir rapidement les informations (datas) et les indicateurs de résultats (KPIs et RSI) ... de façon traditionnelle ont parfois pour conséquences :

  • la mise en place d'un environnement stressant, pouvant aller jusqu'à la dégradation du climat social, la hausse de l'absentéisme et du turn over,
  • la baisse de l'implication ou de la motivation des salariés, pouvant entraîner des saisies incomplètes de données ou d'indicateurs,
  • des contrôles et des régulations de l'activité biaisés, donc non efficients

Comment ?

1) Redonner du sens :

Pour cela, il faut redonner au personnel de production les moyens et le pouvoir de prendre les décisions opérationnelles aux moments opportuns. Avant la mise en place d'un management collaboratif et participatif, dit agile, il faut avant tout s'assurer de l'existence de bonnes relations sociales. Ces dernières se construisent dans la durée grâce aux managers de proximité. Elles s'appuient sur le respect, le dialogue et la confiance des acteurs.

2) Utiliser avec pertinence les nouvelles technologies :

L'exigence de Performance Industrielle ne peut jamais faire l'impasse du reexamen partagé de la Chaine de Valeur, à l'appui d'une Cartographie des Flux ou Value Stream Mapping. L'analyse des données collectées par les logiciels de SCM et les ERP sont bien utiles pour analyser le temps d'écoulement LEAD TIME ou le Takt Time sur les lignes de production. Nos visites sur le terrain nous révèlent parfois une sous exploitation de ces outils de mesure. Aujourd'hui la gestion des stocks peut être optimisée par des drones pour avoir une connaissance en teamps réel des approvisionnements, les tâches lourdes et pénibles peuvent être assistées par des exosquelettes, ... les axes d'amélioration organisationnels sont multiples. Bref, le progrès technique peut se faire aux bénéfices des hommes et des femmes, … à condition que l'industrie 4.0 ou les démarches LEAN ne soient plus considérées comme des méthodes d'aliénation au travail.

La digitalisation des processus, loin d'appauvrir les postes, les enrichit bien au contraire. Grâce à des algorithmes encore plus puissants et plus intelligents, grâce à l'Internet des Objets IoT, grâce au déploiement de l'Intelligence Artificielle, ... nos logiciels d'administration et de supervision apporteront bientôt les rapports d'analyse plus fins sur les temps de Non Valeur Ajoutée NVA (Eliminate Waste). Le déploiement rapide de ces outils d'aide à la décision OAD en industrie constitue une promesse d'optimisation progressive des performances dans les ateliers, à condition bien sûr que ces informations soient partagées par l'ensemble des acteurs du système.

Quels bénéfices attendre de cette digitalisation complète des process ?

Principalement :

  • supprimer les tâches de ressaisie d'informations et les erreurs associées,
  • de capitaliser sur les savoir-faire en identifiant les bonnes pratiques, en ajustant les modes opératoires, les standards ... et de partager les Retour d'Expériences sur les projets finalisés
  • ...

Quelles sont les conditions de mise en oeuvre de l'Usine 4.0 ?

Cet enrichissement des postes passe certes par une démocratisation des outils numériques et le renforcement des compétences digitales des salariés (réduction de la fracture numérique intergénérationnelle), ... mais aussi par le développement d'une collaboration interservice en mode projet (décloisonner les fameux silos) et par le développement d'une culture d'entreprise vraiment centrée sur le client. Citons pour mauvais exemple : les plateformes d'appels. Chacun d'entre nous a pu en faire l'expérience : il est assuré que les Business Models de certains opérateurs de téléphonie, bancaires, de prestataires de fournisseurs d'énergie, de télémarketing ... font encore l'impasse sur l'Ecoute Client. Quel dommage pour l'image et E-réputation de ces sociétés !

N'oublions pas que c'est toujours de l'optimisation de la relation Homme - Machine, aujourd'hui la collaboration de l'homme et des robots collaboratifs (Cobots) qu'est créée la Valeur Ajoutée, autrement dit la richesse de l'entreprise. Pour cela, l'ingénieur ou le manager ont pour responsabilités et devoirs :

  • d'accompagner leur équipe dans ce processus de transformation, de changement ... en prenant en compte les capacités des salarié à s'impliquer dans des démarches d'apprentissage collectif de résolution de problèmes,
  • de les encourager à adopter des comportements proactifs lorsqu'ils font face à une procèdure ou un mode opératoire défaillant ou encore à un arrêt machine. Ces derniers seront de plus en plus souvent détectés par des capteurs plus nombreux et plus sensible (maintenance prédictive).

Comment alors développer l'Intelligence collective et amener le pilotage de la performance vers l'Excellence Opérationnelle ?

Il est facile de prédire que les process, outils, composants, techniques utilisés seront à terme les mêmes par toutes les entreprises d'un même secteur. Le benchmarking industriel est à l'oeuvre depuis plusieurs décennies !

L'enrichissement du système d'information permet déjà à certaines entreprises d'afficher des macro-indicateurs et des Plans d'Actions en temps réel dans l'OBEYA, de suivre les indicateurs de performance grâce aux ANDONS, d'afficher plus couramment dans les ateliers des sous-indicateurs issus des Top 5, des Animations à Intervalles Courts AIC ou encore des réunions régulières de production (Stand Up Meeting). Les pratiques de Management Visuel se sont largement démocratiser au cours de cette dernière décennie. Ces Bonnes Pratiques donnent du sens, confortent le management de proximité, décloisonnent l'entreprise, à plus forte raison si le dirigeant ou les managers pratiquent le GEMBA WALK et s'investissent au quotidien dans les démarches de résolutions de problème. Quant toutes les équipes ont les mains dans le cambouis, les hiérarchies alors s'effacent ... c'est là et à ce moment qu'émergent les solutions agiles et innovantes.

Rappelons-le le pilotage efficace des performances suppose des données à jour, fiables, partagées, accessibles à tous. C'est en cela que le Big Data, l'Internet des Services IoS permettront aux organisations de tenir leur promesse de flexibilité et d'agilité.

En conclusion, le déploiement de l'Industrie 4.0 constitue une belle opportunité pour :

  • améliorer les Conditions de Vie au Travail, grâce à l'intégration de nouveaux process et outils : PLM, Imprimante 3D, ... à condition d'entretien la qualité des relations sociales au travail
  • anticiper et optimiser la performance des équipements, notamment à la maintenance prédictive. Cela induit une planification stratégique des investissements productifs LEAN ACCOUNTING
  • enregistrer des gains de productivité par le réexamen des chaines de valeur et par le recours d'outils de monitoring et de contrôle, même à distance (Cloud)

Christophe DEHOUX

Pilote de formation de Responsable de Performance Industrielle

Campus CESI ARRAS -

Prochaine ouverture du Cycle RPI, titre niveau II, de l'Ecole de Formation des Managers Lundi 12 Octobre 2020






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