Mes priorités pour la France?
. En cette période de débats, j’ai eu besoin de réfléchir à ce que je crois profondément en matière de priorités politiques, mes valeurs, ma vision pour nos enfants, notre pays, notre terre.
Alors je me lance.
C’est d’abord un guide pour moi, mais je l’élargis à mes amis afin qu’ils partagent le plus largement possible cette tribune libre si ils en sont d’accord, ou qu’ils lancent des débats complémentaires.
En premier lieu, je n’ai traité que ce qui me parait essentiel, prioritaire et le plus efficace. Les 20% de problèmes qui représentent 80% des solutions. Le reste peut toujours attendre. Et parmi ces priorités, je les classe par ordre d’importance.
1- Le réchauffement climatique, la transition et la fiscalité énergétiques :
C’est la priorité absolue et cela ne fait plus débat. Nous venons de vivre les 20 dernières années les plus chaudes depuis que l’homme existe. En montagne, je vois partout les conséquences néfastes. C’est la survie des hommes et l’avenir de nos descendants qui est en jeu.
Pour accélérer cette transition, il faut beaucoup d'argent, même si les gestes individuels et la prise de conscience active sont importants et doivent être encouragés (éduqués). A ce jour, aucun gouvernement ne va assez vite et l’accord de Paris n’est pas tenu. Le pacte climat européen sur le plan financier de Jean Jouzel et Pierre Larrouturou me parait crédible. Le plan Marshall après guerre, la création de la BERD après la chute du mur de Berlin, les 2600 milliards trouvés pour sauver les banques en 2018 laissent penser que créer une Banque Européenne de l’Environnement doté de 3000 milliards est réaliste pour l’Europe et au niveau des exigences du défi. Par ce biais et par elle-même, la France doit pouvoir abonder les 70 milliards minimum par an nécessaire. Alors n’attendons plus !
Pour quelles priorités ?
a- Les transports :
+ La voiture : les lois et les aides R&D (Recherche et Développement) doivent obliger les constructeurs à aller plus vite dès 2020 : pourquoi n’avons-nous pas de véhicule type Tesla, abordable en prix chez tous les constructeurs ? pourquoi n’avons-nous pas encore des bornes de téléchargement sur les routes ?.... Les incitations doivent aider tout le monde à changer de véhicule, proportionnellement aux revenus et à la qualité des anciens véhicules. C’est la direction, mais il faut aller plus vite et plus fort.
+ Les camions : pour l’instant rien n’est fait, alors que la pollution est maximale et exponentielle. Comme pour les véhicules particuliers, il faut un plan drastique sur les transporteurs routiers français (R&D et changement obligatoire de motorisation, plan ferroutage à moyen terme ) et des taxes importantes sur tous les transporteurs internationaux qui transitent ou livrent en France (voir en Europe) si on ne peut pas les contraindre à changer de motorisation.
+ L’avion et les bateaux (supertankers, croisière) : rien n’est fait là aussi. La R&D est dans ce domaine inopérante à court terme. Donc il faut taxer pour compenser les émissions de CO2 en augmentant les prix (les calculs prévoient de doubler les prix ?). Cela va forcément vers une diminution ou une moindre croissance des vols d’avion en particulier pour des séjours courts (remplacés par le train/bus) ou pour des vols business remplacés par des video à distance, etc. Les calculs d’équivalent CO2 devraient être inclus et rendus obligatoires dans tous les prix d’avion et de transport bateaux. Il faut prévoir les conséquences chez Airbus notamment (moindre croissance rapidement) et sur le prix des combustibles importés par tankers.
+ Promouvoir tous les transports urbains non carbonés : prime au travail en vélo, développement d’offres alternatives qui peinent à s’imposer….
=>Il n’est pas question de renoncer aux progrès majeurs liés aux mobilités du jour au lendemain, mais les conséquences dans ces domaines vont forcément bouleverser les habitudes et auront de lourdes conséquences économiques que la fiscalité énergétique doit accompagner.
b- L’industrie doit évoluer et, là aussi, s’adapter beaucoup plus rapidement. Je ne suis pas compétent en la matière, mais il est important de raisonner en matière de changements rapides avec obligation non uniquement de comptabilité chiffrée annuelle, mais aussi de bilan RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) obligatoire avec résultats à l’appui ou taxe compensatoire. Comme pour la fin du charbon, il y aura des milliers d’emploi à faire évoluer…
c- L’élevage est en cause, donc accompagnons la diminution de l’élevage et de consommation de viande. Je ne suis pas compétent en la matière, mais les lois doivent être plus incitatives dans des délais courts. Des résultats comme l’obligation de ne servir de la viande qu’un jour sur deux dans les cantines, de se ravitailler en circuit court, etc. sont des bonnes initiatives qui se développent un peu partout…. Donc accélérons ces initiatives !
d- Le chauffage et l’eau chaude sanitaire : comme pour les véhicules, il faudrait plus de lois contraignantes et d’aides simples en la matière. J’ai fait faire une étude thermographique de notre maison sans subvention ce qui me parait normal à notre niveau de revenu. Auparavant j’avais mis en concurrence cet artisan avec 2 entreprises certifiées par l’Ademe. Les devis reçus coûtaient 8 fois plus chers pour une prestation quasi identique (préconisation de travaux en plus, mais pour quel intérêt) et étaient ramenés à 6 fois le prix grâce à une subvention publique d’aide à la recherche d’isolation. Bref une aberration !!! Faisons simple, efficace et sans doute un peu autoritaire, c’est-à-dire obligation d’un bilan d’isolation normé lors de vente ou location d’un bien immobilier, chauffe-eau solaire lors de toute réhabilitation (cela existe déjà partout dans des pays comme la Grèce), etc. Comme pour les médicaments, il s’agit peut être là aussi de trouver des « génériques » qui seraient le minimum obligatoire et les seuls subventionnés pour toute construction ou réhabilitation ?
e- L’électricité : ne fermons pas les yeux sur le Nucléaire, mais investissons massivement dans les énergies renouvelables. En particulier, tous les toits (voir même les routes puisque des revêtements solaires existent) devraient avoir obligation en cas de changement de revêtement d’implanter des panneaux (ou tuiles ou revêtement) photovoltaïques avec revente à EDF. Pour les revenus modestes, un vaste plan d’investissement/entretien dans le photovoltaïque par EDF sans revente de l’électricité, devrait être imposé sur tous les toits de France. Nous sommes capables d’implanter la fibre optique en quelques années, alors pourquoi ne pas faire de même pour l’énergie solaire sur tous les toits ?
f- Le recyclage : nous avançons, mais des plans structurés et surtout obligatoires devraient être suivis par toutes les communes. Les circuits courts doivent aussi permettre un changement d’habitude de consommation et pousser à relocaliser des activités proches de chez nous. Après une forte période de mondialisation, qui ont développé les pays pauvres depuis 50 ans, n’est-il pas temps de trouver un équilibre entre délocalisation et proximité économique (si les taxes sur les transports polluants augmentent, alors les relocalisations devraient suivre) ?
2- Vers une Fédération européenne à taille variable et le respect de nos valeurs démocratiques:
Seule une Fédération structurée sur les grands sujets transnationaux peut nous permettre de faire le poids vis à vis des grands blocs du monde. Qui peut encore en douter face aux puissances telles que Chine, USA, Russie, Inde, ou pire obscurantisme religieux…
Sur beaucoup de grands sujets, seule une Europe fédérale ou certains états européens unis pour les circonstances, peuvent avoir le poids nécessaire. Donc il faut avancer avec des objectifs précis et rapides.
J’aime l’idée de se donner un an pour négocier à 27 Etats et si cela ne marche pas, passer de suite à un nombre restreint de partenaires: 2, 4, 10 peu importe, mais l’idée est d’avancer et de montrer le chemin vers plus d’efficacité collective. Ce regroupement plus ou moins concentriques d’états européens leaders sur des sujets divers me parait la seule solution pour aller vite et éviter de s’engluer dans des discussions à 27 si il n’y a pas consensus. Nous l’avons fait pour l’Euro ou Shengen déjà. Là aussi soyons efficaces, ne jetons pas l’Europe comme source de tous nos maux (alors qu’elle nous a apporté 70 ans de paix et d’enrichissement), mais votons européen, créons des regroupements d’intérêts efficaces, avançons.
Se pose là encore le problème financier. Pour ces différents sujets, nous et nos partenaires devons lâcher une partie des budgets nationaux pour financer la centralisation « fédérale » indispensable. Ce n’est pas le plus facile (voir les discussions acharnées à Bruxelles sur les budgets), mais savoir déléguer l’essentiel à une autorité regroupée me parait la clé pour aller en avant dans la construction européenne. Alors ne parlons pas de centralisation forcée, mais un juste équilibre entre centralisation des problèmes transnationaux qui nous donnerons du poids mondial et décentralisation de tout ce qui ne le nécessite pas aux Etats, aux régions, aux municipalités (en passant, pourquoi ne pas supprimer l’échelon des départements ?).
Que l’Europe édicte des lois sur le respect des finances nationales et locales ne me scandalise pas (le fameux 3% de déficit budgétaire entre autre). Nos politiques nous ont toujours habitué à des dérapages financiers pour se faire élire. Alors l’Europe doit conserver un rôle de police financière. Qui peut croire qu’un Etat peut éternellement vivre avec un déficit budgétaire ou une dette extérieure colossale ? Sans être spécialiste de l’économie, il me semble que tout le monde peut comprendre cela.
ð Pour la dette extérieure, je serai pour une diminution des dettes pour les pays les plus endettés (tous ceux qui sont au-dessus de la moyenne actuelle de 82% du PIB de dette à l’échelle européenne) par un fond européen de sauvegarde qui permettrait de revenir à des ratios moins risqués contre une surveillance plus forte sur le suivi des dépenses. Les pays européens qui ont été imprudents dans le passé (dont Grèce, Italie, Portugal, Espagne, France… ) ne doivent pas affaiblir l’indépendance globale et de chaque Etat. Notre dette nous rend dangereusement dépendant en cas de relèvement des taux d’intérêt, et en particulier dépendant des fonds de pension, des assurances ou des fonds spéculatifs des USA ou du Japon qui nous prêtent…. Cela devrait être corrigé sans attendre un douloureux réveil à la Grecque. Si le consensus n’est pas trouvé au sein de la CEE, créons un instrument entre les pays qui sont d’accord pour consolider la dette communément (Fond Souverain de la Dette) et imposons des normes strictes pour l’avenir.
Des actions européennes donc , mais sur quels sujets et avec quel ordre de priorités ?
a- L’environnement bien sûr, je viens d’en parler et des plans d’investissement majeurs au niveau européen seraient plus efficaces en particulier dans la R&D (moteur électrique européen pour nos véhicules ? panneaux photovoltaïques européens pour compenser l’hégémonie chinoise en la matière ? cloud computing et gros serveurs informatiques européens plutôt qu’américains, etc.
b- La défense et la diplomatie : nous avançons avec notre vieil ennemi/allié allemand, mais ne pourrions nous pas aller plus vite ? L’objectif est de parler d’une seule voie sur le plan diplomatique sans tergiverser et d’intervenir ensemble si nécessaire et sans tourner en rond pour se mettre d’accord. Nous avons en face des blocs qui par leur dictature parle d’une seule voix. La démocratie doit surveiller ses valeurs, mais sans tomber dans la disparité inefficace. Quelle crédibilité, pouvons nous avoir sur le plan mondial, si à chaque sujet stratégique ou diplomatique, nos états partent en ordre dispersé ? Alors imposons une autorité commune pour la Diplomatie (notre représentante européenne est inaudible bien souvent) et une défense commune ou regroupée. Et ne parlons plus de nationalisme militaire qui nous a tant coûté et qui ne fait plus le poids au regard des USA, de la Russie ou de la Chine !!!
c- La fiscalité commune me parait indispensable. Pourquoi des paradis fiscaux comme le Luxembourg ou l’Irlande en Europe? Comment peut on s’unir en se faisant la guerre fiscale ? Alors commençons à quelques uns et appliquons la même fiscalité : environnementale, sur le revenu, sur le patrimoine (IFI et héritage), sur les opérations mobilières, sur la TVA ou la CSG… Et même si nous ne sommes que 2 ou 3, cette uniformisation indispensable indiquera la direction aux autres et ouvrira la voie au regroupement.
d- La Recherche et Développement sur les plus grands sujets doit être commune, et avoir plus de poids que les subventions actuelles : comment se fait il que nous soyons dépendant de Google, de Cloud extérieur, de 5G, de panneaux photovoltaïques d’autre pays, etc. Nous avons les moyens d’avoir une politique de recherche ambitieuse et orientée vers notre indépendance. En particulier énergétique : comment se fait il que nous dépendions tous de sources d’énergie carbonée extérieure sans avoir réagi depuis 100 ans? Ou de désherbant litigieux de Monsanto sans avoir réagi collectivement avant ?
e- L’Economie au sens plus large que celle de la CEE actuelle doit sur des sujets majeurs s’imposer aux Etats. La mondialisation a créé des richesses sans précédent dans les 70 dernières années (beaucoup plus vite et efficace que toutes les formes de protectionnisme, et je le vois chaque fois que je voyage), mais aussi des excès (le revers de la médaille). Alors sachons l’encourager et réguler les excès en se protégeant efficacement quand nécessaire. Et cela ne veut surtout pas dire ni une forme de protectionnisme populiste qui occulte la concurrence, ni une forme d’angélisme béat dans un monde égoïste et violent. L’économie a besoin de stratégie coordonnée, alors faisons là. Créons des champions européens à l’image d’Airbus. Changeons de paradigme en n’ayant pas que la croissance du PIB en ligne de mire, mais le Bonheur Intérieur Brut à rapprocher de la transition énergétique avec des objectifs concrets : démantèlement des centrales au charbon et progressivement du nucléaire, baisse de la croissance industrielle polluante, développement des stations d’épuration, recyclage et circuit court généralisé, BTP aux normes environnementales systématiques et vers l’énergie positive des bâtiments, les sujets communs sont nombreux et immenses, mais on peut les priorisés et investir ensemble!
f- Le Social va de pair avec l’économie, mais pose des problèmes beaucoup plus complexes à court terme. Les « Europes » que j’appelle concentriques, ne pourront pas faire l’impasse de plus d’harmonie sociale. Contentons-nous peut être d’objectifs d’harmonisation des minimas sociaux (en tirant vers le haut) à échéance programmée (à terme pourquoi le « pauvre » Grecque ou Bulgare devrait il toucher 3 fois moins que le Smic français ?).
g- L’Immigration choisie fait aussi partie du sujet social et je ne comprends pas que nos politiques n’arrivent pas à un consensus entre quelques pays moteurs sur le sujet ??? Laissons là les aspects idéologiques qui en la matière pollue le débat, alors que des solutions humaines, de bon sens et harmonieusement réparties semblent évidentes !!! Moi qui voyage beaucoup, trouve les esprits européens particulièrement hystériques sur le sujet ! Sans compter le ras-le-bol des Italiens qui a eu les conséquences nullissimes que l’on connait.
3- Garder le souci de justice sociale:
Ce sont les valeurs fondatrices de notre démocratie trop souvent bafouées dans le monde. Nous devons donc tout faire pour y veiller.
Mais recadrons d’abord le contexte chez nous. Qui sait que l’écart de PIB par habitant entre le pays le plus pauvre et le plus riche de la CEE est de 10 fois (et je ne parle pas à l’échelle mondiale) ! Alors ne noircissons pas le tableau, car la plupart des gilets jaunes qui font encore pleurer dans certaines chaumières, font sourire amèrement dans la plupart des autres pays.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problème de pauvreté ou de ressenti comme tel, en France et il faut y remédier vigoureusement, mais 50 000 manifestants sur 70 millions de Français dont une bonne moitié pour des raisons uniquement politiques, n’ont pas la légitimité du pouvoir. Je crois profondément et, à défaut d’autres solutions qui ne fonctionnent pas, à la démocratie participative. Alors quand des personnes sont élues pour 5 ans (c’est court), il est important de les laisser gouverner (même si ce n’est pas les personnes que l’on souhaitait), puis de tirer les conclusions à la prochaine élection. Quelle chance avons-nous d’avoir une constitution stable ? Pour cette raison, je suis contre trop de proportionnel à l’Assemblée Nationale qui nous ramènerait à la quatrième République qui fut un fiasco d’inefficacités. Attention au complotisme ambiant : la corruption et le nombrilisme existent chez nos politiques, mais dans l’exacte proportion de ce que l’on trouve dans notre société. Alors démasquons les politiques pourris, mais ne nous laissons pas aveugler par un populisme stupide. Qui sait par exemple que l’on estime à 50 milliards, l’évasion fiscale liée tant à des entreprises qu’à des particuliers, mais aussi à 50 milliards de fraudes aux charges sociales qui sont surtout liés à des particuliers et petits entrepreneurs… Les tricheurs sont à proportion équivalente dans toutes les couches de la population. Et ceux qui participent à la redistribution honnêtement n’ont pas plus de droit de paroles que ceux qui bloquent l’économie….
En bas de l’échelle, je suis pour un distingo marqué entre RSA et SMIC (unifié). Celui qui travaille, doit gagner nettement plus que celui sans travail sur le principe général. C’est ces deux minimas sociaux qui doivent augmenter progressivement, mais sans se rapprocher. Plusieurs injustices sociales me paraissent à corriger et financer en priorité:
- les femmes entre la période d’accouchement et la petite maternelle devraient être considérées au minimum comme des cotisantes retraites en équivalent salaire plafonné ;
- les indépendants déclarants un revenu inférieur au SMIC (ruraux, autoentrepreneurs précaires,etc) devraient être considérés comme un cotisant retraite en équivalent SMIC ;
- les retraités ayant acquis tous leurs droits devraient être au minimum au SMIC ;
- les étudiants boursiers devraient pouvoir recevoir au minimum le SMIC en complément d’autres revenus;
- les contrats courts et CDD devraient être taxés et surveillés ;
- les employeurs au noir devraient payer pour les retraites des employés exploités….
Il y a des points d’amélioration notoires dans ces domaines. Il faut également porter une attention particulière sur l’égalité des chances dans l’éducation. J’ai trop peu de connaissance en la matière, mais il y a notamment dans les quartiers défavorisés, une vigilance et plus de ressources à mettre en place (avec tableaux de bord et résultats chiffrés à suivre, comme dans tout investissement).
Sur le haut de l’échelle maintenant :
Qui sait que si on exclue les 0.01% de la population les plus riches, 10% des Français les plus aisés gagnent en moyenne 5 fois le SMIC. Pour cette couche sociale qui peut aller jusqu’à 10 ou 15 fois le SMIC au maximum et qui représente en général les plus grosses responsabilités, ce sont eux qui paient le plus d’impôts et participent le plus à la redistribution. Il est logique qu’ils soient taxés, mais notre société doit laisser à tout un chacun la possibilité de gravir une échelle de rémunération de 1 à 10 ou 15 sans en avoir honte, y compris en perspective aux plus défavorisés. C’est même pour la plupart d’entre nous, la base de la motivation. Donc pour moi, sur ce point, la France est plutôt un modèle d’équité.
A l’extrémité supérieure de l’échelle, il est excessif que 0.01% de la population gagne des sommes astronomiques. C’est un dérapage du libéralisme que l’on doit corriger. Mais comment ? Ces gens là étant les plus influents, souvent créateurs de nombreux emplois, sont très informés et peuvent à tout moment aller dans un autre pays ou jouer sur les paradis fiscaux. Donc une augmentation de tranche de l’IR me parait contre-productif. Quand on paie 80% d’impôt, on quitte le navire. Ma proposition serait de contractualiser la déclaration des revenus (tout confondu salaire, dividende, revenu foncier) au-delà de 10 fois le SMIC en assortissant ces hautes rémunérations d’objectifs chiffrés. Sans ces résultats on revient à des normes acceptables et proportionnelles. Avec les résultats, le contrat de rémunération est garanti. Pour les grands PDG, il y a obligation de croissance de Chiffre d’affaires, d’emplois, de respect des normes RSE. Pour les sportifs, il y a obligation de faire des résultats.. Etc. C’est peut être compliqué, mais des pistes sont à trouver pour lier rémunérations hors norme à succès hors norme si et seulement si !!!
Comment peut on financer l’augmentation des minimas sociaux, certainement pas par des fonds européens qui doivent aller d’abord aux pays les plus pauvres. Donc il me semble que la lutte contre l’évasion fiscale, en particulier des grosses sociétés multinationales est une des pistes de financement, mais largement insuffisante. Une autre piste à réfléchir : comment aider les entreprises qui décident d’investir (Recherche et Développement, investissement en équipement neuf) ou de distribuer leur résultats aux salariés, plutôt que de distribuer des dividendes aux actionnaires ? L’éxonération de charges sociales sur les primes a été un bon exemple, mais il pourrait y avoir également une diminution de l’Impôt sur les Société pour les entreprises investisseuses et redistributrices?
Faut il plus de redistribution dans notre société déjà pas mal équilibrée, sans doute, mais dans quelle proportion et comment le financer plus ? Les partenaires sociaux devraient avoir un rôle plus importants en étant plus représentatifs et moins politisés. Je suis pour un syndicalisme quasi obligatoire.
4- Le reste, forcément moins important à mes yeux, et donc malheureusement la portion congrue ?
L’amélioration de l’égalité des territoires : maisons de santé, maisons de service public, ANPE, Ephad public là où nécessaire…
Je suis très réservé sur le RIC que l’on doit limiter à des problèmes locaux et compréhensibles par tous. Le modèle suisse de votation régionale est peut être inspirant. Mais faire des référendums sur des sujets incompris par la majorité me parait totalement contre productif. Faisons confiance à nos élus et participons plus massivement aux syndicats et associations influençantes. La démocratie doit être ouverte aux débats, mais laissons les élites politiques et les experts travaillées pour le bien commun, puis votons. Tout le monde peut s’engager en politique de manière locale ou plus largement, et c’est toujours plus efficace que de râler sans comprendre et sans se mouiller.
Et bien sûr, j’en oublie…. Mais merci d’avoir lu jusque là, d’en débattre si vous le jugez nécessaire et surtout de partager si vous trouvez cela utile, en particulier si vous connaissez des personnes engagées dans nos affaires publiques.
Bien amicalement
Frédéric Faure le 13-03-2019