Modernité, Post-modernité et Universalité
Je ne sais pas, mais le terme « modernité » me pose sérieusement un problème dans le sens où il désigne une réalité mouvante, marquée par les jeux sinueux du temps et de la temporalité, ne pouvant s’inscrire dans une modalité politique ou une entreprise historique. C’est tout simplement, pour moi, un mot qui engloberait le présent, les progrès du monde en rupture avec les modes traditionnelles anciennes.
Il est souvent, et c’est normal, identifié et assimilé à l’Europe et à l’ « Occident » qui dominent le monde. C’est une catégorie lexicale qui signifie aux yeux du locuteur une réalité abstraite à partir d’une entité géographique et d’un regard suggérant une nouveauté, une rupture avec les temps passés. C’est dans ce sens que nous parlons de « roman moderne », expression flasque et ambigu, de postmodernité qui est, d’ailleurs, une notion beaucoup plus confuse et peu opératoire. Jean Baudrillard a énormément travaillé sur le sujet.
D’ailleurs, je pourrais dire la même chose pour un autre terme trop général et marqué idéologiquement, « universalité » qui est souvent réduite à l’Europe parce que celle-ci, puissante, impose ses valeurs au monde. Comme dans le passé, où d’autres puissances dominaient le monde, monopolisant ainsi, à juste titre, la « modernité » et l’ « universalité ». Dans un monde en mouvement, peut-on parler de « modernité », de « post-modernité » ou d’universalité, alors qu’ils sont un domaine réservé du dominant. Peut-être parle-t-on de rapport de domination. Tout ce qui est « occidental » est fréquemment considéré comme « universel ». La musique dite universelle, par exemple.