Mondialisation : du risque d'implosion à la nécessité de "décompression"

La crise de la Covid-19 a révélé les limites criantes d’une économie globalisée, hyperspécialisée et interdépendante reposant sur des logiques ultra productivistes.

Malgré d’indéniables bienfaits, la dernière vague de mondialisation, couplée à la révolution numérique, a provoqué un certain nombre d’excès en accentuant la concentration et la compression de l’espace-temps. Il suffit de songer à la surpopulation urbaine, à l’accélération effrénée de nos modes de vie, au défi écologique ou encore à l’hyperspécialisation de nos économies qui nous placent dans une situation de dépendance en cas de crise mondiale. En France, le manque de masques a été, à cet égard, une douloureuse piqûre de rappel de ces déséquilibres au plus fort de la crise épidémique …

Si la pandémie représente une épreuve pour nos sociétés développées, elle offre surtout une formidable opportunité de réinvention : elle ne fait qu’accélérer la réflexion sur l’urgence de décompresser la mondialisation. Loin de coïncider avec la fin du progrès ou l’appauvrissement de nos existences, ce mouvement de « décompression » peut permettre à nos sociétés de rebondir positivement et de reprendre la main sur la spirale d’emballement technologique, urbain et temporel qui caractérise l’univers contemporain. La « décompression » nous donne une occasion unique de réconcilier la mondialisation et les territoires en repensant l’articulation entre les échelles locale, nationale, européenne et internationale. La mobilisation de l’ensemble des acteurs de l’économie, publics et privés, ainsi que de la société civile peut donner naissance à un système plus résistant, réactif et respectueux de la diversité.

Le changement d’échelle qui sépare la vague de mondialisation des années 1980 aux années 2010 et celle que j’appelle de mes vœux pour la séquence 2020 - 2050 est comparable à ce que fut le passage de la physique classique à la physique quantique dans la première moitié du XXe siècle : un changement de paradigme intellectuel permettant de remettre les individus, les villes moyennes, le local et toutes les forces vives de nos territoires au centre de l’échiquier mondial et des équilibres planétaires.

C’est pourquoi, je réfute l’arbitrage tronqué opposant mondialisation sauvage et dé-mondialisation. Car la « décompression » n’est pas synonyme de « dé-mondialisation », mais de « rebond » pour nos économies et nos sociétés !

Au travers de l’ouvrage « La mondialisation décompressée », publié aux Éditions Débats Publics, j’ai ainsi souhaité proposer des solutions concrètes pour réinventer avec vous la mondialisation.

En tant que Président et Directeur général de Teréga, j’ai également écrit ce livre pour rendre hommage à l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise qui vivent avec passion leur engagement local, national et européen. Chaque jour, nos équipes montrent que nous pouvons conjuguer notre positionnement de deuxième acteur des infrastructures de transport et de stockage de gaz en France, parfaitement intégré dans la mondialisation, avec un ancrage local dans le grand Sud-Ouest et un engagement réel au service des intérêts économiques et sociétaux de nos territoires.