Naufrage en Macronie 2.0 !
Il était une fois la Startup Nation.
Nous sommes en 2017, un ovni, un objet politique non identifié, En Marche !, ni de droite, ni de gauche, allait remporter contre toute attente, le vote exprimé au suffrage universel pour le compte de cette élection présidentielle.
Le Président élu, Emmanuel Macron n’a pas trahi la gauche, au contraire, il a su par un discours habile et des alliances de circonstance, réconcilier une partie de l’électorat de centre-gauche avec des valeurs de droite, de fermeté, de rigueur budgétaire et d’ouverture au monde. Le Mozart de la finance va renverser la table, offrir aux Français, une expérience inespérée : la possibilité de rompre avec l’inertie de l’UMPS, réformer en profondeur un pays décrété comme irréformable !
Les débauchages commencent, une ligne consensuelle trouvée avec les anciens membres des Républicains, grâce à la nomination d’Édouard Philippe comme Premier Ministre amenant dans son sillage le très sarkozyste Darmanin, et d’autres jeunes élus et politiques de droite désireux de participer activement aux affaires du pays.
Le Parti Socialiste quant à lui, implose ; incapable d’offrir une alternative crédible, à la réorganisation du marché du travail et de l’économie qui s’accélèrent, alors que les GAFAM sont à leur apogée.
Emmanuel Macron devient Jupiter, l’homme qui vous trouve un travail au coin de la rue, ou vous invite à partir, si vous n’êtes plus contents.
Ce n’est pas de l’autoritarisme, ni un trop plein d’autorité ou une suffisance arriviste, Emmanuel Macron est alors persuadé durant son premier mandat, qu’après avoir torpillé la gauche, regardant attentivement la montée de ce qui est alors appelé les extrêmes en Europe, dans la mouvance du Brexit, que l’heure est à une inflexion, à droite.
La parenthèse malheureuse de l’épisode COVID-19 et le “quoiqu’il en coûte” rendent la manœuvre urgente, la France doit rentrer dans les clous. Si des visages peu connus du grand public, ne faisant pas d’ombre au Chef, comme Jean Castex ou Élisabeth Borne émergent ; des piliers de la Macronie commencent à se dissocier du “en même temps” originel, créant leur parti comme Édouard Philippe ou se préparent comme Gabriel Attal ou mieux, quittent le navire comme Sacha Houlié, échaudé par un virage trop droitier, à l’issue des élections présidentielles de 2022.
Emmanuel Macron doit se réinventer, défendre son bilan, justifier les difficultés de la France et la position européenne depuis l’avènement du conflit entre l’Ukraine et la Russie ; remettant également en cause ses politiques publiques et ses marges de manœuvre.
Emmanuel Macron qui a “eu raison” des Gilets Jaunes, du Coronavirus, de Marine Le Pen, opposé à Poutine, en lui signifiant les lignes rouges à ne pas dépasser tout en organisant la résistance ukrainienne ; doit cependant adresser l’inquiétude grandissante de ses concitoyens, face à un toujours plus préoccupant sentiment d’insécurité, jumelé une réelle diminution du pouvoir d’achat ; se matérialisant par des fins de mois compliqués, des zones de non-droit culturelles, religieuses et même criminelles qui de manière ostentatoire, troublent le train de vie paisible des Français.
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Emmanuel Macron, depuis le début de l’année 2024, est en fait dos au mur. Les législatives qui ont suivi son élection pour un deuxième mandat à la tête du pays, brouillent son élan, apportent de la confusion avec une majorité relative l’obligeant sans cesse de plaire, de séduire, ou de contenter une partie de l’échiquier politique.
Sur un sujet central, pour lui, son idéologie, son image et son leadership, la défaite aux élections européennes est le coup de massue de plus, un affront qui ne pouvait rester sans réponse; d’où la décision quasiment immédiate, de dissoudre l’Assemblée Nationale.
La radicalité de la France Insoumise face au désir de respectabilité du Rassemblement National mettent le bloc central devant le dilemme d’un entre-deux irrespirable, le Président voulait une clarification ; il obtient un reniement.
Malgré lui, l’extrême-droite, la droite dure, le lepénisme est le premier parti de France, et le communautarisme voulu par Mélenchon au sein de la NFP détient le plus grand nombre de députés.
Fragmenter la gauche tout en cheminant avec une partie de la droite dite “républicaine” dans un cordon “sanitaire” de l’arc républicain semble être sa seule échappatoire.
Emmanuel Macron me parait usé, émoussé, à court d’idées, en désaccord même avec ce qui faisait sa fraîcheur de 2017, déconnecté de ce que veulent les Français.
Sa lecture bourgeoise, élitiste, européiste, économique donne l’impression de vouloir iniquement satisfaire des privilégiés, mondialisés, en fait à l’abri des grandes mutations que les sociétés partout dans le monde, sont en train de vivre.
Le Macronisme, la Macronie, a fait le pari de la raison, de la responsabilité, de la politique mieux-disante, “après moi le chaos”, sans pour autant prévoir dans son logiciel, une porte de sortie « populaire », qui fédèrera le maximum d’électeurs.
La question de la démission d’Emmanuel Macron suppose le retour d’un clivage gauche/droite franc et assumé, pour que la vie politique française gagne de nouveau en lisibilité.