Non, l'industrie Française n'est pas morte !
Nous le savons bien, la France a connu une longue chute de l’emploi manufacturier qui s'est intensifiée après la crise de 2008. La part de l’industrie dans le PIB est alors passée de 24% à 14% entre 2000 et 2010.
Cette tendance à la baisse est à relativiser pour deux raisons essentielles :
La première étant que cette chute ne concerne pas tous les sous-secteurs industriels. C’est le sous-secteur de la fabrication de textiles et de l’industrie de l’habillement, du cuir et de la chaussure qui a subi la plus forte diminution. Entre 1989 et 2017, l’emploi salarié a diminué de 76% en passant de 443.000 emplois salariés à seulement 106.000. Cependant, le secteur regroupant le traitement de l’eau, des eaux usées, des déchets et de la dépollution continue sa forte progression depuis le début des années 2000. Les effectifs de ce secteur progressent de 179,22% par rapport à 1989. La bonne santé de ce sous-secteur est en grande partie due aux nouvelles préoccupations écologiques, au développement durable et à la dépollution de ces dernières années. On peut citer par exemple la réussite de l’entreprise française Ovive dans le secteur.
Et la deuxième raison pour relativiser cette baisse est que 2017 a été une année charnière pour l’industrie française. Le graphique ci-dessous illustre l’inversion de la courbe du nombre d’emplois industriels en France. (Source 1)
On peut, en particulier, mettre en avant le secteur du développement durable, avec près de 45 000 créations d’emplois nets entre 2009 et 2019, répartis dans une vingtaine de filières (éolien, solaire, méthanisation, recyclage…)
Géographiquement, ce sont les villes moyennes qui sont spécialement dynamiques en matière de créations d’emplois industriels. Les territoires se réveillent et profitent d’un nouveau souffle. (source 2)
- Cercles rouges : Solde net positif pour les emplois industriels
- Cercles bleus : Solde net négatif pour les emplois industriels
Partout en France, l’industrie peine à recruter. Les profils d’ouvriers qualifiés s’arrachent et un grand nombre d’entreprises se voient ralentir leur activité à cause de graves problèmes de recrutement.
Il ne faut pas crier victoire trop vite mais on peut tout de même re-discuter l’idée désindustrialisation française.
En effet, Pierre Veltz dans “La société hyper Industrielle “ (Source 3) nous dit que la baisse de l’emploi toutes ces années résulte aussi d’une augmentation de la productivité manufacturière qui a doublé depuis 20 ans et qui explose dans le monde. En ce sens, on est loin de l’idée d’une France post-Industrielle mais plutôt d’Hyper-Industrielle. Où l’industrie Française, loin d’être un grand parent grincheux est un pilier solide de l’économie Française qui s’enrichit des nombreux services développés depuis 20 ans. (L’industrie et les services associés représentent 30% du PIB Français aujourd’hui)
La voix industrielle, longtemps étouffée vit une forme de renaissance. L’automatisation et la robotisation font peur et inquiètent les travailleurs. On oublie souvent qu’ils ont pour effet direct un retour de la production près des foyers de consommations. Un bon exemple en est le développement de Speed Factories d’Adidas (Source 4), ou bien l’impression 3D de pièces détachées. Le retour à des circuits de production complets strictement locaux pour des biens manufacturés complexes est très peu probable. Mais on peut imaginer un meilleur maillage et une meilleure localisation de l’effort industriel dans la chaîne de transformation. La structure hiérarchisée, à l’image de la fabrication des voitures et des ordinateurs, articulerait l’étage global, pour les produits de masses et génériques, aux espaces locaux, régionaux pour la finition et la personnalisation.
L’illusion que les services allaient progressivement remplacer l’industrie en France ont injustement augmenté les fragmentations avec le monde ouvrier. On le voit bien dans le choix des formations des jeunes Français, qui se tournent beaucoup plus facilement vers la communication que l'automation industrielle. Les formations techniques étant jugées sans avenir et dégradées. La revalorisation des filières professionnelles et techniques est mère de toute réforme !
Si ce sujet vous intéresse je serais ravi d'en discuter avec vous !
Source 1: Focus sur l'emploi dans l'industrie Française
Source 2: Conjoncture de septembre 2017, la reprise se poursuit aussi dans l’industrie
Source 3: La France des territoires, défis et promesses - La Société hyper-industrielle - Le nouveau capitalisme productif - Pierre Veltz
Source 4: Adidas entre dans l'ère de la personnalisation grâce à sa Speed Factory
Coach professionnelle / Formatrice / Consultante en management
4 ansMerci Léo pour cet écrit. Vive la revitalisation des régions qui nous permettra d’allier le monde du travail et la qualité de vie des travailleurs.
Président Optyma et ingénieur chez Ovive
4 ansTout à fait d'accord avec le constat ! Les formations techniques, notamment formations professionnalisantes, sont peu considérées alors que les besoins sont croissants et que les carrières y sont passionnantes (et les études et formations gratuites !) : changer le monde passe par le comprendre et agir positivement sur son fonctionnement, sur ses ressorts : techniques, biologiques, chimiques, mécaniques, aménagement, électroniques etc... Nos supers jeunes et leurs formateurs doivent venir au contact des industriels, stages, candidatures, projets et.... réciproquement ! A bientôt donc !
Portfolio & Partnerships Director at Incepto
4 ansSuper article Léo! Un regard positif et chiffré qui fait du bien dans le climat actuel.
CSTB - Responsable Pole Structures Ingénierie & Recherche | Formateur Mecanique des Structures | Expert Immobilier à usage mixte Prof. libéral & logements baux Mobilité
4 ansEnfin un oeil positif!