Nous sommes dans un marathon

Nos vies nouvelles commencent tout doucement à s’adapter. Pour beaucoup d’entre nous, nous vivons un regroupement familial alors qu’en temps normal, nous avions un mal fou à nous retrouver 3 jours par an. Cela nous permet donc de nous rassembler, de discuter, de partager. Pour d’autres qui sont seuls, c’est plus dur et les communications whatsapp, messenger n’ont jamais été aussi importantes.

 Au niveau des entreprises, les outils collaboratifs n’ont jamais été si utiles. Nous prions tous pour qu’Internet ne nous lâche pas. C’est le seul lien qui nous lie et qui permet pour bon nombre de faire tourner tant bien que mal nos boites. Cela semble si fragile que tout repose sur un fil de cuivre ou une fibre mais on n’a pas le choix. Cette période va sans doute durer au moins 42 jours. 

Nous venons de prendre le départ d’un marathon (1 jour = 1 km). Nous en sommes au 5ème, donc, tout va bien. C’est un peu l’euphorie du départ. J’ai fait plus d’une dizaine de marathons dans ma vie et je sais qu’il ne faut jamais partir trop vite, et avoir le sentiment d’être en sous-régime. Or, j’ai l’impression que ce n’est pas le cas pour bon nombre d’entre nous car nous sommes tous en mode survie. Sur un marathon, il y a plusieurs phases dont celle entre le 22ème et le 30ème km où souvent, vous trouvez le temps long, les km ne passent pas vite, vous avez un coup de mou. Il faut bien s’alimenter, rester concentré, avoir le moral. Ensuite, entre le 30 et le 37, c’est souvent la barrière, le mur, on l’a tous connu. Il faut ici reprendre des glucides, avoir une force mentale et visualiser des petites échéances, km par km et ne surtout pas penser à l’arrivée. Enfin du 37 au 42, c’est dur, c’est long mais ces petites échéances vous feront passer les km un par un. Mentalement, vous savez que vous allez le finir, ce p.... de marathon. Et quand vous passez la ligne d’arrivée, c’est une délivrance.

La période que nous sommes en train de vivre est un marathon. Alors, soyons indulgents entre collègues, entre associés, entre clients/fournisseurs. Il faut ménager nos montures. Ne nous comportons pas comme si cette situation n’existait pas, n’ayons pas nos réflexes d’avant, notre exigence d’avant, notre empressement d’avant. Il faut qu’on soit solidaires et unis car nous allons tous passer par des hauts et des bas, surtout pour ceux qui ont des enfants à gérer. On doit tous faire des efforts pour que tout le monde s’en sorte. Dans le groupe Amarris, nous sommes sollicités comme jamais pour mettre en place le chômage partiel chez nos clients, ou des étalements de charges. Certains vivent des moments très durs, des fermetures ou des activités qui s’écroulent. Nous avons décidé de ne pas facturer tout ce travail supplémentaire par solidarité envers nos clients. C’est notre façon à nous de participer à l’effort national. Nous savons que nous aussi, nous allons subir malgré tout une grosse baisse d’activité et qu’on ne s’en sortira pas indemnes mais le plus important est de faire notre travail et d’aider nos clients dans ce moment si particulier. 

Ce post ne veut surtout pas être moralisateur mais il est certain que cette période va laisser des traces. A un moment où on oblige certaines entreprises du bâtiment à rouvrir, on va tout droit vers un confinement plus dur car ce n’est visiblement que comme cela qu’on s’en sortira. Les injonctions contradictoires de nos ministres ne sont pas bonnes (confinement, réouverture). J’espère que ces décisions ne sont pas liées à des intérêts financiers qui éviteraient de verser plus d’indemnités liées au chômage partiel. 

La priorité est la sécurité de nos collaborateurs. Il faut qu’ils restent chez eux, ne les exposons pas. Quoi qu’il en coûte. Si on ne le fait pas, on risque d’avoir non seulement une crise économique mais aussi une crise politique dans les années à venir qui pourrait nous faire encore plus mal.

Alors, clarifiez vite votre discours, Messieurs les ministres, et faites en sorte que nous nous en sortions tous avec le moins de séquelles possible, nous en sommes qu’au 5ème km.

Lire aussi : mon livre Itinéraire d'un entrepreneur bousculateur d'ordre établi et mon dernier article Ne bloquons pas notre économie.