OVH devrait-il devenir un hyperscaler ?
Ambiance rock à l’OVHcloud Summit 2024, à La Maison de la Mutualité à Paris. C’était jeudi. Octave Klaba, le fondateur, s’avance sur scène, poussant une baie sur roulettes. L’OPCP ! Comprenez : On-Prem Cloud Platform, une solution « clé en main » pensée pour répondre aux besoins des entreprises en quête d’un cloud sécurisé, alliant le matériel -serveurs, GPU, stockage de pointe- et le logiciel -avec toute l’expertise d’OVHcloud en matière de cloud hybride…
Applaudissements nourris. Le génie de Roubaix, grand gaillard à l'éternel tee-shirt foncé, pose les mains sur la baie et lâche : « 25 ans, c’est la moitié de ma vie, c’est particulier. »
Cette année, OVHcloud fête son quart de siècle.
Une histoire unique, comme on les aime dans la #Tech. Né en Pologne en 1975, de l'autre côté du rideau de fer communiste, Octave Klaba ne parle pas un mot de français à son arrivée dans le nord de la France avec ses parents. Loin des réseaux parisiens, il ancre sa société sur sa terre d'adoption ; siège social à Roubaix. C'est là, depuis ce bassin industriel sinistré, qu'il lance OVH qui deviendra OVHcloud, en concurrence frontale avec les entreprises les plus puissantes du monde, d'AWS à GCP en passant par Microsoft.
Pour l’exercice FY2024, dont les résultats ont été divulgués le 24 octobre dernier, le cloud public ne pèse pas encore bien lourd dans les comptes d’OVHcloud : hausse du chiffre d'affaires de 14,2%, à 182 millions EUR. Soit une croissance bien en deçà de celle du marché. Pour 2024, IDC table pour le secteur sur une progression de 20,5% des revenus mondiaux tirés du cloud public… à 800 milliards USD. Si l'on s'en tient à ces chiffres, OVHCloud représenterait 0,0246% du marché du cloud public. Une goutte d'eau !
Question d’échelle. Aujourd’hui, OVHcloud, c’est 43 datacenters -dont la moitié hors de France. Ce sont 3 000 collaborateurs avec un tiers basés à l’international, et une présence dans 140 pays. 993,1 millions EUR de chiffre d’affaires en 2024, le milliard à portée de main. Avec, surtout, 50 % de ses revenus proviennent désormais de l’international. Des États-Unis à Singapour en passant par Sydney ou Milan, où de nouvelles zones de disponibilité voient le jour, l’entreprise roubaisienne affiche des ambitions claires : devenir un acteur incontournable du cloud européen et rivaliser avec les hyperscalers américains.
Je ne pense pas que OVHcloud puisse freiner les hyperscalers américains, en revanche l’entreprise d’Octave Klaba peut les gêner en Europe. L’OPCP, véritable passerelle entre le cloud public et le cloud privé, symbolise le positionnement du géant de Roubaix : accompagner les entreprises dans leurs enjeux de souveraineté numérique.
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Dans son dernier rapport « The journey to cloud sovereignty – Assessing cloud potential to drive transformation and build trust » , le Capgemini Research Institute confirme l’importance emblématique de la #souveraineté. Celle-ci fait l’objet d’une attention grandissante, les organisations et les gouvernements s’efforçant de limiter leur exposition externe et de conserver le contrôle de leurs actifs critiques dans le sillage des tensions géopolitiques croissantes, de l’évolution des lois sur la confidentialité des données et de la prédominance de certains acteurs du cloud.
Le plus bel exemple de cette différence est le choix de DEEP , la filiale de POST Luxembourg , qui accueille la solution OPCP en mode déconnecté d’OVHcloud afin de garantir une souveraineté européenne des données hébergées de ses clients, sans compter que celle-ci repose sur des éléments open source, ce qui renforce encore un peu plus la liberté technologique.
Un choix qui devrait faire réfléchir.
Bref, on peut être « petit », du moins à côté des #hyperscalers ; on sera toujours plus « grand » en se distinguant.
Bon week-end,
Alain de Fooz