Parlez-moi d'amour
Dans cette société où tout va toujours plus vite, l’amour est devenu un produit de consommation. Rares sont les sorties que l’on parvient à faire, pris par le tourbillon de nos affaires familiales et professionnelles, rendues plus difficiles quand on est un parent solo.
Notre imaginaire lui va bon train. Il rêve, il s’octroie cette liberté, même si parfois sa conscience profonde vient lui dire que l’amour qu’il projette dans sa tête n’existe que dans les films ou les jolis romans. Le rêve est la seule chose que l’on ne pourra jamais m’enlever, c’est ma propriété.
Alors, je rêve d’amour, de celui qu’on ose encore un peu au fond de soi espérer, sans vraiment trop y croire. Je rêve de ces instants simplissimes et oubliés, dont mon corps a perdu la mémoire. Je rêve de tes yeux posés sur moi, ta bouche qui ne dit rien, mais cette douceur qui m’enveloppe, cette bienveillance naturelle qui se dégage de toi, cette poésie sans nom qui illumine tes yeux et qui me font croire que non, les poètes ne sont pas morts et n’appartiennent pas à un autre siècle.
Je rêve de poser ma tête sur ton épaule, que tu poses ta tête sur mon épaule, pour y trouver un certain apaisement. Je rêve de cette main qui vient caresser ma joue, juste pour en sentir le grain. Cette musique que l’on écoute ensemble, ces paroles que l’on chante à tue-tête comme des adolescents, ivres de rires.
Je rêve de notre jardin, des fleurs sauvages qui y poussent, des balançoires et des trampolines où nos enfants réunis nous donneraient à rêver pour toujours. Je rêve de ces discussions sans fin, qui font que la nuit passe, et qu’il est déjà six heures du matin.
De ces routes, ces chemins, empruntés, légers. De cette cuisine qu’on aura faite à quatre mains, même si dans ce domaine tu me dépasses de loin. Je rêve même d’allumer cette télévision que je hais, juste pour pouvoir la regarder avec toi, et nos mômes à moitié endormis collés à nous, comme une petite meute lovée dans son terrier.
Si personne ne me parle d’amour, je m’autorise à le faire, à ne pas me taire. A dessiner des cœurs malhabiles sur le tableau noir de ma cuisine, enfantins, mais qu’on est si heureux de découvrir le matin. Je te rêve comme tu es, pas comme je voudrais que tu sois, avec tes défauts et tes qualités qui font que voilà, c’est tout, c’est toi.
Je ne rêve pas d’être une princesse, de dorures et de signes extérieurs de richesse. Je ne cherche pas les miroirs où finalement je ne verrais que moi. Je ne rêve pas de ta nouvelle bagnole rutilante dans laquelle parader ; je ne suis pas de toute façon, une blonde peroxydée.
Je rêve de ta main enlacée dans la mienne, et de sentir ce fluide entre nos doigts, ce fluide qui nous relie intimement l’un à l’autre, qui nous permet cette communion, cette indicible union, cet unisson.
Je rêve de nos différences, que tu m’apprennes, que je t’apprennes, que nous nous complétions. Je ne veux pas de mon alter ego, cet autre moi qui ne me construira pas. Je rêve de tes baisers, de ceux-là mêmes qui brûlent ma bouche quand je te vois alors que je ne t’ai pas encore touché. Je rêve de cette bascule avec toi, tendre, romantique, fougueuse, électrique et délicieuse.
Je te rêve et t’attends, parfois dans le désenchantement de mes rencontres qui s’enchainent et me font chaque jour un peu plus de mal.
Je sais que tu es là. Viens, dépêche-toi, en prenant bien le temps de savoir que c’est moi.
Virginie Lammens pour Easy2family
Au soleil, accompagnement socio-éducatif et enseignement, à l'ombre l'écriture.
8 ansMerci pour cet éclairage Charles Grossrieder.
Client Relationship Manager at Pictet & Cie
8 ansTrès bel hymne à l'amour tout en poésie. Bravo.
Founder chez Easy2family et Kasbat
8 ansL'œuvre a été choisie pour deux raisons essentielles: la journaliste qui a écrit cet article s'est projetée dans cette femme dont les larmes symbolisent à la fois l'euphorie potentielle d'aimer et tous les précédents chagrins d'amour contenus.
Au soleil, accompagnement socio-éducatif et enseignement, à l'ombre l'écriture.
8 ansUn "étonnant" + un "je m'interroge " = " Dans toutes les larmes s'attarde un espoir. " Simone de Beauvoir. Plaisir partagé Yves.
Professeur d'Anglais EN . ( Enseignement secondaire et universitaire) Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques
8 ansIntéressant mais , tout comme Ophélie ( que je me plais à retrouver ici ) je m'interroge sur l'illustration accompagnant cette oeuvre . 🤓 YG