PASSION JAPON - FUJI-San
FUJI-SAN LE VENERABLE et ses légendes
Il était une fois un volcan vénéré, sacré, aux pouvoirs naturels et mystiques, symbole d’un pays lointain et fascinant.
Une légende raconte qu’un jour un géant eut l’idée de combler l’Océan Pacifique pour relier l’Asie à l’Amérique, en une nuit, il s’acharna à remplir des sacs de terre qu’il déversa toute la nuit, un travail fastidieux qui n’avançait guère. Il abandonna son projet devant l’ampleur de la tâche et retourna le dernier sac qu’il lui restait sur le Japon il obtint ainsi une montagne en forme de cône parfait, c’est ainsi, selon la légende que serait né Fuji-San.
Ce volcan devint une montagne sacrée, demeure des dieux notamment de la déesse shintoïste Konohana Sakuya Hime, (déesse des arbres en fleurs et de la beauté éphémère).
Un peu d’histoire et de géographie
Le Mont Fuji se situe dans le sud de l’île Honshu et serait apparu il y a plus de 600 000 ans et fut pendant très longtemps un volcan très actif. Sa dernière éruption date de 1707. Endormi le mont Fuji ? pas tout à fait, il reste actif, un bel endormi qui se réveillera peut-être…
Situé à environ 100 km à l’ouest de Tokyo, (il est parfois visible depuis divers endroits de la capitale (par temps clair), il dresse fièrement sa forme parfaitement conique et ses 3776 mètres.
Depuis 781, il est néanmoins rentré une quinzaine de fois en éruption. Son cratère est profond de 250m et son diamètre est d’environ 700m (entre 600m et 800m selon les sources). Le nom Fuji viendrait selon certains du mot ainu "fuchi" signifiant « feu ». Mais rien n’est moins sûr.
Les premiers résidents d’Hokkaido seraient venus de Sibérie à la recherche d’un lieu pour s’établir. Les Ainus ou Aïnous représentent le passé du Japon, un peuple animiste oublié mais encore présent, avec des caractéristiques qui se rapprochent des traits Mongoles.
Ce n’est que sous l’ère Meiji et ses réformes en 1899, que l’île d’Hokkaido fut officiellement annexée et des lois furent promulguées afin de restreindre les activités culturelles des Aïnous. Cette loi fut abrogée en 1997.
Personne n’habite les hauteurs du mont Fuji ; énigmatique, il fait l'objet d'étranges légendes.
Sa forme conique et épurée, sa solennité, coiffé au sommet de son manteau de neige, sa force majestueuse surplombant le paysage, protégeant ses mystères d’un voile épais de nuages, en firent très vite un lieu de culte pour le Shintoïsme et le Bouddhisme, ses versants abritent de nombreux temples et sanctuaires.
Désignée principale montagne sacrée depuis le VIIème siècle, on l’appelle Fuji-San (dans la langue japonaise « San » s’utilise pour parler d’une personne que l’on respecte), il est le symbole religieux du Japon. Le volcan est une entité divine à part entière, il possède une âme, il est le symbole de la paix et de la prospérité.
Pour l’anecdote les moines instaurèrent des règles drastiques notamment en interdisant son accès aux femmes, considérées comme impures et ce jusqu’en 1872.
Fuji-San est considéré comme un kami, une divinité populaire comme en témoignent les poèmes du Manyoshu (première anthologie du VIIIème siècle qui rassemble 1111 poèmes ou « waka »).
Le mont n’avait pas de nom à cette époque on décida de lui donner le nom « éternité ou immortalité » et en japonais « éternité » se dit Fuji).
Fuji San, altier et fier, a inspiré également de grands peintres dont Hokusai (1760-1849), au travers de ses célèbres 36 vues et Hiroshige (1797 – 1858 – période Edo) qui lui a également dédié une série d’estampes également nommée « Trente-six vues du Mont Fuji ».
LA FORET DES SUICIDES
Le Mont Fuji fait l’objet de tant de légendes avec ses lacs et ses forêts, à ses pieds se « prosterne » la forêt Aokigahara Jukai, ou mer d'arbres, une forêt de 3000 hectares qui fait l’objet de phénomènes mystérieux qui s’y dérouleraient. Elle est connue pour être la forêt des suicides.
Une légende raconte que ceux qui s’engagent dans cette « mer » végétale n’en reviennent pas. De nombreux aventuriers se seraient perdus dans ce dédale de végétation et auraient, selon la légende, disparus. Dans cette forêt le nord et le sud « perdent la raison », de nombreux dysfonctionnements apparaissent. L'endroit serait habité par des chauves-souris tueuses, les boussoles ne fonctionneraient pas et la lumière du jour peinerait à y entrer. À cause du nombre important de suicides, de nombreux fantômes peupleraient cette forêt et s'en prendrait à ceux qui osent y entrer. Il s'agirait tout simplement de l'endroit le plus hanté du Japon.
Cette végétation luxuriante créerait une perte d’orientation, en 1959 l’écrivain Seicho Matsumoto écrivit une nouvelle au nom évocateur « Kuroi Jukai » (forêt noire) où deux amants se suicident. Depuis, ce lieu est réputé pour un taux de suicides élevés. Des fantômes vengeurs hanteraient cette forêt « maléfique ».
Fuji-San a perdu sa tranquillité depuis que le tourisme s’est développé, envahissant ses vénérables versants mais depuis 2019 ce « vieux sage » a retrouvé sa sérénité.
Ce haut lieu, est désormais sous l’aile protectrice de l’Unesco qui l’a inscrit au patrimoine mondial en 2013.
LE MONT FUJI et L’Ukiyo-e
L’Ukiyo-e ou l’art du monde flottant, un art marqué per une esthétique de l’éphémère, de l’imperfection la nature (montagnes, forêts, rivières, alternance des saisons…) y constitue un sujet majeur.
Le Mont Fuji a été une source d’inspiration pour les artistes de l’Ukiyo-e ; Hokusai (1760 – 1849) – Hiroshige (1797-1858)
Hokusai. Sous la vague, au large de Kanagawa, extrait des « Trente-six vues du Mont Fuji ».
Hiroshige La mer au large de Satta dans la province de Suruga
Les Trente-Six Vues Du Mont Fuji
En 1853 par Hiroshige (1797-1858) fait écho, vingt ans après, à la fameuse suite éponyme de Hokusai.
Pour terminer je vous adresse ce « waka » (poème ) De Yamabé no Akahito - Manyôshû. (Epoque Nara située entre 710 et 794).
Depuis que le ciel et la terre
Se sont séparés
En Suruga
Le haut pic du Fuji
Se dresse, sublime
Comme un dieu.
Quand je le regarde de loin
Dans la plaine du ciel,
Du soleil qui traverse l'espace
Il cache les rayons,
De la lune qui brille
On ne voit la clarté
Les blancs nuages
Hésitent à passer.
La neige y tombe
Sans souci de saison.
Toujours on parlera de lui,
Ce haut pic du Fuji
*Suruga : baie du Japon
Basho Matsuo (1644 ~ 1694)
Sur l'éventail
Je mets le vent venant du mont Fuji.
Voilà le souvenir d'Edo.
La forme de poésie japonaise la plus connue en occident est le Haïku, un poème composé de 17 syllabes, mais le haïku est dérivé d’une forme plus ancienne : le Waka connu également sous le nom de Tanka (chant court) composé de 31 mores*
*Une more est un son élémentaire que l'on prononce dans une phrase. Ce n'est pas une syllabe, c'est une notion plus fine. Une syllabe française peut contenir jusqu'à trois « mores ».
Par exemple, le mot "Nippon" est composé de deux syllabes et de quatre mores ni-p-po-n, ce qui correspond aux quatre kanas utilisés pour transcrire le mot hiragana.
Bien à vous Fuji-San, j’ai hâte de refaire votre connaissance car le jour où je me suis présentée pour vous admirer, vous étiez enveloppé dans une écharpe ouatée.
Domo arigato gozaimasu
Aurélie
新規ビジネス開発でPersol Innovation Co., Ltd. | ミイダスと兼務
3 ans日本中を旅した松尾芭蕉にとても憧れます😊