Phénomène de la grande démission. Fantasme ou réalité?

La semaine dernière, lors d'une discussion, j'ai été surpris d'entendre des personnes évoquer que le phénomène de la Grande Démission phénomène, débarquant des Etats Unis, relevait probablement plus du fantasme que de la réalité. Cette affirmation a particulièrement retenu mon attention. Sujet de sélection cette année pour accéder à la formation CAFDES, j'étais d'autant plus étonné par cette perspective, surtout au vu de la crise des ressources humaines que nos secteurs traversent actuellement. Intrigué, j'ai décidé de m'y pencher de plus près, en fouinant un peu sur la toile pour comprendre la situation.

L'augmentation des taux de démission en Europe, reflétée dans les données récentes du marché du travail, est un signe évident de changements profonds. Cette tendance, rappelant la Grande Démission aux États-Unis, montre que les travailleurs européens sont de plus en plus enclins à quitter volontairement leurs postes, souvent à la recherche de meilleures opportunités ou de conditions de travail plus favorables.

Au cœur de ce phénomène se trouve donc à mon sens un changement significatif dans les attitudes et les attentes des travailleurs/professionnels de nos secteurs d’intervention. De nombreux salariés en Europe, tout comme leurs homologues américains, recherchent désormais un travail qui offre non seulement une rémunération adéquate, mais aussi du sens, de la satisfaction et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les enquêtes et les études récentes mettent en évidence cette quête de sens au travail, reflétant un désir croissant de trouver un équilibre entre les différentes sphères de la vie.

La pandémie de COVID-19 a été un catalyseur majeur de ce mouvement. Elle a poussé de nombreux travailleurs à reconsidérer leurs priorités professionnelles et personnelles, entraînant une réévaluation de ce qu'ils attendent de leur emploi. Cette réflexion sur les conditions de travail et la qualité de vie a contribué à la vague de démissions observée.

Dans le secteur de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) et de la protection sociale, les impacts de la Grande Démission sont particulièrement prononcés, j’irai jusqu’à dire sans trop m’y risquer que c’est indubitable. Face à des défis accrus en raison de la crise sanitaire, comme des baisses de subventions et des changements structurels quasi obligatoires pour tous, le secteur a connu est connait encore à ce jour une crise des ressources humaines exacerbée, une crise sans précédent. Ces difficultés économiques ont directement affecté les conditions de travail et la stabilité des emplois.

Selon l'Organisation Internationale du Travail (OIT), le ralentissement économique global et la pression sur les conditions de travail décentes constituent une préoccupation majeure. De nombreux travailleurs se trouvent contraints d'accepter des emplois de moindre qualité, une tendance qui influence également l'Europe et surtout nos secteurs. Ce constat souligne la nécessité d'une réaction adaptée et réfléchie pour répondre aux défis du marché du travail actuel, en particulier dans des secteurs cruciaux comme les nôtres.

En conclusion, bien que le phénomène de la Grande Démission ait pu être perçu initialement comme un fantasme par certains, les indicateurs actuels, suggèrent une tout autre réalité. Tant les statistiques du marché du travail que les changements dans les attitudes des travailleurs en Europe pointent vers une situation où les taux de démission sont effectivement en hausse. Ceci, couplé aux défis exacerbés par la pandémie de COVID-19 et à la crise des ressources humaines dans des secteurs clés comme l'Économie Sociale et Solidaire et l’action sociale si tant est que nous puissions imaginer regrouper les deux, ce que je crois. Cela indique clairement que tous les indicateurs sont au rouge.

Cette tendance n'est pas seulement une réaction passagère ou isolée, mais plutôt un signal d'un changement profond dans le paysage de l'emploi européen. Face à ces réalités, une prise de conscience et une réponse adaptée sont essentielles pour naviguer dans ce paysage en évolution et pour répondre aux défis croissants du marché du travail, en particulier dans des secteurs aussi vitaux que l'ESS.