Phoenix
Ma vie se terre en freins laborieux qui gravent d’autres cieux,
Des parfums d’hiver appelant somnolence et adieux
Au présent qui tente de revivre en vain les instants tus.
Le silence fait l’amer en denses ramures sans vie.
De cette forêt en deuil, ne naît que néant et brumes,
L’insolence a vécu, le rire en cristal est déchu.
Il reste un amas d’ombres, des vides en corpuscules,
Des miettes d’une ode d’aube tenace qui fut mon feu.
J’avance en ce paysage qui se vide peu à peu,
Dans ces lumières grises, de ces derniers jeux,
De l’éclat de ton rire, de tes yeux merveilleux
De ta bouche en vermeille, de moi amoureux.
Mes pas en glaise accrochent le sol boueux
Et je sème en arrière l’ombre des tiens,
La danse s’achève en crépuscule las,
Puis, la terre se vend au sables gris.
Toute herbe est maintenant bannit,
L’accroche des étoiles noires en cristaux de quartz,
Sème au sol des gemmes tranchants
Qui éraflent au sang, brûlant mon âme suintante.
Il me faudrait dormir, poser tes silences au loin,
Chercher l’absence réelle et l’oubli…
Alors je poursuis cette marche sans sens,
Dans l’absurde de notre nous en cadavre.
J’attends les vers salvateurs qui mangeront
Cette chair putréfiée qui se fit fiel sans adieu,
J’attends les mouches grasses bourdonnantes
Qui emplissent le silence de tes mots jamais dits.
Lorsque le corps aura perdu consistance,
Qu’un amas d’os desséchés me sera donné,
Aspergé d’essence et de regrets de paille,
J’en ferai un feu de colère impuissante.
Je danserai autour comme un chien enragé,
Attisant la braise de mes sauts démembrés
Rigide cabot, je trouverai le ressort pour mener
Les dernières flammes à la cendre mouillée.
Mes doigts écorchés de l’absence de ta peau
Puiseront dans ce tas encore chaud.
D’un souffle moite je donnerai au vent,
Cette poussière qui ira sans frein au ciel.
Et là, la cendre se mêlera aux étoiles,
Elle se soudera en perle puis en joie,
Une étincelle de cela fera toi:
Un toi renaissant de lumière.
Et dans ce désuet désert où je cherchais
L’abandon amnésique et le salut solitaire,
Une lumière de soie sera vie, en un instant,
A un champs de coquelicots rouges baiser où tout vit.
H