Pourquoi ça ne fonctionne jamais de dire "Tu devrais" ou "Il faut que tu" (au choix)
Haaaaaaa comme ça serait bien.
Imaginez !
Quelqu'un a un souci et nous en parle. Ou quelqu'un ne bouge pas, est dans l’attente, l’impasse.
Nous, on a un plan en tête.
Peut-être qu'on est de nature action/réaction. Que quand il faut y aller, on y va.
Alors on fait quoi? On fait du "Tu devrais / Il faut que tu".
Parce que dans notre monde idéal, la personne nous répond "haaaaa, oui super OK je fais ça". Hop c'est plié.
Or, ça ne se passe pas comme ça. Voyons pourquoi (selon moi).
1) Les solutions qu'on a en tête sont celles qui nous correspondent le mieux. Elles sont issues de nos réflexions, donc de notre vision du monde. Elles prennent en compte les opportunités que nous connaissons. Elles sont limitées à ce que nous avons déjà rencontré. Donc il n'est pas du tout sûr que ça corresponde à la personne à qui on "recommande" de faire ça ou ça.
2) La personne à qui on parle n’a peut-être pas envie de faire ce qu’on lui dit, pour une autre raison que le conseil en lui-même. Elle préfère peut-être décider seule. Être aux commandes. Ne pas obéir. Avoir la fierté d’avoir trouvé SA solution toute seule.
3) Si la personne à qui vous parlez n'a pas encore bougé, c'est que la solution qu'elle a en tête (parce qu'elle en a fort probablement une, qu'elle garde pour elle, de peur que ça la mette au pied du mur) est éloignée de sa zone de confort. Ça prend du temps d’en sortir.
Et par zone de confort, on entend "zone de contrôle". Car le seul confort qu'on y trouve parfois c'est simplement qu'on est en terrain connu. Pour certaines personnes, vivre dans la crainte, dans la galère, dans la colère, subir quelque chose, laisser les opportunités filer sous son nez, c'est SA zone de confort. De contrôle. Elle connaît.
Le stress de sortir de ce qu'elle connaît est énorme, et elle seule en a la mesure. Arrivés à l'âge adulte, ce qui nous flippe, nous semble compliqué ou nous décourage est très différent d'une personne à l'autre. Parce que la vie est passée par là - on a vécu plein de trucs plus ou moins sympas, et ça nous impacte différemment aujourd'hui. Alors que quand on est enfant, les expériences hors de sa zone de confort sont plus similaires. Donc on se comprend mieux entre copains copines qu'une fois qu'on est ados, et pire encore, adultes.
Du coup, imaginez la gêne, la honte, le stress de :
- Dire tout haut ce qu’on pense qu’on devrait faire.
- Dire « mais je n’ose pas, ça me fait flipper, je pense que je ne vais pas y arriver ».
- Direct après ça on va entendre « mais non, il faut que tu … ».
Et c’est parti. On n’a pas réussi à se faire comprendre. C’est pas un super sentiment.
Et on culpabilise encore d’être bloqué par quelque chose de ridicule (le regard de l’autre, la peur de l’échec alors que l’enjeu n’est pas une question de vie ou de mort, etc.)
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Alors on se mure dans le silence. On évite l’échéance. On tient bon, on reste dans une situation gênante. On compense par ce qui est – lui – sous notre contrôle : la nourriture, l’alcool, la TV, le sport, le travail, rendre la vie des autres un enfer, ou autre.
Comment donc faire pour soutenir quelqu’un et lui apporter votre aide sans passer par le « Tu devrais / Il faut que tu » ?
On élimine aussi le « Moi tu sais, quand j’étais dans telle situation similaire, j’ai fait ça et ça allait beaucoup mieux ». Cela revient au même.
Ou alors, ça, on le réserve à notre plan B.
Plan A : voilà ce que je vous recommande de faire/dire.
- Écoutez. Donnez du temps d’expression à la personne. Cela va lui permettre de réfléchir tout haut. Peut-être d’évoquer des solutions, et de guetter votre réaction. Selon que vous ne trouviez pas son idée ridicule, infaisable, risquée, etc. elle va prendre confiance de la mettre en application.
Conseil : quand vous écoutez, faites-le avec l’acceptation la plus totale de ce que la personne en face de vous est / dit. C’est crucial qu’elle ne se sente pas jugée. Vous n’aimez pas son idée ? Malheureusement c’est la sienne, et elle ne vous appartient pas. Donc restez dans votre sphère d’influence en disant « C’est super si tu as pensé faire ça. J’espère que ça va fonctionner pour toi. Je suis là pour t’aider si tu as besoin de moi. Je n’aurais pas forcément pensé que c’était la solution pour toi, mais je ne sais pas tout, je ne suis pas dans tes chaussures. »
- Posez des questions. Ouvertes ! Qui commencent par « Comment » « Quel » « A qui » « Quand ».
Mais pas trop ! Surtout si vous voyez qu’en devenant trop « concret » (votre nature qui revient au galop) vous flippez la personne qui n’est pas encore allée jusqu’à ces détails pratico-pratiques.
- Posez aussi des questions si la personne en face de vous n’a PAS de solution en tête. Ça va l’aider à réfléchir. « Tu as déjà eu quelqu’un autour de toi dans ce cas-là ? » « Qui est-ce qui pourrait te renseigner ? »
Une de mes préférées : « Qu’est-ce qui te semble faisable à court terme pour que ça avance déjà un peu ? »
Normalement, tout cela AIDE bien plus la personne à se mettre en action que de lui dire ce qu’elle devrait faire.
Sans compter qu’une fois qu’elle aura fait quelque chose – elle ressentira de la #fierté.
Elle aura agrandi sa #zonedeconfort , gagné en #confianceensoi / en elle. Et vous remerciera pour votre soutien inconditionnel.
Attention, le TIMING dans lequel la personne se mettra en mouvement, vous ne le maîtrisez pas. C’est ELLE qui l’a entre les mains.
Alors à la place de marteler « Tu as appelé le gars que je t’avais recommandé ? » et de constater que non, il n’a pas été appelé, posez la question « Qu’est-ce que tu penses de l’idée d’appeler ce gars que je t’avais recommandé ? Tu as pensé à une autre piste depuis qu’on a parlé ? »
Et ne surtout pas demander « Pourquoi est-ce que tu n’as pas appelé ?! » bien sûr 😊.