Former et se former : la nécessité de créer un rapport de donnant-donnant

Former et se former : la nécessité de créer un rapport de donnant-donnant

Quand on est élève à l'école, bein... on n'a pas le choix : on est là pour apprendre. Le contrat est tacite : le professeur transmet ses savoirs et organise l'appropriation de savoir-faire et savoir-être. Avec plus ou moins de succès :)

Quand on est adulte apprenant... on a en général choisi de venir se #former. Cela change énormément de choses (et pas que pour le plaisir du #formateur d'avoir un public intéressé devant lui hé hé).

Lorsque je rencontre des apprenants adultes, je sais que :

  • ils ont déjà beaucoup d'#expérience. Et une belle #envie de la partager. Tout du moins de la montrer!
  • ils ont déjà beaucoup de #connaissances, acquises de façon autodidacte ou non. Idem : c'est l'idéal s'ils peuvent la montrer et établir qu'ils ne sont pas une page blanche, et qu'ils ne sont pas de "simples élèves" comme dans le temps.
  • ils ne prennent pas mon statut de formatrice pour acquis : je ne suis pas forcément la seule personne qui détient le savoir, et la seule personne qui peut leur apporter des choses durant la formation. Surtout pas d'ailleurs.
  • ils ont des #croyances, des #peurs et des #blocages en tête avant même de commencer la formation. Tout autant sur le sujet de la journée que sur leurs capacités à se former.
  • ils sont encore beaucoup plus conscients du regard d'autrui que les élèves à l'école. La fameuse #confianceensoi !
  • la qualité de la relation qu'ils avaient avec l'enseignement à l'époque de leur adolescence revient sur le tapis dès qu'ils s'installent dans la salle ou derrière leur ordi. On reprend en général les mêmes habitudes de placement tactique dans la salle, ou de fréquence de prise de parole en visio. Sans parler de la gestion de la caméra!

DU COUP je voudrais vous parler du concept de la "#transaction " en formation.

C'est tout simple : plus je (en tant que formatrice) crée de transactions, à double sens et d'égal à égal, avec les apprenants, plus ils vont accepter ce que je vais leur apporter. Et le mémoriser. Et l'utiliser.

Un exemple : avant de donner le contenu de la formation (les grands points, le plan qu'on va suivre) - le passage obligé pour moi c'est toujours "quelles sont vos attentes aujourd'hui?" que je reformule aussi sec en "vous aimeriez repartir tout à l'heure avec les réponses à quelles questions?" (ça permet de partir tout de suite sur des attentes qui démarrent avec "Comment faire pour réussir à ..." plutôt que "C'est difficile de ...").

Autre exemple : la #prisedeconscience en autonomie grâce aux échanges de groupe. Quand on met les apprenants par groupe avec une question ouverte à examiner, ils vont faire un truc tout simple : partager leurs expériences et leurs savoirs. Et là, bam. Les prises de conscience fusent sans que je ne sois intervenue. Par exemple je fais une formation sur le premier contact avec un nouveau client. Bien entendu, mon but est de lister les approches personnalisées qui vont bien pour établir un contact / mettre en confiance / fidéliser le client. Mais avant de donner (éventuellement, si ce n'est pas sorti durant les travaux de groupe) cette liste, je vais demander aux groupes : "Quand vous réussissez à créer un contact de qualité avec un client, vous faites comment?"

J'aime beaucoup ce début de question : "Quand vous réussissez à (...) comment faites-vous?". Comparez deux secondes l'effet qu'il produit par rapport à une question assez similaire : "Comment créer un contact client de qualité?" Vous sentez comme tout d'un coup vous êtes vachement moins mis en valeur? Comme vous n'êtes pas du tout considéré comme quelqu'un qui a déjà des compétences / qui sait déjà plein de choses et va apprendre des réponses des autres membres du groupe?

Et là, c'est carton plein : vous êtes sûr qu'après le temps de partages par groupes, quand vous allez revenir en salle pleine, les participants auront des tonnes de nouvelles pistes, d'idées, d'envies de tester une approche, de se renouveler, de s'améliorer. La prise de conscience aura eu lieu, et au passage tous les apprenants se seront sentis valorisés et traités avec sérieux. Parce que les savoirs auront été partagés plutôt que délivrés par le Powerpoint de la formatrice.

J'accepte d'autant plus de m'approprier des connaissances / compétences que :

  • je les acquises par moi-même, en écoutant mes pairs.
  • on m'a d'abord permis de partager les miennes avant d'en avoir de nouvelles.
  • en écoutant les partages des autres, je m'aperçois que ce que je faisais déjà n'est pas si mauvais que ça, voire que je suis plutôt bien positionné(e) sur l'ensemble du groupe alors que je pensais que je ne faisais rien de spécial.

Sympa hein, la transaction?

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