Pourquoi cet acharnement à vouloir nous faire bosser jusqu’à plus d'âge ?!

Comment ? Il serait question de bouleverser copieusement notre date de départ à la retraite ? A nous les centrales nucléaires ?! Dites donc, c’est à la mode de faire travailler tout le monde plus longtemps.

Moi je suis la plus vieille, celle du Bugey, depuis que Fessenheim a été débranchée ; avec les copines de Cruas, de Belleville, du Tricastin, de Golfech  nous avons formé l’association « Les joyeux réacteurs ». On veut donc nous faire quitter cette vie radioactive tout juste avant de quitter la vie tout court et d’être démantelées. 

En tout état de cause, les 64 ans qui se profilent pour les humains que vous êtes feront pâle figure à côté des 80 ans envisagés pour nous, vaillantes et déjà corrodées pour certaines collègues.

- La retraite à 80 balais. Misère, fallait oser y penser. Nous étions prévues pour 40 ans, on va nous rafraichir ; ce botox onéreux s’appelle le Grand carénage, 50 milliards pour 56 réacteurs, on ira à 50 puis peut-être 60 ans mais certains politiques et ingénieurs parlent de nous pousser à 80 ans. Ce n'est pas fait.

Nous les centrales, on ne peut pas descendre dans la rue, bloquer le pays, sortir les pancartes, envahir les ronds-points et tout le tintouin.

Pourquoi cet acharnement à vouloir nous faire bosser jusqu’à 80 ans ?! 

Le Gouvernement soutenu par le Sénat vient de renoncer à l’objectif de réduction de 50% de nucléaire dans la production d’électricité nationale. On ira bien au-delà. En voilà un grand pas de tango en arrière qui arrive à point, pour concilier protection de l’environnement et réduction des gaz à effet de serre. Au moins, c’est clair. Brancher sa console de jeu, sa voiture électrique, son data-center, son chauffage, son Tgv,… bref ce fut notre vie occidentale imprévoyante... faut pas chialer après.

C’est qu’il en faut du kilowatt-heure, même si vous avez diminué de 12-13% votre consommation, la suite ne se fera pas à la bougie. Il faut savoir ce que l’on veut, aussi !

Le jour où plus personne ne voudra d’éolienne dans son jardin, qu’il n’y aura plus de glaciers, ni d’eau dans les barrages, il faudra bien fournir ! Vous êtes drôles. 

Alors énergie toujours propre sur elle, la cheminée de refroidissement impeccable, relançons, le nucléaire !  

- Quoi ? Il faut des masses d’eau pompées dans les fleuves pour refroidir les centrales, et l’eau va manquer.

- Et bien on appellera les faiseurs de pluie.

- Ah on vous l’a dit plein de fois et même avant cet été, Madame M Le Ministre, sans eau, comme pour vous, on n’est rien. 

- C’est toujours mieux que le charbon. Ah ?! Ça continue et même ça augmente. Ah bah oui les circonstances internationales. La guerre, le retour des empires...

- Et nos déchets ? on est certes peu émettrice de CO2 mais ...   

- Et bien nous jetterons un voile pudique sur les inconvénients, le plus épais possible, des tonnes de terre et de béton, sur vos déchets enfouis, dans un coin paumé entre Meuse et Haute Marne. Dans quelques centaines de millions d’années, il n’y paraitra plus rien du tout ! 

- Et les cancers étranges, les nappes phréatiques... Oh ça va !

- Votre boulot grâce au génie humain, c’est de faire de l’électricité, pas de nous contredire. Tout ça on verra plus tard, il y aura toujours une solution technique.

Les 44 réacteurs qui tournent savent depuis le début qu’ils sont les calices d’une religion d’Etat et que le peuple sera fort peu consulté.

- Donc on va turbiner, en espérant qu’on va tenir le coup. Et si en vieillissant on a mal à la tête et ailleurs, vous nous donnerez du Doliprane. Ah zut c’est vrai, il n'y en a plus non plus.

Pourvu que ça Bure

Denis Cheissoux

#co2monamour cette semaine chez les castors