Pourquoi la pleine conscience peut-elle avoir un effet bénéfique sur votre cerveau
Traduction de l'article du 26/04/2018 par Christina Congleton, Britta K. Hölzel
Cette pratique permettrait de mieux gérer ses émotions et son stress mais aussi d'améliorer son estime de soi.
On ne parle plus que de la pleine conscience dans le monde des affaires. Mais saviez-vous que tout ce battage repose sur des travaux scientifiques ? Des recherches récentes fournissent des preuves tangibles selon lesquelles l’attention sur l’instant présent, sans porter de jugement (encore appelée « pleine conscience »), modifie le cerveau, et cela d’une manière que toute personne travaillant dans un environnement commercial aussi complexe que celui d’aujourd’hui – et assurément chaque leader – devrait connaître.
Nous avons contribué à ces recherches en 2011 avec une étude sur des participants ayant terminé un programme de pleine conscience de huit semaines. Nous avons alors constaté une augmentation significative de leur matière grise. Au cours des années qui ont suivi, des laboratoires de neurosciences du monde entier ont également examiné la façon dont la méditation, un des principaux moyens de pratiquer la pleine conscience, influe sur le cerveau. En 2015, une équipe de scientifiques de l’université de la Colombie-Britannique et de l’université de technologie de Chemnitz ont pu rassembler des données provenant d’une vingtaine d’études pour déterminer quelles zones du cerveau sont systématiquement concernées. Ils ont identifié au moins huit régions différentes. Nous nous pencherons ici sur deux d’entre elles qui nous semblent particulièrement intéressantes pour les professionnels.
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Des réactions moins impulsives et de meilleures décisions
La première est le cortex cingulaire antérieur (CCA), une structure située profondément à l’intérieur du crâne, derrière le lobe frontal du cerveau. Le CCA est associé à l’autorégulation, c’est-à-dire à la capacité d’orienter délibérément l’attention et le comportement, de réprimer les réactions impulsives inappropriées et de changer de stratégie avec souplesse. Les personnes atteintes de lésions du CCA font preuve d’une impulsivité et d’une agressivité incontrôlées et celles qui présentent une altération des liaisons entre celui-ci et les autres régions du cerveau obtiennent des résultats médiocres aux tests de flexibilité mentale : elles s’accrochent à des stratégies de résolution des problèmes inefficaces plutôt que de choisir d’adapter leur comportement. De leur côté, les méditants obtiennent d’excellents résultats aux tests d’autorégulation, résistant aux distractions et fournissant des réponses correctes plus souvent que les non-méditants. Ils présentent également davantage d’activité dans le CCA que les non méditants. En plus de l’autorégulation, le CCA est associé à l’apprentissage fondé sur les leçons des expériences passées afin de faciliter une prise de décision optimale. Les scientifiques notent que le CCA pourrait être particulièrement important face à des situations incertaines et en évolution rapide.
Un « must have » plutôt qu’un « nice to have »
La seconde région du cerveau sur laquelle nous désirons mettre l’accent est l’hippocampe, région ayant révélé des quantités accrues de matière grise dans le cerveau de nos participants au programme de pleine conscience de 2011. Cette zone en forme d’hippocampe est enfouie dans les tempes de chaque côté du cerveau et appartient au système limbique, un ensemble de structures internes associées à l’émotion et à la mémoire. Elle renferme des récepteurs de cortisol, l’hormone du stress, et des études ont montré qu’elle pouvait être endommagée par le stress chronique, enclenchant une spirale négative dans le corps. De fait, les personnes souffrant de troubles liés au stress, comme la dépression et un état de stress post-traumatique, ont tendance à avoir un hippocampe plus petit. Tout cela souligne l’importance de cette zone du cerveau dans la résilience – une autre compétence clé très demandée actuellement dans le monde des affaires.
Ces découvertes ne sont qu’un début. Les neuroscientifiques ont également mis en évidence que la pratique de la pleine conscience avait une influence sur les zones du cerveau liées à la perception, à la conscience corporelle, à la tolérance à la douleur, à la régulation des émotions, à l’introspection, à la pensée complexe et à l’estime de soi. Même si de nouvelles recherches sont nécessaires pour rendre compte de ces modifications au fil du temps et pour en comprendre les mécanismes sous-jacents, la convergence des indices est convaincante.
La pleine conscience ne devrait plus être considérée comme un « nice to have » pour les dirigeants. C’est un « must have » : une façon de garder nos cerveaux en bonne santé, de savoir s’autodiscipliner et d’être capable de prendre des décisions efficaces, et de nous protéger du stress toxique. Elle peut être intégrée dans notre vie religieuse ou spirituelle, ou pratiquée comme une forme d’entraînement mental. Lorsque nous nous asseyons, que nous respirons et que nous nous obligeons à être attentifs – surtout quand nous nous réunissons avec d’autres faisant la même chose –, nous disposons du potentiel nécessaire pour changer.