Pourquoi les étudiants ont si peur de rater leurs études?

Pourquoi les étudiants ont si peur de rater leurs études?

"Une fois que l'on apprend à être OK avec le concept "d'échec", on se libère de cette peur de ne pas réussir ses études."

Les étudiants ont peur de rater leurs études, c'est évident. C'est normal et je le comprends. Pour le confirmer, il suffit de voir notre rythme cardiaque augmenter quand on prononce les mots "examens", "partiels", "sujets", "notes" "commentaire d'arrêt"..

J'écris cet article en prenant un peu de recul, mais quand je parle "des étudiants", je me comprends également dedans.

Alors, pourquoi les étudiants ont si peur de rater leurs études?

Ce qui est marrant, c'est que nombreux sont les étudiants qui ont peur de rater leurs études, mais très peu sont réellement capables d'expliquer pourquoi, si ce n'est en disant "j'ai peur de ne pas avoir de travail plus tard".

Ça aussi, je le comprends totalement, surtout si on est un habitué du JT de 20 heures qui a tendance à être un peu (trop) anxiogène (le chômage, le chômage, le chômage)

Cette peur est évidemment compréhensible.

Mais pour moi, des raisons plus profondes que la simple peur d'être au chômage (qui est à l'origine une opportunité et non un échec) se cachent derrière cette peur d'échouer.

Une fois que vous aurez compris les vraies raisons de votre peur d'échouer durant vos études, vous vous sentirez plus légers.

De la même manière que la meilleure façon de ne plus avoir peur d'un film d'horreur, c'est d'assister à son tournage, la meilleure façon de ne plus avoir peur d'échouer à ses études, c'est d'en comprendre les rouages.

Je vais citer ces peurs une par une. Je ne prétends pas tout savoir et le débat est ouvert, je parle en fonction de mon expérience et de mes intuitions.

1ère peur : la peur de l'échec.

Tout simplement. Depuis tout petit, et spécialement pour les générations 90-2000, nous sommes habitués à gagner. C'est dû à notre éducation, à la volonté de notre famille de nous protéger. C'est dû également au fait que nous sommes "surnotés" depuis que nous sommes à l'école. Vos parents ont dû régulièrement vous rappeler que "c'était une bonne note avant d'avoir 14", et c'est vrai.

Je ne dis pas que c'était mieux avant, je dis juste qu'il faut avoir conscience qu'avoir 18 est devenu banal au lycée, et que ça nous formate à penser que nous sommes les meilleurs et que nous connaissons tout.

Évidemment, ce n'est plus le cas à la faculté de droit. Ce sont d'ailleurs les notes très basses qui démoralisent les étudiants de première année

C'est ici que je veux en venir : nous avons peur de l'échec, des remises en question, car nous n'y sommes tout simplement pas habitués.

Encore une fois, c'est normal, personne n'aime les échecs, et notre génération (je suis né en 1998) tout particulièrement. C'est pour ça que le sport est si important car il nous apprend que même quand on travaille pour quelque chose, on peut échouer.

Pour finir sur cette première peur, je citerai Gary Vaynerchuk, entrepreneur américain que j'aime beaucoup :

Aucun texte alternatif pour cette image
"If you want to win in life, fall in love with losing"

C'est tellement vrai. Les réussites ne nous apprennent pas grand chose, elles peuvent même nous rendre arrogants . Les échecs eux nous définissent, nous obligent à nous remettre en question, nous apprennent l'humilité et .. nous font gagner.

2ème peur : les attentes des parents/de la famille.

Même s'ils ne le disent pas clairement (parfois si), les parents attendent quelque chose en retour de leurs efforts. Certains le font sentir de manière plus ou moins délicate à leurs enfants.

Aucun texte alternatif pour cette image

Vishen Lakhiani, un entrepreneur malaisien, expliquait que, dans sa famille et dans la culture malaisienne en particulier, la pression que mettaient les parents sur leurs enfants était très forte. Il a dit cette phrase qui m'a toujours fait rire :

" Ici, soit tu es avocat, soit tu es ingénieur, soit tu es embarrassant pour ta famille".

Il est donc devenu ingénieur, s'est ennuyé dans son travail puis est devenu entrepreneur. Depuis il a fondé l'entreprise "Mind-Valley", une belle réussite.

Tout ça pour dire que les parents peuvent être une source de stress supplémentaire pour les étudiants, mais ça s'explique facilement : le rôle de la famille est de protéger son enfant. Les études, c'est la sécurité aux yeux des parents (encore plus s'ils regardent le JT de 20 heures).

Évidemment, il y a une part de vérité : plus l'enfant est diplômé, plus en principe il est armé pour entrer dans le monde du travail. C'est donc logique que les parents nous poussent à avoir les meilleurs résultats possibles, tant que ça ne nous fait pas passer à côté de notre passion .. (même si on s'en rend compte plus tard, comme Vishen)

Nous avons peur de décevoir notre famille, de passer pour des perdants à côté de nos frères et soeurs par exemple ou de notre famille qui eux ont réussi. Je pense par exemple aux familles de médecins ou de professeurs qui peuvent parfois, en raison de "l'histoire de la famille", faire peser sur l'enfant une pression supplémentaire.

De la même façon, nous avons peur de passer pour un "looser" à côté de nos amis qui réussissent leurs études, ce qui rajoute une pression, même si on ne s'en rend pas compte.

Ça peut être très difficile de voir ses amis progresser tandis que nous avons l'impression de stagner, voire de régresser. Il faut arriver à garder confiance en soi, en ses capacités à rebondir et pourquoi pas trouver un autre chemin de réussir que celui des études? (Il y en a..)

3ème peur : le carotte et le bâton.
Aucun texte alternatif pour cette image


L'école a toujours fonctionné ainsi.

La carotte, c'est la lecture, l'écriture, le brevet puis le bac puis la licence puis le master puis le doctorat puis le concours avant le travail.

Le bâton, c'est les heures de colle, les sanctions, les redoublements, les 4/20 et les "si tu ne comprends pas ça tu vas rater ta vie".

Cette idée de bâton et de carotte est variable en fonction de nos professeurs. Certains abusent de leur position plus que d'autres, d'autres ont compris que ça ne sert à rien de faire les gros yeux et de vouloir tout le temps effrayer les étudiants (à l'université de Caen, nous sommes plutôt chanceux).

Ça reste la méthode traditionnelle pour "motiver les étudiants", leur faire peur et agiter une carotte (le diplôme).

Encore une fois, ce n'est pas une critique, mais il faut en être conscient.

Le problème derrière est que quand on a peur, on ne prend plus le temps de réfléchir. On fonce tête baissée vers la récompense et on ne se pose pas des questions fondamentales : est-ce que j'aime ce que j'étudie? Est ce que je travaille pour moi ou pour faire plaisir à ma famille? Est-ce que ce que j'apprends va réellement pouvoir me servir plus tard?

Toutes ces questions, on ne se les pose pas quand on a peur.

C'est normal, ça serait comme marcher tranquillement dans un sens pendant qu'une foule de personnes court dans l'autre sens. Ce n'est pas facile de se poser ces questions là pendant qu'on stresse. C'est toujours plus simple de suivre le mouvement.

C'est peut être pour ça que certains étudiants se rendent compte un peu trop tard que ce qu'ils étudient n'est pas passionnant, heureusement il y a des solutions.

Évidemment, il faut aller à l'école. En tout cas jusqu'à un certain âge. L'école est importante pour apprendre à lire, écrire (pour pouvoir faire de beaux articles sur Linkedin plus tard), se socialiser, recevoir une éducation et apprendre.

Maintenant, une fois que l'on a ces fondamentaux, qu'à titre personnel je pense avoir (je le répète mais le raisonnement juridique que l'on nous apprend à la faculté est très utile), nous devrions avoir moins peur.

Pourtant, les étudiants ont toujours du mal à prendre de vraies décisions, ce qui montre qu'ils ont toujours peur.

Pour moi, une fois que l'on a la vingtaine et que nous avons ces fondamentaux, c'est à ce moment là qu'on devrait prendre des risques, tester de nouvelles choses, se planter, recommencer, connaître des échecs, c'est très important.

Nous sommes à la période de notre vie ou nous sommes le plus en forme, ou il est le plus simple pour nous d'apprendre, de désapprendre, de se former, de bouger, de voyager, de réfléchir, et nous ne profitons pas assez de cette opportunité.

Vous savez qu'aux États-Unis on demande aux étudiants de mettre sur leurs CV le nombre de boîtes qu'ils ont lancées et dans lesquelles ils ont échoué? La culture américaine a ses défauts, mais elle a le mérite de mettre plus avant les échecs que dans d'autres pays comme la France, dans laquelle tout le monde gonfle son CV pour l'étoffer jusqu'à qu'il n'y ait plus de place pour écrire dessus (tout le monde fait ça, avouez..).

Une fois que l'on apprend à être OK avec le concept "d'échec", on se libère de cette peur de ne pas réussir ses études.

CONCLUSION

Les 3 peurs fondamentales sont :

-la peur de l'échec en lui même.

-la peur de décevoir ses parents/d'échouer devant ses amis.

-la peur du bâton, de la pression scolaire.

Maintenant, dites moi si c'est vraiment la peur de "ne pas avoir de travail" qui vous fait si peur ou si c'est plutôt une de des peurs?

Cet article était fait pour vous permettre de prendre connaissance de ces peurs, de les identifier.

Une fois que ces peurs sont identifiées, c'est plus facile de travailler dessus.

Et le plus important, et ça je le garde pour les lecteurs qui sont restés jusqu'au bout, c'est ceci:

Si vous ne voulez plus être (trop) angoissés des résultats de vos études, il ne faut pas tout miser sur vos études.

Prévoyez un plan B, une sortie de secours, quelque chose qui vous plaît, que vous ferez en parallèle de vos études (si c'est possible).

Ça vous permettra d'avoir un projet personnel qui vous plaît (ce que l'université ne vous apprendra pas à faire), d'acquérir des compétences nouvelles qui seront valorisées plus tard, car, à notre époque la connaissance appartient à tout le monde, les CV se ressemblent tous, resteront les compétences.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets