Profitez du ralentissement économique horloger pour étoffer sa culture générale

Cela fait maintenant plus de six ans, que je m’intéresse aux montres. Je suis parti de rien ou presque : je connaissais de nom les marques Seiko, Yema, Lip, voire Michel Herbelin, et bien sûr Rolex et les montres Swatch. Je savais qu’il y avait des montres mécaniques à remontage automatique (ma première montre une Seiko de la fin des années 70) et des montres à quartz (ma deuxième montre, une Yema) et même des montres à batterie rechargeable (quartz Kinec, ma troisième montre, une des première Seiko de ce type pour mes quarante ans).

En 2014 à 56 ans, j’ai appris comment fonctionne le mécanisme d’une montre mécanique. Puis, j’ai découvert émerveillé comme un enfant découvrant les vitrines de Noël, un grand nombre de montres extraordinaires, par leur forme, par leur mécanisme, par leurs complications. J’ai dévoré des livres et découvert les histoires stupéfiantes des horlogers célèbres, les sagas des marques, les ruptures technologiques, les guerres et les drames économiques de la concurrence. Je me suis lancé dans l’invention de mécanismes de complication en autodidacte.

Ma famille m’avait surnommé depuis mon enfance « Idéefixe », mais jamais, elle n’a vu une de mes nombreuses passions durer aussi longtemps (excepté celle avec mon épouse, et encore au début, ils n’auraient pas misé un centime sur la durée).

Depuis 2015, j’essaie d’intéresser en vain les grandes marques à mes travaux. En 2019, j’étais prêt à me lancer dans l’aventure en créant ma propre entreprise pour prouver l’intérêt de mes idées. Durant plusieurs années, j’ai donc discuté avec différents professionnels. Je dois vous avouer que dialoguer, nouer une relation sociale avec les autres n’est pour moi, ni naturel, ni facile. J’ai pris sur moi. Pour ceux que mes manières un peu trop directes ont pu froisser, je les prie d’excuser.

Je fus très surpris de constater à plusieurs reprises du manque de connaissance de la part de mes contacts de l’existence de certaines marques ou modèles de montre. Au début je n’y ai pas prêté attention. Il existe tant de montres, tant de marques qu’il m’a semblé naturel que mes interlocuteurs ne puissent pas tout connaître ou qu’ils ne se souviennent pas lors d’une discussion d’un modèle en particulier. Une fois un de mes interlocuteurs me racontait, qu’au sein même d’une grande marque, de nombreux cadres ne savaient même pas comment fonctionnait une montre et quelles étaient les différentes pièces qui la constituaient. Impossible lui-ai-je dis. Mais oui, m’a-t-il répondu, il a dû demander à la direction de mettre en place une formation basique, pour que tous les cadres, même ceux qui n’étaient pas rattachés directement à la R&D et à la production, sachent comment est montre est constituée.

Maintenant le coronavirus provoque des conséquences économiques, dont l’ampleur et la durée sont difficilement quantifiable. Une chose est certaine, beaucoup de manufactures ont fermés leur porte pour une durée déterminée mais susceptible d’être prolongée selon l’évolution de la situation.

Beaucoup de personne du milieu horloger se retrouvent en chômage technique ou en activité réduite. Aussi, je conseille à ces personnes de profiter de cette opportunité offerte, en occupant ce temps pour étoffer leur culture générale dans le domaine des montres. À ceux qui croient déjà tous connaître, vérifiez bien, il y a eu tellement de nouveautés sorties ces dernières décennies que certaines ont pu passer inaperçues dans le lot des pseudos nouveautés. À ceux qui n’ont pas eu le temps de se tenir informés des nouveautés, allez-y, rattrapez votre retard. À ceux qui inventent des mécanismes, replongez-vous dans l’étude des nombreux brevets parus (catégorie G04B dans la base Word Espacenet). Découvrez ou redécouvrez les dernières inventions en matières de QA, de QP, d'oscillateurs, etc.

À tous ces gens, cela leur donnera du tonus et de la motivation pour repartir de plus belle, lorsque les clients reviendront dans les magasins et que l’économie horlogère repartira sur des bases plus saines : moins de stratégie marketing, moins de rééditions vintage, plus de réelles nouveautés (Nous pouvons toujours rêver, cela nous coute rien).