Psyché & Déclic : Il marche...

Parcourant les couloirs du service en tous sens, les allées de l'hôpital si tôt les portes du pavillon ouvertes, les rues de la ville dès qu'il obtient un congé, le monde entier s'il le pouvait et peut-être même aussi l'univers, Antoine marche inlassablement, mécaniquement, irrémédiablement...

Il y a dans son attitude quelque chose d'à la fois effrayant et fascinant, qui le rend mi-homme mi-machine, comme si chacun de ses pas était le produit d'une mécanique folle, échappant à son contrôle et l'emmenant au gré des voies s'offrant à lui, sur un parcours dont il ignore l'issue.

Son visage affichant un sourire figé, le chef couvert en permanence d'un bonnet de laine, le corps revêtu d'habits surannés, les chaussures aux semelles régulièrement trouées, les bras ballants et les jambes effectuant des mouvements de fondeur, Antoine marche inlassablement, mécaniquement, irrémédiablement...

Il marche malgré lui, parfois même à son corps défendant, et tout son être tant physique que psychique porte sur lui les stigmates de ses heures de marche qui n'ont rien d'une petite promenade de santé, mais sont une conséquence indirecte de ses problèmes de santé.

Effets secondaires de son traitement neuroleptique qui marche, l'akatisie l'empêchant de rester statique et la tasikinésie le forçant à demeurer toujours en mouvement, comme animé d'un perpetuum mobile, Antoine marche inlassablement, mécaniquement, irrémédiablement...

Avertissement : L'unique ambition de cette série #psychéetdéclic est de contribuer à la réflexion collective sur le sens du soin en psychiatrie. Construites sur le modèle des chroniques de Baptiste Beaulieu, ces vignettes cliniques synthétisent plusieurs situations pour en restituer une version romancée. Ainsi aucune des personnes présentées ici, dans des contextes au demeurant plausibles et réalistes, n'existe ou n'a réellement existé en tant que telle.

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