Qvi Bono...
Le numérique est juste le vaisseau sur lequel ont embarqué les Barbares pour se lancer à l’assaut du Monde !
Pour une de mes récentes interventions dont le thème était «Transformation digitale de l’immobilier risque d’uberisation ? » je me suis naturellement penché sur la filière immobilière.
Déjà intéressé par le sujet il y a deux ans lors de la co-construction d’un scénario prospectif de désintermédiation des syndics de copropriété — maillon de la chaîne de valeur de la filière immobilière le plus mûr et peut être le plus simple à transformer, du fait même des aspects légiférés du métier — J’ai été frappé par le dynamisme de certains acteurs traditionnels de la filière.
Je ne reviens pas sur ce qu’est une filière, ni ce pourquoi elles sont nécessaires si ce n’est pour rappeler qu’elles permettent, sur un marché, la stabilité d’une part de l’environnement économique, sociologique et juridique des entreprises et d’autre part de leurs modèles d’affaire.
Par ailleurs, pour ce qui est de La Transformation (digitale) des entreprises je rappelle qu’elle est la réponse des acteurs traditionnels à La Transition (numérique) de leur filière ; à savoir la dislocation et la recomposition de la chaîne de valeur de celle-ci. A noter que La Transition à également comme effet de rendre plus ou moins floues les frontières même entre filières… On observe des effets verticaux, horizontaux, en profondeur, bref une véritable tectonique !
C’est bien évidemment le cas pour la filière immobilière comme les travaux d’Isabelle Baraud-Serfaty le montrent :
Dans cette recomposition on observe les nouvelles prises de positions des acteurs traditionnels de la filière qui traduisent leur dynamisme et leur ferme intention de s’assurer une nouvelle pérennité économique.
L’exemple en est le dévalement de la chaîne de valeur par les Aménageurs d’une part, couplé à la remontée de cette même chaîne de valeur par les Promoteurs d’autre part, qui entraîne de facto une émergence de relations plus partenariales entre aménageurs et promoteurs.
Cette recomposition s’accompagne bien sûr de l’entrée de nouveaux acteurs qui se positionnent sur l’intégralité de la chaîne de valeur y rajoutant même selon les cas de nouveaux maillons !
Mais ce qui ressort de cette recomposition et qui me semble de très bonne augure c’est bien :
- d’une part que toute entreprise peut se faire bousculer et remplacer par un autre acteur en place de sa propre filière mais en avance dans sa transformation,
- d’autre part que les nouveaux entrants ne sont pas forcément de vilains Barbares sortis des confins voire de la bordure de l’Empire mais bien des acteurs traditionnels issus tout simplement de filières connexes (ou pas), eux aussi en avance dans leur transformation.
Ce que l’on observe pour la filière immobilière se vérifie ou se vérifiera pour toutes les autres filières, ce n’est qu’une question de temps et de maturité des secteurs.
La mort du petit cheval n’étant que le résultat d’un manque de courage associé au mépris des clients !
Je remarque tout de même que sous couvert de néologisme, d’amalgame et de d’approximation en ce qui concerne la transformation des entreprises, se joue au profit d’acteurs bien traditionnels de grandes manœuvres dont les objectifs sont bien la main mise sur l’intégralité de leur filière respective et plus si affinités.
Certains aujourd’hui profite donc déjà bien de l’opportunité qu’offre la transition de leur filière et ont déjà embarqué auprès des Barbares dans le vaisseau du numérique avec l’intention de ne pas les laisser seul maître à bord.
Certes ce n’est pas le cas pour tous et encore beaucoup trop d’acteurs, petits comme grands, en sont encore à agiter le drapeau rouge et à accoucher de plan de transformation s’apparentant à des opérations de ripolin numérique.
Mais la voie est ouverte et gageons qu’enfin les acteurs traditionnels s’y engouffrent, sans se tromper de sens, avec la ferme intention d’effectuer cet aggiornamento sans lequel ils seront au mieux débarqués sur une île déserte, passés par dessus bord, au pire pendus haut et court au mât de misaine…
Cet article a d'abord été publié sur Medium
Crédit image : George Grie (CC)