Référendum de 1995: Match nul et une voie de passage
Référendum de 1995 : Un match nul et une voie de passage
Par Jean Baillargeon, expert-conseil en communication stratégique
En ce 25e anniversaire du référendum de 1995, il est temps de constater, dans une perspective historique que le résultat fut un match nul. En effet, ces résultats n’ont jamais été interprété comme un « oui » à la constitution canadienne de 1982.
En effet, aucun parti politique n’a jamais posé la question aux Québécois par référendum « Voulez-vous que le Québec signe la Constitution de 1982? Ou encore « Voulez-vous que le Québec signe la constitution de 1982 avec la reconnaissance de la nation québécoise ? Fort de leur victoire en 1995, pourquoi les fédéralistes du Québec n’ont-ils pas proposer un référendum d’appui à la constitution canadienne? Tout simplement parce que 60% des francophones avaient voter « oui » et qu’ils avaient peur de le perdre!
Pourquoi alors s’acharner à essayer de réformer un État qui n’a aucune légitimité politique au Québec et qui ne reconnaît pas une nation de 8.5 millions de citoyens? L’Assemblée nationale ayant toujours refusé de signer la constitution de 1982, tant de la part de gouvernements souverainistes, fédéralistes ou autonomistes. Force est de constater que les idéologies (souverainistes et fédéralistes) rattachées aux luttes de pouvoirs entre États (fédéral et provincial) ont fait leur temps. Les quatre échecs historiques de réforme ou d’entente en sont une preuve probante.
Le résultat de 1995 ressemble à s’y méprendre à celui de 1980, à savoir qu’il ne s’agit pas d’un « non » à l’indépendance politique de la nation québécoise, mais plutôt à un non à la négociation d’une entente ou d’un partenariat entre deux États, l’État provincial du Québec et l’État fédéral du Canada, un préalable à l’époque à une forme de souveraineté partagée. Dans ces deux référendums, il n’a jamais été question de l’indépendance politique de la nation québécoise, mais plutôt d’une forme de souveraineté de l’État québécois maintenant un lien avec l’État fédéral.
Rappelons-nous aussi des dates marquantes d’un Canada « qui se voulait inclusif » et des deux défaites du concept de « société distincte » pour les partisans fédéralistes du renouvellement de l’État canadien, à savoir, l’entente du Lac Meech en 1990 et le référendum de Charlottetown en 1992. Donc, deux défaites pour chaque option, dans la « guerre de pouvoir entre États ». Résultat? Un match nul, mais aussi une volonté de changer d’approche pour l’avenir.
Une voie de passage : La reconnaissance de la nation québécoise
En somme, l’indépendance politique ou l’autonomie politique de la nation québécoise à l’intérieur du Canada n’a jamais subi de réelle défaite lors d’un référendum. C’est pourquoi je suggère aux partisans modérés et pragmatiques des deux idéologies, fédéralistes et souverainistes de s’unir pour définir rapidement une constitution québécoise adoptée par l’Assemblée nationale du Québec. Cette constitution inclurait les pouvoirs exclusifs protégeant la nation québécoise et aussi les nations autochtones sur le plan identitaire, environnemental et économique.
Pour moi, 1995, représente un espoir et le début d’un nouveau cycle politique qui met de l’avant davantage l’affirmation de la nation québécoise plutôt que celle de l’État québécois. Le référendum de 1995, c’est un match nul qui ouvre une voie de passage potentiellement victorieuse pour ceux et celles qui désirent faire reconnaître et protéger les droits collectifs des citoyens québécois et des nations autochtones.
Voici ma question de sondage: « Voulez-vous que l’Assemblée nationale du Québec adopte une constitution reconnaissant la nation québécoise, les nations autochtones et leurs droits collectifs? », oui ou non? J’attends votre réponse…