Retour sur notre résidence de design
Notre intention : en nous inspirant des permanences architecturales, nous installer au sein de la Maison de la Nouvelle Aquitaine (la MNA) et co-construire avec les usagers (équipes, utilisateurs, adhérents) le meilleur brief possible pour transformer le Maison de la Nouvelle Aquitaine en ajustant au mieux les ambitions de l’équipe et de ses commanditaires aux réalités de l’outil.
Ce qui marche bien :
Souplesse et fluidité en terme d’organisation : la résidence donne une grande souplesse en terme d’organisation :
nous avons été capables de toucher presque tous les usagers rien qu’en étant présent un jour par semaine pendant 1 mois et demi
Produire des défis de conception en entretien : orienter nos rencontres avec les membres de l’équipe et les usagers autour de la rédaction de défis de conception est efficace. Nous ressortons en peu de temps avec un matériau homogène qui nous a accompagné tout au long de la mission. Dès le démarrage, en posant ce document au milieu de la table, il est clair pour chaque partie que nous sommes au service des usagers (internes et externes), de manière transparente et dans un rôle actif. Nous captons dès le premier jour ce qui selon chaque personne doit constituer l’activité principale de la MNA, ce sur quoi selon eux, ils doivent consacrer toute leur énergie.
Dialogue stratégique : proposer des tests aux membres de l’équipe et faire une séance de retours et d’apprentissages sur ces tests est l’occasion de se poser des questions stratégiques : ah bon, c’est important qu’on fasse ça selon toi ? ah pour moi pas du tout. Au lieu d’un échange conceptuel, d’un exercice imposé par la direction ou portant sur des valeurs, l’échange est ici émergent et le test fait office de juge de paix. Quelque part, on objective les questions stratégiques.
Appropriation et autonomie : nous avons cherché à favoriser l’appropriation par l’équipe, à chaque étape. Ce sont eux qui ont choisi les noms des rôles et fonctions. Ce sont eux qui ont poussé l’exercice de spécification des défis de conception jusqu’au bout, sans nous, eux encore qui ont mené des tests, parfois en en inventant de nouveaux.
Être présent : c’est engageant pour nous, mais aussi pour les clients, qui pendant un jour par semaine ne peuvent pas esquiver nos questions parfois triviales parfois stratégiques. Nous avons le sentiment que notre présence force quelque part le client, et nous force également, à nous parler le plus franchement possible, sans jeu. Ensemble, face au réel.
Unité d’espace et circulation entre les niveaux de lecture : outre le fait qu’il est pratique de travailler en résidence dans un endroit délimité, il est grisant de travailler sur un brief destiné initialement à des architectes d’intérieur, tout en interrogeant la proposition de valeur du lieu. Faire ces allers-retours entre le meta et le tangible est facilité par le fait d’habiter les lieux.
Écologie personnelle : travailler en résidence c’est se faire un grand cadeau. C’est s’économiser les mails entre les jours de résidence, c’est clore (presque) le chapitre à chaque fin de journée et laisser reposer, c’est se concentrer sur une seule et même chose pendant 8 à 10h. C’est une formidable économie d’attention, comme du temps qui compte triple et qui ne vous en prend nulle part ailleurs.
Compression temporelle : vivre une journée sur site crée une forme de bonne tension, qui pousse à se demander, comme un facilitateur, comment utiliser au mieux le temps, les personnes accessibles, l’espace disponible en fonction des objectifs du jour. Nous nous retrouvons à la fois dans les chaussures de codesigners-facilitateurs créant l’espace et dans les chaussures de participants, bénéficiant de cet espace
Alternance exposition - préparation : nous avons alterné, parfois à haute fréquence, des phases d’interactions avec les clients, usager et des phases de récupération - arbitrage - reformulation, production
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Exigence : Nous avons identifié des arbitrages qui n’avaient pas été effectués. Nous les avons formulés avec soin et spécifiés dans notre livrable, sous forme de QCM. Notre livrable était un document actif et engageant et pas juste une retranscription synthétique d’un travail.
Posture de conseil ou de designer : nous sommes allés sur le contenu et avons donné de la voix à plusieurs moments. Des 28 défis de conceptions, nous avons extraits 2 rôles (le guide accompagnateur, le business partner) et 3 fonctions clé (la maison, le phare, la ruche). À partir des 2 rôles, nous avons ajouté un troisième à la fin de la résidence. Nous avons proposé des scénarios de positionnement, puis mis en évidence et développé notre préféré. nous avons rédigé des protocoles de tests
Radicalité - grossir le trait : lors de la rédaction des scénarios nous avons décrit ce à quoi ressemblerait l’activité de la MNA si ils tiraient un fil unique (exemple : lieu de lobbying politique) en forçant le trait (le lieu serait vide la plupart du temps et ce ne serait d’ailleurs pas un problème)
Collaboration : être à 2 est essentiel. À de multiples reprises, l’énergie de l’un permet à l’autre de remonter en selle, l’exigence de l’un se déploie là où celle de l’autre se tarit.
Ce que ça a produit :
Un brief pour des designers : Pourquoi la MNA lance ce projet - Pourquoi vous devriez y contribuer - Le scope - Les arbitrages - Vos objectifs en tant que designers 6. Les principes de design - Les scenarios - Les trois fonctions du lieu - Les trois rôles de l'équipe - Les défis de conception - Les profils des usagers cibles - Ce qui se dessine déjà en terme de design d'espace - Ce qui se dessine déjà en terme de design organisationnel - Calendrier prévisionnel et budget
Des bénéfices intangibles :
l’appropriation des rôles et fonctions par l’équipe - le choix lorsque les arbitrages n’étaient pas clairs - la confiance, de la présidente, de l’équipe, des adhérents - l’exigence de mettre l’usager au centre - la confrontation des croyances au réel
Nos partis-pris :
la confiance dans le fait que l’équipe porte les attentes des usagers - l’approche globale, ne pas se limiter au périmètre “design d’espace” et aller jusqu’à intégrer le fonctionnement d’équipe - la question quotidienne : que pourrions nous avoir produit d’exploitable ce soir ? - le double mouvement : ouvrir au maximum et resserrer au maximum
Brice de Margerie et Samuel Roumeau
Transformation designer | Group genius facilitator | Author
2 ansMerci à vous deux pour ce retour très riche. Je suis particulièrement sensible au point sur l’écologie personnelle. 🙏🏻
S’installer chez l’Autre, la belle affaire … Bravo pour ce soupçon d’audace !