SITL: face à la taille croissante des navires, la Bretagne s’interroge sur la place de ses ports
Lors du très chargé Maritime Day du 21 mars 2018 organisé dans le cadre de la SITL (Semaine internationale du Transport et de la logistique) Pierre Karleskind, 7è vice-président de la région Bretagne chargé de la mer et des infrastructures portuaires, s’est publiquement interrogé sur la place des petits ports dans le maillage mondial (1); les 22 ports bretons représentant moins de 7 Mt par an.
D’autant plus « qu’avec le gigantisme des navires, je me demande finalement si les entreprises de transport maritime ne sont pas en train de faire leur marge sur le dos des contribuables ». En effet, au fur et à mesure que la taille des navires augmente, il faut des investissements pour agrandir les capacités physiques portuaires. « Et quand il n’y a pas d’investissements publics, et bien cela ne marche pas » estimait le 7è vice-président. Par un effet de « decascading » (2), les navires susceptibles de fréquenter certains ports bretons sont plus grands et ont besoin de capacités physiques portuaires plus grandes. « Je me demande donc pourquoi et comment investir dans certains de ces ports » expliquait Pierre Karleskind,. Autre question autour d’un même thème: « quelle est la place des ports dits secondaires dans les chaînes logistiques aujourd’hui ». Pour conclure, Pierre Karleskind a souligné qu’il était comptable de la bonne utilisation de l’argent public investi dans les ports ou ailleurs.
Ces propos rappellent fortement certaines conclusions du rapport d’Olaf Merk, responsable du transport maritime à l’OCDE, mettant en garde contre les effets négatifs des très grands porte-conteneurs sur les finances publiques (3). Il appelait les États ou les collectivités à bien évaluer l’intérêt d’investir des dizaines de millions d’Euros dans l’agrandissement des capacités physiques de leurs ports à chaque fois que les chantiers et les armateurs augmentent la taille de leurs porte-conteneurs. Invité également au Maritime Day, Olaf Merk a une nouvelle fois souligné qu’au fur et à mesure que la taille des porte-conteneurs augmentait, le rendement à l’EVP transporté diminuait. Il semble bien que les constatations du rapport d’Olaf Merk soient restées sans suite visible au moins en Europe, sauf peut-être en Bretagne.
1) L’Etat « stratège » a, lui, trouvé une solution, il y a déjà plusieurs années, en « fourguant » les ports de commerce dits d’intérêt national aux régions.
2) Remplacés pour des navires plus grands, les unités « moyennes » sont repositionnées sur des routes secondaires et chassent les plus petits navires.
3) « The Impacts of Megaships », Forum of International Transport, OCDE mai 2015