Sobriété j'écris ton nom

Sobriété j’écris ton nom.

Nous étions à la Conférence sur la Sobriété organisée au siège du Groupe Les Echos Le Parisien par l’Institut Opinion Way qui révélait les résultats de son étude « Sobriété : Terme à bannir ou à investir »

Alors que ce mot écume les media, suscite la polémique et n’est pas toujours vu d’un bon œil, les résultats de l’étude sont étonnants et plutôt porteurs d’optimisme : 73% des Français pensent que c’est un mot, une idée, un principe positif ! 

Après tout, la sobriété ou « tempérance » était une des vertus cardinales célébrées depuis l’Antiquité grecque, au même titre que la Justice, le Courage, la Prudence.

Mais à partir de la Renaissance où pointe la notion de puissance créatrice infinie, puis sous l’effet d’emballement sous les différentes Révolutions industrielles et de l’avènement de la société de consommation de masse, c’est le concept de « croissance » qui va s’imposer. Depuis, malgré le Rapport Meadows de 1972 qui alertait sur « Les limites de la croissance », les 27 Conventions Internationales sur le Climat, les 6 rapports du GIEC ce principe signe et persiste.

Pourtant, la Crise Covid récente a été une sorte de crise cathartique collective avec une prise de conscience que « quelque chose déconne dans notre monde» et qu’il serait urgent de penser d’autres modèles. Le Covid a réconcilié définitivement le consommateur et le citoyen.

C’est dans ce cadre que se réfléchissent les fameux 73%.

C’est pour une majorité même, la « promesse d’un idéal » avec pour 34% d’entre eux le signe d’un retour à une forme de Simplicité, Equilibre, Sagesse (la fameuse « tempérance » antique….)

-      73% des Français pensent que consommer mieux, c’est avant tout consommer moins

-      80% d’entre eux déclarent qu’ils pourraient être heureux dans un monde plus sobre

-      82% pensent que réduire notre empreinte carbone est un enjeu majeur

-      Et même 52% pensent qu’il faut sortir du mythe de la croissance infinie et revoir complètement notre modèle économique.

Les Français déclarent agir de plus en plus à leur échelle pour adopter des gestes écologiques au quotidien : 40% déclarent se déplacer à vélo ou à pied quand ils peuvent plutôt qu’en voiture vs 23% en 2008, 53% déclarent limiter leur consommation de viande vs 41% en 2008, 70% déclarent réduire la température de leur logement de 2-3 degrés vs 54% en 2008,….

Mais l’étude montre aussi qu’il y a beaucoup d’attentes vis-à-vis des entreprises dans ce nouveau modèle de société plus sobre : 70% pensent que les entreprises ont un rôle à jouer sur les sujets de société.

-      84% ont besoin de preuves tangibles pour croire les marques qui communiquent sur leurs engagements

-      68% estiment que les marques n’aident pas à consommer responsable avec les produits/ services proposés aujourd’hui.

A la suite de la présentation de ces résultats, la table ronde entre Claire Collet Directrice de la Marque d’Orange, Tiphaine Ruault du Plessis Présidente de BETC Fullsix et Hélène VALADE Directrice Développement Environnement chez LVMH a été riche d’enseignements.

Hélène montre que le luxe peut être à la fois du côté de l’hybris et de la démesure ou au contraire du côté de la rareté. Le luxe sobre serait un luxe de la discrétion, de l’intemporel, ce qu’elle nomme le « quiet luxury ». Elle raconte comment LVMH a une politique volontariste dans cette voie-là en gérant la rareté des matières premières, en promouvant l’agriculture régénératrice, en adoptant en Sept. 2022 un plan de sobriété énergétique (comment utiliser la lumière naturelle et la lueur de la lune la nuit plutôt que l’électricité dans les vitrines).

Pour Claire, le sujet de la sobriété chez Orange n’est pas un sujet de communication mais d’engagements internes pour apporter les preuves de la démarche.

Pour Tiphaine, il s’agit d’inventer de nouveaux récits, de trouver les bons mots, les éléments narratifs sans nécessairement employer le mot sobriété.

Alors finalement, sobriété je n’écris pas ton nom ? je le suggère…

A méditer.