SVB, FRC, Crédit Suisse... Tous les chemins mènent à Rome ?
Pendant un moment, le sentiment à l’égard de l’économie a commencé à changer de manière plus optimiste dans la foulée de rapports économiques plus valorisant que les attentes de nombreux économistes.
Mais tout cela a pris fin la semaine dernière lorsque des inquiétudes concernant la stabilité financière sont apparues à la suite de deux faillites bancaires, qui à leur tour ont mis en lumière les vulnérabilités des petites banques régionales. En 5 jours, l'indice Nasdaq Bank dévisse de 15% et environs 100 milliards de valorisation des grandes banques US s'évaporent. Mais ce n'est rien face à la perte subis par SVB qui pert 60.4% de sa valeur en une seule journée ou encore les rebondissements dans l'affaire Crédit Suisse qui à l'heure ou j'écris cette article à reçu d'abord une offre de 1 milliard de dollars soit 0.27$ par action de la part d'UBS qu'elle refuse. Après avoir renchérie à 0.54$ par action UBS dépose 3.2 milliards de dollars en action UBS sur la table. Crédit Suisse était encore cotée 7 milliards.
Hier matin, les CDS d'UBS subissaient les secousses de cette nouvelle acquisition et S&P contre attaque face à UBS.
Il y a du mouvement du coté des banques et ça semble bouillonné de partout. Mais la question que je me pose est simple : Est-ce que tout cela est le fruit des hausses de taux de la FED ?
L'augmentation des taux d'intérêt peut avoir un impact significatif sur les marchés financiers et l'économie. Nous avons tous vu et appris que l'impact de ses hausses est perçu avec un certain lag temporel. L'agitation dans le secteur bancaire cette semaine montre que la notion du temps est en effet relative.
« Les analystes de nos banques prévoient une augmentation significative des coûts de financement à venir, ce qui entraînera un resserrement des normes de prêt, un ralentissement de la croissance des prêts et des écarts de prêts plus importants » Ellen Zentner.
« Nous nous attendions déjà à un ralentissement significatif de la croissance et des créations d’emplois au cours des prochains mois, et la perspective d’un resserrement substantiel des conditions de crédit augmente le risque qu’un atterrissage en douceur se transforme en un atterrissage plus difficile. » chief U.S. economist at Morgan Stanley.
Et ce n'est pas les seuls à être devenu plus péssimiste, les économistes de Goldman Sachs, JPMorgan et Wells Fargo réduisent eux aussi leurs prévisions de croissance.
Nous faisons face au même dilemme depuis toujours. D'une part emplois seront "presque certainement" (je préfère mettre cela entre guillemet parceque des surprises sur ce marché de l'emploi lié aux pénuries de mains d'oeuvre peuvent créer certaines surprises) perdus car un système bancaire plus serré devrait signifier que le financement devient moins accessible. De l'autre, n'est ce pas ces effets que la FED vise depuis qu'elle a tiré ses premières balles face à l'inflation ?
La réflexion de la FED est simple, l'augmentation des taux implique un coût de la financement plus cher et une rémunération des dépôts plus généreuse, ce qui fera en sorte d'avantager l'épargne face à la dépense, moins d'argent pour consommé, donc moins de biens vendu, donc baisse des prix (ou une augmentation beaucoup plus modéré) pour rendre de nouveau la dépense plus attractive que l'épargne.
Je ne m'imagine pas la FED avoir l'intention d'un scénario qu'une banque fasse faillite et je dirais même que c'est pour éviter ce genre de situation qu'on attendait tous que la FED agisse plus tôt (fin 2021). Le risque qu'une banque dépose son bilan allait forcément être considérable vu la façon dont cette nouvelle politique monétaire a été mise en œuvre. C'est pour faire face à cette effet que la FED a injecté 300 milliards de dollars sous forme de marge de crédit
et que les banques se sont ruées vers le robinet de la FED, absorbant 150 milliards de liquidité, une soif plus importantes que celle de 2008 pour l'instant.
Cette ruée vers la liquidité crée un séisme coté prévisions de taux.
Mais ironiquement, ces faillites bancaires qui à mes yeux sont indésirables peuvent avoir l'effet escompté favorisant les conditions nécessaire à une accalmie de l'inflation.
« La pression continue pourrait amener les petites banques à devenir plus conservatrices en matière de prêts afin de préserver la liquidité au cas où elles auraient besoin de faire face aux retraits des déposants, et un resserrement des normes de prêt pourrait peser sur la demande globale » Jan Hatzius, économiste en chef chez Goldman Sachs.
Petites ne signifie pas insignifiantes loin de là.
« Les banques avec moins de 250 milliards de dollars d’actifs représentent environ 50% des prêts commerciaux et industriels américainsn, 60% des prêts immobiliers résidentiels, 80% des prêts immobiliers commerciaux et 45 % des prêts à la consommation. » Jan Hatzius.
Je l'ai déjà évoqué, les faillites involontaires des banques sont favorable à l'atteinte des objectifs de la FED. Ce n'est peut-être pas le chemin choisis mais tous les chemins mènent à Rome.
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« Est-ce ainsi que nous voulons que les politiques de la Fed gagnent du terrain ? En déstabilisant le système bancaire ? En créant un retrait de crédit ? En causant trop de dommages à l’économie et à l’emploi ? Vous savez, ce n’est pas ainsi que la politique monétaire est censée gagner du terrain, pas par l’instabilité financière. Alors oui, dans une certaine mesure, cela signifie que la Fed se retrouvera avec une inflation plus faible qu’elle ne l’aurait été autrement. Alors oui, dans une certaine mesure, cela signifie que la Fed se retrouvera avec une inflation plus faible qu’elle ne l’aurait été autrement. Mais le voyage là-bas est terrible, et c’est inutile.» Mohamed El-Erian, conseiller économique en chef chez Allianz.
On comprend donc facilement que les nid de poules sur ce chemin peuvent causé beaucoup plus de dommages sur la locomotive économique que ce qui aurait été nécessaire pour maîtriser l’inflation.
A l'heure actuelle, on devrait attendre environs 1 mois pour voir l'impact du bouillonnement des banques sur les données macroéconomique.
Au cours des 40 dernières années, il n'y a eu que 4 fois des mouvements sur le marché obligataire comme ceux de cette semaine.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises sur le marché obligataire. Les détenteurs de 17 milliards de dollars d’obligations de Credit Suisse se sont fait plumé et ça ne risque pas de passé inaperçu, cette décision entraînerait probablement une vente d’autres dettes bancaires ce qui peu conduire à un « cauchemar » sur les marchés de la dette européens.
«Un banquier a déclaré que la décision pourrait conduire à un « cauchemar » sur les marchés de la dette européens, d’autant plus que les détenteurs d’obligations subissaient des pertes plus lourdes que les actionnaires du Credit Suisse.» ft.com
Pendant ce temps, les banques régionales continuent de s'effondrer malgré un renflouement de 30 milliards de dollars par les banques systémiques américaines. La Deutsche Bank est elle aussi pessimiste et avoue que les craintes de contagion financière sont dramatiques.
Les "grandes banques" ont transféré 30 milliards de dollars de dépôts aux "petites banques" (en particulier la First Republic Bank).
Malgré cette intervention, la réalité reprend ses droits et la chute des banques régionales se poursuit faisant vacillé le reste du secteur. Wallstreetbets reprend des couleurs, les tickers des banques se retrouve en tête de plotons et FRC est passé en tête des actions les plus activement négociées par le "peuple".
Une question se pose quand même : Pourquoi après cette énorme injection de liquidité, le secteur s'enfonce encore ?
A mon avis le problème est simple, cette injection au final soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Cela revient comme à répandre le risque de contagion pour obtenir un "faux sentiment de confiance". Le risque de défaillance de la FRB est maintenant réparti sur les plus grandes banques. Je trouverai cela irrationnel qu'elles accepteraient une telle situation sans avoir été poussées à le faire. J'imagine qu'en contrepartie de ce geste, les autorités ont du donner des assurances de garanties en cas de défaillance.
En ce qui concerne SVB, le CEO qui je le rappel à vendu pour 3.6 millions de dollars d'action juste avant que la banque ne dépose son bilan,
se nargue maintenant, et je dirais même qu'il a raison, d'avoir la banque la plus "safe" au pays suite à la décision de la FDIC de couvrir totalement tous les dépôts de cette banques contrairement au 250k $ / comptes prévus dans cette situation.
Du coté des marchés, il faudra faire attention et garder ses billes au fond de sa poche pour l'instant.
De mon coté je garde on scénario à court terme d'un retour entre 3700-3800 pour le SP500.