Synthèse du marché des mid caps françaises en 2017 et perspectives 2018
I – Bilan des performances 2017[1]
1-1 – Performance par segment : une surperformance continue des mid et small caps.
Les marchés actions français ont réalisé une 6eme année consécutive de hausse. Aucun des risques qui pesaient en 2017 (risques politiques en Europe, risque de remontée des taux trop rapide aux USA) ne se sont finalement matérialisés.
Portées par une reprise synchronisée sur les différentes zones géographiques, les PME ETI ont publié de solides performances financières qui ont attiré un nombre croissant d’investisseurs, obligeant par ailleurs certains fonds spécialisés à « soft closer ». Le CAC MidSmall surperforme le CAC40 de 12% et marque un écart record depuis 2010. Une surperformance qui s’explique en partie par le nombre important d’offres publiques depuis 2007 avec 49 offres en 2017 contre 36 en 2016 (54 en 2007). Simultanément les ratios de valorisation se tendent, avec des indices dont les ratios prix sur actif net s’installent au-dessus de 2.
Le CAC mid60, indice des valeurs moyennes, signe la meilleure performance du marché parisien avec une hausse de 22.2% sur l’année. Nous retrouvons en haut de classement les entreprises en retournement (Soitec, Eramet) et/ou avec un attrait spéculatif (Ubisoft). Sur les small caps, les leaders de l’indice ont tous connu une nette amélioration de leur performances financières après avoir déçu les années précédentes (Catana, Bénéteau, Trigano)
La saisonnalité des performances relatives mid caps versus large caps a été modifiée par le calendrier électoral européen. La très forte surperformance attendue du premier trimestre a finalement eu lieu au 2eme trimestre une fois que les « nuages populistes » ont été écartés. Par la suite, la synchronisation de la reprise économique a permis une surperformance continue des valeurs moyennes, y compris au 4eme trimestre.
1-2 – Bilan des entrées sorties d’entreprises et des opérations publiques : toujours négatif
La cote continue de se contracter : seulement 14 IPO ont eu lieu en 2017 (contre 15 en 2016 et 26 en 2015), alors que 17 entreprises sont ressorties. Le solde est nettement négatif avec une sortie de capitalisation boursière de 8.7Mds€ (SFR, Areva…). Sur les 14 IPO enregistrées, 4 concernent le secteur de la santé (contre 5 en 2016). Mais il est à noter malgré l’environnement porteur que seules 3 IPO sur 14 ont terminé l’année avec une performance absolue positive (Balyo, X-Fab et Biom’up).
Le nombre d’opération de haut de bilan se stabilise. 30 opérations ont été recensées en 2017 avec des primes « 3 mois » de 30.07% qui sont supérieures à celles constatées en 2016 (26.56%).
Le secteur technologique est resté le plus dynamique en représentant 28% des transactions.
II – MidCaps et perspectives 2018
Le forum Oddo Midcap qui se tient début janvier de chaque année a regroupé cette année 260 sociétés et 252 investisseurs (dont 39% d’étrangers) au travers de 6350 rendez-vous permettant ainsi de prendre le pouls de la classe d’actif.
2-1 – Perspectives qualitatives[2]
Il ressort des échanges les principaux constats qualitatifs suivants :
- Une perception de l’environnement économique clairement positive :
o Cette perception, portant principalement sur les volumes, est évidemment plus marquée sur les secteurs cycliques, mais reste partagée par une grande majorité des corporates.
o Les pays émergents restent porteurs, le Brésil se porte mieux et les entrepreneurs reparlent de l’Inde. L’Europe du Sud s’améliore.
o Les plus petites entreprises de technologie doivent gérer une hyper croissance, tandis que les entreprises de média « calent ».
- Les opérations de fusions acquisitions vont se poursuivre :
o Les achats se veulent sélectifs avec des prix limités autour de 8x EV/EBITDA, toutefois certaines valorisations sur les valeurs technologiques « refroidissent » les ardeurs d’acquisition.
- La faiblesse du dollar contre toutes devises commence à inquiéter.
o Néanmoins il convient de relativiser, il s’agit d’avantage d’un risque de translation que d’un risque de transaction.
- La hausse des matières premières n’est pas encore au premier rang des priorités mais pourrait le devenir.
o Le pire semble derrière nous en ce qui concerne l’industrie para pétrolière, surtout aux USA, mais les capex ne sont pas encore visibles sur toute la chaîne… il ne se passe toujours rien dans la certification.
- D’un point de vue industriel :
o L’automobile et l’IT sont toujours au beau fixe et l’industrie connaît une bonne dynamique.
o A l’inverse les média souffrent toujours de la transformation du secteur publicitaire et de la course au contenu.
2-2 Perspectives quantitatives
Croissances bénéficiaires :
Les prévisions de marché sont toujours optimistes pour les mid et small caps en 2018 avec:
- des attentes très légèrement supérieures en 2018 par rapport aux croissances de 2017 (malgré un effet de base plus difficile), mais en ligne avec les attentes 2017 à la même époque d’estimation,
- la hiérarchie traditionnelle des anticipations : les plus petites valeurs ayant des anticipations de croissances bénéficiaires bien supérieures aux larges caps. Toutefois ces dernières nous semblent trop optimistes.
L’impact de changement de fiscalité aux USA n’aura qu’un impact marginal sur l’univers des midcaps, la base taxable américaine étant très faible. De même, il est trop tôt pour anticiper les impacts de la baisse du taux de l’IS en France.
Valorisations :
Les valorisations des midcaps sont revenues sur des points hauts et traitent avec des primes d’environ 30%, selon les ratios utilisés, par rapport aux large caps.
Ces primes de valorisations correspondant approximativement au différentiel de croissance bénéficiaire entre large cap et midcap. A l’inverse, la notion d’illiquidité n’est plus prise en compte par le marché, ce qui peut s’avérer dangereux en cas de prise de profit.
Les valorisations actuelles ne laissent aucune place à la déception sur les publications du T4 2017 et les perspectives 2018.
A court terme, le marché joue les secteurs les plus « value », auto, pétrole dont les équipementiers sont très présents dans les valeurs moyennes et ceux positivement impactés par une remontée des taux comme les banques et assurance uniquement présente dans l’univers des large caps.
Conclusions :
Dans ce contexte de croissance installée, d’inflation basse et de politique monétaire toujours accommodante nous devrions connaître :
- une surperformance relative des midcaps par rapport aux larges caps, avec le maintien de la saisonnalité de la surperformance au 1er semestre, mais avec un spread moins élevé que les années précédentes (impacts de secteurs Banques/Assurances).
- eu égard aux valorisations actuelles déjà tendues, une performance absolue inférieure à 10% nous paraitrait plus raisonnable.
Nous garderons une attention particulière aux risques suivants :
- du coté des entreprises : risque devise et matières premières, facteurs d’incertitude, créant un contexte moins favorable.
- Du côté du comportement des investisseurs : risque de remontée trop rapide des taux de la FED et fin trop brutale du QE de la BCE pouvant impliquer des changements d’anticipation de la part des investisseurs.
[1] Source ID MidCaps.
[2] Avec l’aide des équipes d’Oddo BHF pour compléter notre panel
Sélectionneur de gérants, conseil pour family offices, ISR Advisor, journaliste indépendant, Ghost writer
6 ansMerci pour ce travail qui nous change des publications/vidéos d’autosatisfaction ou d’auto promotion de gérants valeurs moyennes qui se croient meilleurs que les autres alors qu’ils travaillent juste sur une classe d’actif à la mode.