TOME II COULISSES DES MONDES MYSTÉRIEUX/ chap 35 Retour inespéré/ LA VOIE DE L'ULTIME ESPOIR

TOME II COULISSES DES MONDES MYSTÉRIEUX/ chap 35 Retour inespéré/ LA VOIE DE L'ULTIME ESPOIR

contexte historique 23e siècle

 

Chap. XXXV 

                                             

                                                   Retour Inespéré.

 
           Au bout de douze heures de troisième jour de déambulations, j'étais perdue dans ce désert aride. Ma soif et mon épuisement avaient dépassé mon seuil d'endurance. L'air ocré sous l'effet des 54° Celsius de l'ardeur des rayons du soleil écrasait impitoyablement la poussière. L'apesanteur, accentuée par cette fournaise, s'abattait sur le sol et me grillait sur le sable brûlant, comme la braise ardente d'un barbecue dore un rôti de jambon. Ma fatigue anesthésiait mon visage, cramoisi de brûlures des rayons ultraviolets. Au-delà de mes espérances, j'entendis des voix en direction de ce qui me semblait être une oasis. Aveuglée par le soleil et la fatigue, je portai mes mains en visière et scrutai, péniblement, mon environnement proche. Malheureusement, je n'aperçus que des touffes d'herbes jaunies et des plaques brûlées que les cailloux garnissaient. Sans perdre espoir, je me laissai guider par ma première intuition, basée sur la provenance des sons de ces voix. Surgissant de nulle part, tel un mirage qui naît de l'ardeur du sable et du désir de nos pensées, je discernai un petit groupe de nomade qui abreuvait leur dromadaire, près d'une source d'eau où les libellules batifolaient entre les nénuphars. En me rapprochant, je constatai qu'ils étaient bien réels. Ils portaient des tuniques courtes de lin beige clair, et à manches longues, sous des pantalons de textile et de couleur identique. Des turbans en vichy rouge et blanc recouvraient et protégeaient leur tête du soleil qui dorait quotidiennement leur peau caramel. J'avais quelques notions de l'arabe qui auraient dû, au moins, me permettre de distinguer quelques mots. Mais ils parlaient dans un dialecte que je ne comprenais pas. Il faut dire que depuis les plus grandes catastrophes climatiques et les transformations de l'Afrique, en trois îles, les rescapés des différents peuples de nomades ne formaient plus qu'un, à travers une seule coutume, non religieuse, comme ce fut avant l'arrivée de cette dernière, dans leur quotidien, laquelle apportait équilibre et harmonie, au sein de leurs tribus réunis. Ils parlaient tous, autant l'Arabe que le dialecte berbère. À ma vue, ils interrompirent leur conversation et braquèrent simultanément leur regard, dans ma direction.
 
-      « 'Afwan. Hal kull chay'bi-khayr° (Excusez-moi, est-ce que ça va ?) ? Demanda l'un d'entre eux, en s'exprimant dans un arabe moderne standard qu'il emploie par politesse, envers tout étranger.
- Hal taHtâju ilâ musâ'ada° (Avez-vous besoin d'aides ?) ? Questionna un deuxième. Mâdhâ waqa'a° (Que s'est-il passé ?) ? »
 
         Je me doutais bien qu'il me parlait de ce qui m'arrivait, car certains mots m'étaient compréhensibles. Mais incapable de tenir une conversation courante, dans cette langue. Je ne pouvais nullement leur répondre. Tout à coup, sans en faire la demande, ce dernier vint à mon aide, pour me soutenir jusqu'à la source. Je me penchai au-dessus de l'eau, afin de me désaltérer, avant de me rafraîchir le visage. Soudain un reflet apparut à travers l'ondulation de l'eau que provoquait ma main, lorsque je buvais. Pris de panique, mon bon samaritain s'enfuit en hurlant à ses compatriotes des propos de mise en garde, à nouveau dans son dialecte. Lorsque l'eau s'arrêta d'onduler, je reconnus le visage de Katel. Malgré l'épuisement, je ne pus contenir ma joie.
 
-        « C'est toi, mon cœur ! Balbutiai-je, d'une voix exténuée. C'est merveilleux, je pensai justement à toi, dans le désert !
-        Oui; man, c'est bien moi, j'ai trois secondes pour te parler, avant que la porte sonique et visuelle de la brume ne se referme. Les sept ............*, une fois réunies, uniront leur énergie pour se tenir dans l'espace en forme de pyramide, à un mètre du sol. Tu compléteras le sommet avec une boule de diamant de gemme de la taille de celle que possède papa, le mien est trop petit et tu dispose-ras mon corps, sans son enveloppe charnelle,* en dessous de ce phénomène pyramidal, expliqua-t-il, d'un ton direct et précis. »
 
         Puis il disparut. « Pourquoi me parle-t-il de son père ? Ne serait-il pas au courant que nous nous sommes perdus dans le désert ! Rêvassai-je. » Je me relevai et me retournai vers les nomades qui s'étaient réfugiés derrière les palmiers jonchant les rives de la source. Le même homme en sortit et m'adressa la parole, d'un air effrayé et paniqué.
 
-       « If'ali 'intibâhun° ! Huwa al jinn° ! Huwa khatîrum° ! (Faites attention ! C'est l'esprit du désert ! Il est dangereux !) »
 
         Je ne parle pas votre langue ! Communiquai-je, en mimant le message que je voulais transmettre. Je ne peux pas vous comprendre !
 
-      « Al 'âSifa ta-Silu ° ! Yajib an nusâfir° ! (La tempête arrive ! Il faut partir !) Déclara-t-il, d'un ton convaincu. Hal anti firansiyya° (Êtes-vous française ?) ? Interrogea-t-il. Hal anti firansiyya (Êtes-vous Française ?) ? Réitéra-t-il. »
 
       Le désespoir pointait ses calamités, lorsqu'il formula un semblant de français, avec un accent oriental.
 
-     « Française vous ? Quêta-t-il, avec le même accent du proche orient. 
-      Oui, moi Française. 
-      Venir khamsin ici... venir khamsin... khamsin là-bas venir, me comprendre vous ? Demanda-t-il, avec cette fois, un accent anglophone. 
-       Qu'est-ce que vous voulez me dire ? Contrôlai-je, de vous comprendre ou si je vous comprends. »
 
        Malheureusement l'incompréhension de notre discours s'avérait réciproque. Il continuait à prononcer cette phrase qui revenait souvent et qui me semblait être de l'anglais. « Come sing, come sing ! Insista-t-il, en gesticulant de panique et les yeux allumés de sincérité. » « J'espère qu'il n'est pas en train de me demander de chanter ! Songeai-je. Pas dans de telles circonstances ! Oh ! Je ne pense pas ! Il n'aurait pas eu l'air aussi paniqué. C'est certainement quelque chose de grave. Et puis comment saurait-il que je suis une amatrice de la chanson. Come sing, come sing, après tout je dois certainement me tromper, il parle peut-être du chiffre 50 qui se dit, si je ne me trompe pas, khamsîn en arabe moderne standard. Mais alors, que peut-il signifier ? » Puis il se mit à me parler de jeans.
 
-     « Danger, Djinn annoncé danger !
-      Maintenant c'est mon jeans ! Qu'est-ce qu'il a mon jeans, il va craquer ? Me scrutai-je, de bas en haut, les sourcils plissés d'incertitude. Quel danger voit-il sur mon jean ? 
-     Ceux sont les djinns dont ce bédouin essaye de vous mettre en garde jeune demoiselle, c'est à dire les esprits du désert qui annoncent l'approche d'un khamsin. C'est une tempête du désert. Votre conversation, avec un spectre de l'eau qui dans leur culture représente une manifestation des djinns, a suscité leur frayeur, affirma un homme qui apparut brusquement, dans mon dos, sous une cape blanche. » 

      Simultanément, je me mis face à lui, mais face aux rayons de soleil également, dont je me protégeai la vue, en portant mes mains en visière. Lorsqu'il souleva sa cape qui retomba sur ses épaules, un tourbillon lumineux m'emporta dans la nébuleuse cognitive de mon cortex cérébral. Je m'étais évanouie. À mon réveil, j'étais al-longée sur un transat d'infortune, sous une tente de toile de peau de chèvre, grisée par l'usure et la sécheresse. Quelques secondes qui me parurent une éternité s'étaient écoulées. Une amnésie complète souleva mon angoisse de ce qui avait pu se produire auparavant. Il me semblait également entendre une conversation en arabe...etc...


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