Rendons-nous a l’évidence : la paix, ça n’est jamais gagné !
Tous les jours ou presque, en fin d’après-midi, avant que le soleil n’aille se coucher, au pied des collines qui bordent les étangs de mon village de Valojoulx, je laisse promener mes pieds en bordure de l’eau pour partager au hasard de mes rencontres avec les uns et les autres, arbres, bêtes et humains, un bref moment de paix.
Les petites barques animalières des canards et des poules d’eau flottent en flaques. J’admire le jeu des lumières et des reflets sur les frisselis des flots du couchant. Un héron paisible de fine porcelaine blanche souligne à sa manière l’importance de cette promenade méditative.
J’aime aussi aller à la “pêche-aux-gens” tel un plongeur de pensées perlières. C’est inouï ! Pas un jour où, dans ce havre de paix, le paysage ne soit pas aux anges et où des promeneurs inconnus en profitent, non pas pour converser de la pluie et du beau temps, mais pour savourer un instant de subtile simplicité et de poésie inédite. Le tout accompagné d’humeur badaude et d’humour ravageur.
Dans ce paysage sans cesse changeant et au milieu de nos écoutes qui jouissent d’une rare liberté, il n’y a rien de convenu ni d’imposé. Ceci apparaît comme étant la preuve même d’une véritable déclaration de paix.
Et pourtant…
Bien plus qu’à l’accoutumée, samedi dernier, quelque chose n’était pas comme d’habitude. Mes premiers pas m’ont immédiatement averti que quelque chose clochait. Jérémy, un ami habitué des lieux qui repartait après avoir fait faire un tour de poussette à sa petite princesse Camille, m’avait prévenu : “Là-bas, il y a eu un accident d’hélicoptère !”.
J’ai cru qu’il blaguait.
Pourtant, on n’était pas le 1er avril. Il a insisté en me signalant la présence de gendarmes et de pompiers autour de l’épave de l’hélico. Immédiatement, je me suis senti investi du rôle d’enquêteur de séries criminelles sur le petit écran. Une erreur commise sans y penser. Un reflexe ! Je me suis précipité et j’ai souillé la scène du crime. Je me suis retrouvé comme en terrain hostile, au milieu des badauds, là où, comme en guerre il y avait de la panique dans l’air. Et, en guerre, la première victime, est toujours la vérité. J’en ai vite fait les frais. Parmi les personnes que j’interrogeais, pas une pour me dire la même chose. Souvent les explications commençaient par : “Il paraît que…”. La suite devenant très difficile à confirmer.
Les étangs de Valojoulx, d’ordinaire si calmes et si sereins, étaient devenus inquiétants et sombres. La peur régnait sur le champ de bataille. Tout le monde semblait suspecter ce qui était arrivé et en être personnellement affecté. Les canards et autres volatiles avaient déguerpi.
Souhaitant détendre l’atmosphère et pensant bien faire, j’ai balancé une très mauvaise blague : “Une simple bombe atomique qui tombe quand on ne s’y attend pas et… la journée est gâchée !”.
Les regards se sont retournés contre moi et m’ont obligé à reprendre mon sérieux ou à partir. Un conflit de voisinage est si vite arrivé. De là, à ne plus se parler et à ce que l’incompréhension se prolonge, il n’y a qu’un pas. Un pas qui va nous obliger à marcher à nouveau au pas.
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Au pas ! Au pas ! Au pas camarade ! Au pas ! Au pas ! Au pas !
POST-SCRIPTUM
Depuis ce samedi, avec les bruits de bottes qui se propagent en Europe, en boucle sur toutes les chaînes et dans tous les esprits, j’ai essayé d’intensifier mes manœuvres de paix autour des “Étangs-Unis” de Valojoulx.
Si vous passez par là, vous êtes invité.
Mais là où vous êtes, n’hésitez pas de votre côté à créer des plages blanches de liberté où la parole peut redevenir amicale, les idées se délier, et l’avenir retrouver quelques raisons de vivre en beauté.
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Dernière minute : ce jeudi matin, mon cœur se rapproche de mes amis d’Ukraine et de Russie avec qui j’ai travaillé en toute créativité et je leur envoie tout mon amour et tous mes encouragements. Il s’agit autant que possible, sinon plus, de tenir bon et de toutes nos forces de paix.
Réécoutez les 3 perles audio du lundi 21 février