Tout se joue au (re)commencement

Sur le plan de la relation, tout se joue au commencement. Will Schutz qui a construit l'approche "Element Humain" nous l'explique : l'inclusion ou intégration, le premier moment de la rencontre (ou des retrouvailles) va signifier ou pas à l'autre "Tu es important.e" , "Tu as ta place ici", "Tu as de la valeur à mes yeux" si je lui accorde considération, attention et temps. L'inverse dans un accueil bâclé, dans un retour de confinement ou d'absence prolongée va produire des ressentis du style "je suis invisible, transparente, interchangeable" "présent ou absent, quelle différence?" "rien à f...de moi" "je suis un numéro, un matricule". De là découle -c'est assez simple à comprendre et nous l'avons tous expérimenté- démotivation, envie d'aller voir ailleurs, déconsidération en retour, défiance.

Alors dans cette reprise en plusieurs marches, comment allez vous signifier à vos équipes, collègues, clients qu'ils comptent pour vous en tant que personnes et pas qu'en temps que producteurs ? Avec quoi aimeriez vous qu'on vous accueille après cet éloignement forcé ? et pour ceux qui étaient déjà au charbon courageusement et ont "tenu la boutique", comment allez vous marquer le coup, célébrer ce cap et recharger les batteries de tous pour la suite ?

Dans les rituels d'inclusion, il y a ce que vous savez faire naturellement, offrir le café (ou autre, ne faisons pas de fixette...), amélioré de sucreries (on n'en est pas à une près;-) et prendre vraiment un temps pour prendre des nouvelles, écouter et accueillir. Rien qui ne mette en péril la vie de l'entreprise...je suis sûre que vous pouvez imaginer un tas d'autres événements dans ce sens et suis preneuse en retour de cet article de vos initiatives !

Tout se joue au commencement et se quitter est un art.

Au début de la relation il y a l'inclusion et à la fin son symétrique: la déclusion ou fin de relation ou séparation, tout aussi stratégique. Pourquoi ? parce que ça prépare la suite de l'aventure...

Sur le temps d'une réunion ça donne accueil/intro puis conclusion/au revoir. Sur le temps d'une collaboration, ça donne : recrutement/intégration puis départ volontaire ou forcé. Je vous fais l'économie de l'analogie avec la vie des couples mais juste en le disant, vous savez le puits d'énergie que cela peut constituer pour les protagonistes quand c'est mal géré.

Alors je me permets d'anticiper les décisions compliquées et douloureuses que vont connaître comme à chaque crise un certain nombre d'entreprises et de patrons, celles de se séparer de professionnels qui ont travaillé avec.

En 1997, jeune diplômée agro, j'étais salariée en CDD d'une usine à la campagne détenue par un groupe international qui a pris la décision pour des raisons conjoncturelles de fermer l'usine. Le Directeur Industriel du groupe avait appelé le maire de la commune pour lui dire en substance "nous devons fermer l"usine et nous séparer des personnels mais rassurez vous , dans notre groupe, nous faisons ça bien". Au delà de la violence de la nouvelle et l'injustice que j'ai pu ressentir du haut des illusions de mes 25 ans, je peux témoigner aujourd'hui qu'il y a au moins 2 manières de "faire ça" dont une qui est humaine, propre et respectueuse.

Ceux qui s'en donnent la peine le savent, ça peut nourrir leur bonne conscience mais surtout cela permet: absence de litiges et poursuites, réputation de l'entreprise, réassurance et remotivation dans l'entreprise pour ceux qui restent, remobilisation sur le projet d'après pour les partants.

Et quand la roue tournera à nouveau, qui sait qui vous incluera dans sa nouvelle entreprise ;-) ?

Bon déconfinement, haut les coeurs !