Traduire en mode confiné
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Traduire en mode confiné

Dès les premiers jours du confinement, de nombreux traducteurs ont partagé sur les réseaux sociaux ou dans la presse spécialisée leur sentiment de familiarité avec cette situation d'enfermement, imposée à l'ensemble de la planète.

D'où venait donc ce sentiment de familiarité, de "déjà vouuuu" comme disent nos amis américains ?

Tout d'abord du fait que beaucoup d'entre eux travaillent depuis longtemps chez eux, dans leur home, sweet home. Du coup, ils sont les champions de la gestion vie pro/vie perso sous le même toit ! Ce confinement n'a donc pas vraiment changé leurs habitudes de travail. Il constitue en fait une sorte de normalisation, par sa généralisation, de leur longue pratique du home office.

Ensuite, la nature même de leur activité professionnelle conduit à une forme d'enfermement. En effet, lorsqu'ils traduisent un livre, par exemple, ils font en sorte de se couper du monde, de s'isoler de toute interférence extérieure pour s'immerger entièrement dans le texte en cours de traduction.

Pour eux, l'isolement – du moins pendant les heures de "bureau", constitue la condition d'un travail de qualité, d'une concentration totale. Et cet état d'enfermement (volontaire) leur va généralement bien et leur apporte un certain bien-être. Isolés, ils s'installent alors dans une sorte de tête-à-tête avec le texte, une sorte de communion avec les mots. Ils font corps avec le contenu qu'ils traduisent, avec la pensée de l'auteur original.

Finalement, c'est comme s'ils s'auto-confinaient dans le texte à traduire, comme s'ils s'enfermaient dans une bulle. Et même lorsqu'ils ne sont pas à leur bureau, le texte et sa traduction continuent d'occuper leur esprit et leur inconscient. Un peu à la manière de ce virus invisible qui depuis des semaines a envahi et modifié nos vies.

Mais la comparaison s'arrête là car s'ils ont un jour attrapé le virus de la traduction, celle-ci n'est fort heureusement pas une maladie.

J'en suis la preuve vivante, même si je sais bien qu'en tant que traductrice de beaux-livres, essais et autres guides de voyage, il va me falloir faire preuve d'agilité, de résilience et de créativité pour tenir bon en attendant que l'industrie du livre retrouve sa vitalité.

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