Transition énergétique en France : plusieurs stratégies pour atteindre la neutralité carbone en 2050
La France s’est engagée en 2015, à travers l’Accord de Paris à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % d'ici 2030 et devenir neutre en carbone d'ici 2050. En octobre 2021, RTE, le gestionnaire du Réseau de Transport d’Electricité français a publié une nouvelle étude prospective intitulée "Futurs énergétiques 2050" qui définit l'avenir du système électrique français et propose six scénarios à choisir pour que la France atteigne la neutralité carbone en 2050 dans un contexte de changement climatique.
L’urgence d’agir et la consommation d’électricité : où en est-on ?
RTE vient de publier une étude qui est le fruit de deux années de concertation, de travaux et d’analyse prospective qui se veut être un document de référence mettant en exergue les différentes options pour répondre au mix énergétique d’ici 2050 afin de sortir des énergies fossiles. En effet, le constat est clair. Les énergies fossiles représentent près de deux tiers des émissions globales de gaz à effet de serre, responsable des changements climatiques.
En France, les énergies fossiles comptent à elles seules près de 60% de l’énergie totale utilisée. Elle occupe la première place devant l’agriculture et la production industrielle. Ainsi donc, la France est fortement dépendante des énergies fossiles principalement les produits pétroliers, le gaz naturel et le charbon. Ces chiffres révèlent également la dépendance économique de la France aux hydrocarbures qui sont souvent importés des pays voisins comme l’Arabie Saoudite, la Russie, la Norvège. En dehors des énergies fossiles, le nucléaire occupe une place de choix dans l’électricité produite en France. Toutefois, il représente moins de 20% de l’énergie finale utilisée par les français.
Selon l’étude publiée par le RTE, la consommation d’électricité devrait augmenter à l’horizon 2050 malgré l’ambition affichée de sortir des énergies fossiles d’une part. Pour RTE, cette étude inédite met en lumière les projections dans le secteur électrique sur une durée de 30 ans et avec comme objectif d’atteindre la neutralité en carbone d’ici 2050. Ainsi, l’adoption d’un système énergétique sobre en carbone est primordiale pour atteindre cet objectif.
Ceci justifie la mise en place en 2020 d’une stratégie nationale bas carbone (SNBC) en France. Cette stratégie offre un cadre réglementaire dans lequel s’insère les différents choix vers une énergie décarbonée. D’autre part, l’étude du RTE révèle la nécessité des changements économiques et de mode de vie, ainsi que la restructuration du système électrique, aux vues de remplacer les combustibles fossiles qui constituent la principale source d'énergie du pays.
Système énergétique sensible au changement climatique.
Pour faire face aux impacts urgents causés par les dérèglements climatiques, il est urgent de sortir des énergies fossiles. Ainsi, la transition énergétique est une priorité importante pour la France et la décarbonisation de l’électricité est un préalable pour atteindre la neutralité carbone. Fort de ce constat, les énergétiques renouvelables occupent une place de choix dans cette transition verte. Toutefois, ces énergies renouvelables dépendant des paramètres météorologiques et climatiques tels que le vent, le rayonnement et la température.
En effet, le système énergétique français reste sensible aux aléas climatiques. Les vagues de chaleur ou de froid, de pluie ou de sécheresse ont des effets directs et indirects sur la production et la consommation d’électricité à base d’énergie renouvelable. Ceci influence donc la quantité d’électricité à produire, rendant essentiel la prise en compte de l’évolution des paramètres du climat dans la définition de stratégie vers une neutralité carbone de la France. Ce constat se vérifie en effet dans l’étude réalisée par le RTE qui révèle que sur les 14 dernières années, 90% des pertes de production énergétiques proviennent des dysfonctionnements climatiques sur 4 des 18 parcs de production d’électricité.
Diminution de la consommation finale d’énergie : vers un changement de nos modes de vie
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Pour sortir des énergies fossiles d’ici 2050, deux leviers majeurs sont à prendre en compte : l’efficacité énergétique et la décarbonisation des énergies fossiles. Face à ce constat, l’étude révèle que le changement de mode de vie est un préalable important pour atteindre les objectifs climatiques fixés
D’une part, l’efficacité énergétique concerne l’amélioration de la performance énergétique des équipements des maisons notamment les équipements électriques, la rénovation électrique des maisons, l’amélioration des procédés industriels. D’autre part, la réduction progressive de la consommation énergétique des biens d'équipement, les politiques publiques agressives de rénovation des bâtiments et l'électrification d'usages spécifiques tels que les transports propres devraient conduire à des réductions globales de la consommation énergétique et à aller vers des systèmes à bas-carbone. Cela suppose une restructuration du système énergétique qui est aussi très sensible au changement climatique. Fort de ce constat, plusieurs défis se posent.
Augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique
Le document publié met la lumière sur la part d’énergie renouvelable dans le mix énergétique à l’horizon 2050. En effet, la France dispose déjà d’une part de 500 TWh d’énergie décarbonisée pour atteindre la prévision de consommation électrique de 645 TWh projetée à l’horizon 2050, qui correspond à une augmentation de 35% de la consommation électrique d’aujourd’hui.
Malgré la prépondérance du nucléaire qui compte pour plus de 70% de l’électricité produite en France, les différents scénarios de mix de production à l’horizon 2050 montrent que la neutralité carbone ne peut être atteint qu’à travers un mix des énergies renouvelables et du nucléaire. Ainsi, un mix énergétique constitué par les énergies renouvelables et le nucléaire constitue une option envisageable et réaliste pour la France.
L’étude présente deux grandes familles de scénarios choisis. Le scénario « M » qui suppose une utilisation de 100% d’énergies renouvelables et le scénario « N » qui appelle à la construction de nouveau réacteur nucléaire pour produire de l’électricité, combinée aux énergies renouvelables. Ces scénarios sont des chemins possibles et nous conduisent à atteindre les objectifs de neutralité carbone
Vers une économie sobre en carbone
En tout état de cause, l’étude de RTE considère que la neutralité carbone ne peut être atteinte sans un fort développement des énergies renouvelables. Parallèlement, ne pas construire de nouveaux réacteurs nucléaires implique que les énergies renouvelables se développent plus rapidement malgré le contexte climatique présent et à venir. Finalement, il est impératif de réduire les émissions de gaz à effet de serre à travers la transition vers une économie décarbonée et l’usage des énergies renouvelables afin d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 en France.
Rédigé par : Christel KENOU