Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale !

Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale !

Il n'y a que des situations individuelles et pourtant, il y a ce faux argument de solidarité répété sans cesse, pour économiser des milliards ce qui revient pour le gouvernement, à en gagner. La vie. La formation. Les études. Le travail. Les reconversions. Celles-ci ? Choisies. Imposées. Réussies. Ratées. Les licenciements. Les accidents de la vie. La plupart ont connu, connaitront, s'affaleront, se relèveront ou non. Tout le monde connaît aussi les chasseurs de tête. Tout le monde connait surtout les coupeurs de tête. Parce que les seniors, ils se font allègrement virer, dès qu'un certain patronat le peut.

Mais on nous dit qu'un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFRSS pour les intimes), cela ne rigole pas. Il faut absolument réformer les retraites !

Là, l'enjeu, c'est la société. L'individu doit se soumettre, sinon se diluer. Quel que soit son âge. Parce que l'âge, on s'en fout. On sait que les jeunes et les seniors galèrent, mais on s'en tape, au fond, puisqu'en toile de fond, tout le monde estime que ce gâchis phénoménal est finalement logique. Un jeune, çà ne connait rien, et un vieux, c'est trop cher. Alors, on piétine et on prévoit un nouveau projet de loi sur l'immigration, pour combler les trous. Ou les faire. Parce que sur les chantiers de construction et de travaux publics, les étrangers sont un peu moins étrangers puisqu'ils nous sont utiles.

En outre, le PLFRSS, est une denrée, certains diront une diarrhée, rare. Il faut être quasiment fétichiste pour l'actionner car réformer les retraites, c'est mettre le feu avec une mèche lente. Affronter un parlement, cela demande du courage. Là, on ne parle pas d'affronter mais d'affront. On contourne et on prend par derrière, c'est bien mieux, le parlement est ridiculisé. Déjà qu'il n'était pas très doué, se faire humilier une fois de plus, qu'est-ce que cela change.

Deux fois seulement, un PLFRSS a été utilisé, en 2011 et en 2014.

Le PLFRSS de 2011 a mis en place une prime de partage du profit, dans les sociétés de plus de 50 salariés. Celui de 2014 a révisé le régime de la C3S, la contribution sociale de solidarité des sociétés, puisque les acronymes, c'est mieux, cela fait haut fonctionnaire qui a bossé son dossier en innovant. Le PLFRSS a concerné aussi les retraites. Tiens donc. C'est évident qu'on tourne autour depuis des lustres. Et là, c'est le parachutage des mesures, que la Covid a probablement freinées. Mais pas stoppées.

Les retraites peuvent être réformées via un PLFRSS ? Sous l’angle financier, absolument, veuillez prendre place, on va calculer votre aumône et on vous la virera sur votre compte, si la banque vous a gardé, mais pas avant 43 années de cotisations. Un travail pénible ? Vous faites quoi ? Ne vous inquiétez pas, on prévoit un autre texte, cette fois, pour les vieux cons cassés de partout, qui attendent tout de l'Etat, vous imaginez leur connerie.

Mais on n'est plus du tout à la même époque. On est englué dans une société où les start up ont remplacé les starters des voitures et les cigarettes électroniques, les goldos de nos aînés.

Parce que le PLFRSS, c'est l'argent, les milliards, les économies. Mais qui peut réellement s'engager sur la réalité des économies sans jouer à Nostradamus. On nous dit que la réforme est indispensable pour sauver le système de répartition. On a l'impression d'être survolés par miss Tick sur son balai. Au moins, Miss Tick nous faisait plus peur que les drones et elle avait du charme.

Qui connaît réellement le marché du travail, notamment des seniors, qui connait le rythme de création d'emplois, qui les connait, au gouvernement, les seniors, tout court ?

Sur quoi peut porter un PLFRSS sur le chapitre des retraites ?

Le principe, c'est éviter les cavaliers budgétaires, la censure du Conseil constitutionnel étant impitoyable. En gros, pour les non initiés, un cavalier budgétaire, c'est glisser sans en avoir l'air, une disposition totalement étrangère à l'objet du texte. C'est l'intru dans une soirée. Y a aucun rapport avec un cheval. C'est juste du snobisme quand on sait que personne ne pige à quoi sert l'expression.

Comme on l'a dit, un PLFRSS peut aborder tous les sujets tant qu'on parle d'argent. Les thèmes et dispositions doivent concerner les recettes ou les dépenses du régime de base de la Sécurité sociale. La branche vieillesse fait de toute façon partie de cette dernière. Une mesure sur l’âge légal de départ à la retraite, les fameux 64 ans, sans problème, dit-on, un PLFRSS peut tout embarquer comme un grand avion cargo. Il peut intégrer la durée de cotisation et les retraites minimales. Les régimes spéciaux constituent des régimes obligatoires de base de la Sécurité sociale et concernent aussi l'aspect financier des retraites. Régimes spéciaux, régimes autonomes, je te mange, tu me manges, qui n'est pas perdu dans cette anthropophagie financière. Même le régime des clercs de notaires est impacté, vous n'imaginez pas la révolution et comment ils vont claquer des dents.

De la même manière que le PLF ou le PLFSS, un PLFRSS voit sa durée d’examen limitée dans le temps. Parce que le chronomètre est dans la main comme il était dans celle de notre prof d'EPS, soucieux de nous faire courir vite. Mais le gouvernement confond la vitesse et la vivacité. La vitesse de la lumière, c'est bien, à condition qu'il y ait de la lumière.

Pour un texte de financement de la Sécu, le Parlement a 50 jours pour se prononcer (70 jours quand il s’agit d’un projet de loi de finances) entre le dépôt du texte sur le bureau de l’Assemblée et l’adoption définitive par le Parlement. L'avantage pour le gouvernement, c'est éviter l'enlisement. Toutefois, l'enlisement n'est pas forcément une catastrophe. Après la pluie, la boue. Il y a un petit (grand) côté naturel, dans un gouvernement que la corrida et les abattoirs ne choquent pas. Allez au-delà des paradoxes du gouvernement, vous dis-je.

Le recours à un PLFRSS permet au gouvernement, comme sur tout texte financier, de recourir à l'article 49 alinéa 3 de la constitution. C'est la barre de fer dans la tronche. La balle de LBD dans l'oeil, à côté, c'est rien. Le gouvernement engage alors sa responsabilité sur le vote du texte. Il est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure est adoptée.

Une étude d’impact, - comment la faire, car qui au Conseil d'Etat, connait la vie des ouvriers, artisans, camionneurs, femmes de ménage, et j'en passe -, est attendue tout comme son avis (du Conseil d'Etat), que personne n'interprétera comme un avis d'ouragan.

Finalement, les procédures parlementaires, ce n'est pas l'essentiel. Ce qui est fondamental, c'est le projet de vie. Or, qui dit projet, dit, se projeter. Qui est capable parmi les plus vulnérables, de se projeter ? Qui dit se projeter, dit, donner du sens à un projet. Quand on voit les difficultés d'une population active, dans certains secteurs où on se casse le dos, où on travaille la nuit, où on travaille dans les intempéries, où on prend tous les risques, où la numérisation de Pôle Emploi déshumanise un peu plus, le gouvernement devrait mieux raisonner et envisager de taxer ce qui est taxable. Parce que l'argent, ce n'est pas cela qui manque dans une économie boursière aux profits gigantesques. Vous n'avez qu'à écouter François Ruffin, on ne se connaît pas, mais il y a une certaine honnêteté qui perle de ses déclarations.

"Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale", nous chante Trust.

Trust, cela veut dire confiance.

Peut-on faire confiance aux autres pour se projeter dans le futur ? Oui, s'ils connaissent notre vie. Ce n'est pas le cas du gouvernement, déconnecté de la vie réelle, emblématique d'une technocratie consanguine. C'est ainsi. Le pire, c'est que c'était parfaitement prévisible.

Après Trust, écoutez donc la chanson Engrenage de Marie-Claire Buzy. Ce matin j'me suis réveillée, Avec l'impression d'étouffer, Dans mon moteur y a une saleté.

Les Seniors, jeunes ou moins jeunes, çà écoute la musique du passé, mais çà voit loin aussi.

On demande l'avis du Conseil d'Etat, ce serait bien de demander celui de la population. Pour cela, il y a le référendum, Ce n'est pas mal, vous aurait dit De Gaulle, mais il y a des surprises.

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