Une économie britannique mitigée depuis le Brexit
Alors qu’il est possible que l’article 50 ne soit pas activé avant fin 2019, les conséquences du Brexit commencent à se faire sentir avec la publication de nombreux indicateurs ce mois-ci.
Theresa May, nouvelle première ministre du Royaume-Uni, a souligné qu’elle n’allait pas faire appel à l’article 50 cette année. Cependant, ce n’est qu’une fois l’article 50 activé que la période de négociations d’au minimum deux ans peut démarrer.
Près de deux mois après le vote surprise des britanniques pour une sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, les statistiques concernant l’économique britannique sont plutôt faibles mais pas aussi alarmantes qu’on le pensait - en tout cas, pas encore…
Augmentation des dépenses des consommateurs en juillet après une baisse en juin
Les ventes au détail ont augmenté de façon inattendue en juillet avec un temps plus chaud qui a favorisé les ventes de vêtements et de chaussures. La baisse de la livre sterling a également encouragé les touristes à dépenser davantage.
Le volume des marchandises vendues a bondi de 1,4% par rapport à juin 2016, après avoir baissé de 0,9% en juin par rapport au mois de mai 2016 (Office for National Statistics). L’augmentation est de 5,9% en volume (donc en quantités achetées) par rapport à juillet 2015.
En valeur (montant dépensé), les ventes au détail ont augmenté de 3,6% par rapport à juillet 2015 et de 1,6% par rapport à juin 2016. Le montant total dépensé était de 29,6 milliards de livre sterling en juillet 2016.
Ce bon chiffre suit la baisse des demandes d’allocations chômage dont la statistique a été publiée hier.
Moins de demandeurs d’allocations chômage et un taux de chômage inchangé en juillet…
Alors que la Banque d’Angleterre est beaucoup plus pessimiste concernant l’emploi et prévoit une remontée du chômage, celui-ci n’a pas bougé en juillet à 4,9% (plus bas depuis 2009).
Le nombre de demandeurs d’emploi a quant à lui diminué en juillet (-8 600) bien que les chiffres ne comprennent que les données disponibles au 14 juillet (3 semaines seulement après le référendum).
…mais une baisse du nombre d’emplois disponibles et des intentions d’embauches
Dans ce climat d’incertitudes, les entreprises cherchent à être prudentes notamment dans le domaine de la finance. Ainsi, selon l’étude de Morgan McKinley, le nombre de postes à pourvoir (notamment à Londres) baisse de 12% en juillet 2016 par rapport à juin 2016 et ce nombre passe à -27% par rapport à juillet 2015.
Un nouveau sondage du CIPD (Chartered Institute of Personnel and Development) met en avant les incertitudes sur le marché du travail notamment vis-à-vis des décisions des employeurs quant aux embauches et aux investissements. En effet, les entreprises préfèrent repousser leurs décisions d’investir ou d’embaucher en attendant d'y voir plus clair.
L’institut Markit a également publié un rapport sur le marché de l’emploi au Royaume-Uni montrant que le niveau des embauches permanentes est tombé à un plus bas depuis la récession de 2009.
Ralentissement de l’activité britannique en juillet
L’économie britannique semble avoir connu un net ralentissement en juillet avec une baisse de l’activité la plus forte depuis 2009 comme le montre le chiffre du PMI qui a atteint sont plus bas niveau depuis 2009 avec un indice composite (secteur des services et secteur manufacturier) à 47,7 points, après 52,4 en juin.
Lorsque le niveau du PMI est supérieur à 50, cela représente une croissance par rapport au mois précédent alors que si le PMI est inférieur à 50, cela indique une contraction.
Le PMI publié par l’institut Markit est une enquête qui demande aux directeurs d'achat de partager des données sur la production, les nouvelles commandes, le traitement des commandes qui s’accumulent, les stocks, la situation de l'emploi, les livraisons des fournisseurs, les exportations, les importations et les prix.
Augmentation des prix à la consommation
Avec la forte baisse de la livre sterling, les importations que font le Royaume-Uni sont beaucoup plus chères qu’avant puisque la valeur de la devise britannique diminue face à ses devises de contrepartie. Ainsi, cela provoque une inflation importée car il y a un renchérissement des produits achetés à l’étranger.
En juillet, les prix à la consommation ont augmenté de 0,6% sur un an – chiffre le plus élevé depuis novembre 2014.
L’INSEE définit l’inflation comme « une augmentation générale et durable des prix » menant à une perte du pouvoir d’achat de la monnaie puisque la valeur de nos euros ne reste pas constante.
Mais cela ne conduit pas nécessairement à une perte du pouvoir d’achat. En effet, l'évolution du pouvoir d'achat est calculée comme la différence entre l'évolution des revenus que les ménages perçoivent et celle de l’indice des prix à la consommation.
Ainsi, si les revenus augmentent davantage que l’inflation, alors cela n’induit pas de perte de pouvoir d’achat. Les statistiques ont montré que les rémunérations en rythme annuel (primes et bonus inclus) ont augmenté de 2,4% sur le trimestre, contre +2,3 % entre mars et mai 2016.
Le marché immobilier britannique fortement pénalisé
Depuis le vote sur le Brexit, le marché immobilier – pilier important de l’économie du Royaume-Uni– voit ses transactions au plus bas, notamment sur le marché immobilier résidentiel et de bureaux. Le niveau du volume de vente de logements est le plus affecté depuis 2009 avec un fort recul de la demande d'acheteurs potentiels depuis le Brexit.
La cotation en bourse de nombreux fonds immobiliers a été suspendue face à la demande grandissante de retraits d’investisseurs inquiets face aux perspectives incertaines concernant l’avenir.
Les loyers commencent à baisser, avec ceux payés sur les nouveaux contrats de location à Londres qui ont diminué en juillet de 0,5% en rythme annualisé pour la première fois depuis novembre 2010.
Lire aussi :
BREXIT : C’EST L’HEURE DU VERDICT
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BREXIT : COMMENT L’INSTABILITÉ POLITIQUE ET LES INCERTITUDES TOUCHENT LE SECTEUR BANCAIRE ?
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ARBITRAGE EXPERT JUDICIAIRE chez 2A RESERVISTE CA AIX EX MEMBRE COMETS MEMBRE DU COMITE DE DÉONTOLOGIE DES ÉLUS DU CD 22
8 ansÉric Cette comparaison fait offense aux socialistes d'outre manche N'est-il pas ? 😆
CEO, legal expert, consultant, author
8 ansJe ne pensais pas qu'ils allaient sortir et je crois que nos amis rosbifs ne le pensaient pas eux-mêmes... C'est fait... Mais croire qu'ils ne vont pas "rebondir" serait mal les connaître... Même leurs socialistes sont beaucoup moins quiches que les nôtres...
Lecteur-correcteur
8 ansOui ... ce qui est sûr, c'est qu'avant de prédire un naufrage qui ferait plaisir aux européistes béats, et qui apporterait de l'eau (tiède) au moulin des idéologues du néolibéralisme, il vaut mieux attendre qu'il se produise ...
Directeur fondateur chez PROF FORMA
8 ansD'accord avec cette analyse. Il sera iinteressant de suivre cette évolution. Les aventuriers des autres pays voulant quitter l'Europe pourront ainsi voiri en temps réel ce qui les attendrait dans cette situation, qui serait même pire pour notre pays avec un franc anémique et une dette publique majoritairement entre les mains d'investisseurs étrangers.