Une alternative pour sortir de la crise politique actuelle en Haïti

Nous sommes tous conscients que la société haïtienne s'enfonce profondément dans l'abîme. Cette crise survient à un moment où il y a très peu de personnes à qui la population attribuerait confiance à mesure que le déficit de leadership s'agrandit dans notre société.

Le président a perdu toute crédibilité. L'opposition n'est pas fiable, Idem pour l'église et les partis politiques. Le pays ne peut pas se permettre de vivre une autre transition. Nous avons besoin de personnes capables de calmer le jeu et de donner au pays et aux acteurs le temps et l’espace voulus pour remettre « les pendules à l’heure ».

De plus, quelle que soit la solution apportée à cette crise, pour que la démarche voit le jour de manière efficace, elle devra être au détriment des antagonistes ou vu sous un autre angle – gagnant-gagnant.  Il est important, pour la solution, que chaque parti paie le prix fort. L'opposition et le président doivent perdre pour qu'Haïti l'emporte.

En Haïti, le scénario de la transition présidentielle doit devenir la norme. En conséquence, le président actuel reste en fonction, mais son pouvoir doit diminuer, sinon cette révolte, qui a résulté en pertes en vies humaines et matérielles et traumatismes collectifs que nous avons tous subis, aura été vaine. L’opposition ne devrait pas gagner le pouvoir, sinon il deviendrait légitime de renverser un président afin d'accéder à la présidence sans élection au préalable

En tant que peuple d'origine africaine, nous avons conservé un certain nombre de normes et de valeurs culturelles, notamment le respect de nos aînés. Une option à cette crise serait d'avoir un conseil des sages

Ce conseil des sages accompagnerait le président de la même manière qu'un conseil d'administration le ferait avec un PDG.

Les membres potentiels du conseil devraient répondre à trois critères:

  1. Ils doivent être des aînés connus de tout le monde. Ils sont respectables et dignes de confiance
  2. Ils doivent avoir la capacité de servir. Cela signifie avoir l’ âge, mais aussi la sagesse, les capacités intellectuelles et l’intégrité morale
  3. Ils doivent avoir l’expérience du service public,

Une sélection basée sur ces critères ne diminue en rien la capacité de la jeune génération, mais une sorte de bilan ainsi que les sacrifices qui seront demandés aux membres sont plus appropriés pour quelqu'un en fin de carrière. Certains noms potentiels qui me viennent immédiatement à l’esprit incluent des personnes telles que Odette Roy Fombrun, Gérard Gourgue, Frank Étienne. Bien que j'ai quelques réserves à présenter des noms, je crois qu’il vaut la peine de prendre le risque pour illustrer le type de personnalités que nous voudrions dans ce rôle. Ce serait de grandes personnalités qui peuvent remplir ces rôles. Elles sont parmi nos dernières icônes restantes.

Les membres du conseil seraient entourés d’un groupe de professionnels qui accepteraient publiquement de ne pas briguer de poste (élu ou nommé) pendant au moins 10 ans. Cette équipe créerait un tableau de bord de gestion qui sera disponible et présenté au grand public régulièrement.

Le président resterait en place et demanderait l’avis et le consentement du conseil sur les principales politiques. Le conseil et le président fourniraient un rapport régulier au public sur toutes les décisions importantes.

Malgré ce que l’opposition pourrait prétendre, les derniers jours n’auraient jamais pu avoir lieu sans l’énergie des jeunes qui en ont eu assez du statu quo. Pour prendre en compte et canaliser cette énergie, je ferais les recommandations suivantes: le mandat du conseil prendra fin en même temps que le mandat du président (3 ans).

Il (le mandat) comprendrait la création d’un tribunal spécial composé de juges haïtiens, secondés par des experts nationaux et internationaux; en collaboration avec le président, le conseil mettrait en place un nouveau plan socio-économique répondant aux besoins actuels (incluant des programmes a haute intensité de main d'œuvre)

et un contrat social à plus long terme, et enfin, il organiserait la conférence nationale dont on parle depuis trop longtemps qui déboucherait sur une nouvelle constitution.

Bien sur, Il y aura sûrement beaucoup d'autres solutions, mais j'espère que tout ce que nous déciderons finalement reflétera l'essentiel pour la nation: nous devons avoir des transitions normales , mais le président doit demander et conserver la confiance du peuple; l'opposition doit légitimement gagner le pouvoir par l'urne mais continuer à servir en contrepoids à quiconque est au pouvoir; enfin et surtout le pays ne devrait jamais connaître une autre occupation étrangère.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets