Une mère et un père, ou une maman et un papa…

Nous avons tous eu une mère et un père mais nous n’avons pas tous eu une maman et un papa! La mère et le père, ce sont les parents biologiques, les géniteurs, ceux qui se sont rencontrés pour un soir ou pour la vie, ceux qui se sont rapprochés pour créer la vie et qui ont ensuite trop peu répondu aux besoins d’amour, de soutien et d’acceptation de leur enfant. La maman et le papa ont une toute autre valeur affective, celle de la disponibilité physique et émotionnelle, de l’engagement quotidien, de la bienveillance, de la réassurance et de la volonté indéfectible de « bien aimer ». Endosser pleinement le rôle de maman ou de papa revient alors à offrir à l’enfant un lieu de sécurité où le développement et la croissance sont permis et valorisés, un havre de paix où se projeter dans l’avenir devient progressivement pour l’enfant un projet de vie naturel, riche et stimulant. Nous ne naissons pas tous égaux au regard des parents qui nous mettent au monde, ceux qui ont une maman et un papa auront la chance de naître affectivement dès la naissance, ceux qui n’ont eu que des géniteurs auront la charge émotionnelle de se mettre au monde seuls, animés par la force vive de leur propre pulsion de vie. Il est tout à fait possible de naître plus tard qu’au jour premier de sa naissance, grâce à ses bilans intérieurs et aux deuils nécessaires, pour se révéler et se réinventer. La beauté de la vie et l’inconnu du futur permettent bien l’espoir, celui de comprendre et ressentir que rien n’est immuable, que nous pouvons choisir d’être mouvement, d’aspirer au changement, de connecter à des personnes inspirantes qui deviennent ceux-là nos vrais parents, notre maman, notre papa. La liberté ne consiste pas à rester coincé dans une famille biologique que l’on n’a pas choisie et qui nous a rejeté mais de réussir à créer une nouvelle famille qui voit le meilleur de soi sans avoir jamais à lutter. Et faire ainsi un pied de nez aux parents biologiques absents qui, empêtrés dans leur propre histoire et leurs enjeux irrésolus, ont tristement perdu la riche opportunité de découvrir tout à fait la beauté d’un enfant… qu’ils ont presque mis au monde!