Vers un « management épuré » - Être économe du travail des autres
L’idée
Quand on est en position de management, les occasions de donner inutilement un surcroît de travail à son entourage sont multiples :
- exiger un niveau de qualité non adapté à la demande (« sur-qualité ») ;
- prétexter un degré d’urgence injustifié ;
- répondre à une demande (réelle, supposée ou fabriquée) du chef(*).
Et cette liste est loin d’être exhaustive…
Ce faisant, que ce soit de manière parfaitement inconsciente ou en agissant de bonne foi (convaincu de la nécessité de sa demande), on en néglige les impacts immédiats sur ses collaborateurs :
- génération de stress inutile ;
- naissance d’un sentiment de manque de considération ;
- conflit potentiel avec des objectifs donnés par un autre donneur d’ordre.
Au final, le danger d’une forme de démotivation généralisée impactant le rendement de ses équipes guette.
Or, la capacité de travail d’une équipe est une ressource précieuse pour un manager. Peut-être la plus précieuse à sa disposition.
Il s’agit donc de ne pas exploiter cette ressource sans discernement, mais au contraire de la préserver, en l’épargnant le plus possible au quotidien. Ainsi, elle sera disponible et au maximum de son potentiel à chaque fois qu’on aura de bonnes raisons de la mobiliser.
Comment y parvenir ?
En premier lieu, admettre et considérer que toute demande nouvelle, aussi fondée soit-elle, aura un impact sur l’activité de ceux qu’on sollicite et donc qu’elle mérite, à ce titre, d’être évaluée au préalable, voire négociée.
Ensuite, faire preuve d’esprit critique et développer son affirmation de soi, par exemple pour :
- être en mesure de discuter une demande de son chef qui va mobiliser une partie de ses propres collaborateurs et d’en négocier les modalités pratiques, en dehors de toute polémique ;
- ne pas avoir besoin d’inventer une demande venue de plus haut pour justifier une tâche ingrate auprès de son équipe ;
- être prêt à accepter, sans s’en formaliser, une confrontation d’idées avec ses collaborateurs, et à en provoquer une si nécessaire.
Enfin, progresser dans sa connaissance de soi afin, notamment, de savoir mesurer en permanence son niveau de stress pour ne pas générer d’exigences destinées uniquement à se rassurer, du type :
- marges abusives sur les délais qu’on accorde ;
- exploration de trop nombreux scenarii « au cas où » ;
- atteinte d’un niveau de perfection hors de propos.
Ce genre de demandes doivent pouvoir être identifiées comme autant de signaux d’alarme sur son état personnel.
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Les bénéfices à en attendre
Aussi paradoxal que cela puisse paraître à première vue, l’effet le plus significatif que l’on peut attendre d’un tel comportement « économe » est de renforcer son leadership.
En effet, un tel style de management n’impose pas de contraintes inutiles sur ses collaborateurs et ses équipes, qui s’en rendent très vite compte et l’intègrent :
- sentiment d’être respectés et écoutés ;
- confiance dans le jugement de son chef et dans sa capacité à consacrer son talent et son énergie à l’essentiel ;
- respect de son honnêteté et de son intégrité.
Autant de considérations qui donnent envie de s’investir dans son travail et de suivre… un leader.
De plus, ce comportement « économe » permet de libérer l’initiative individuelle et collective. Car dans ces conditions, un collaborateur peut aller faire part d’une idée sans avoir la crainte de repartir avec beaucoup de questions à explorer et approfondir rapidement. Et encore moins de se faire « gentiment » rappeler quelle est sa place.
Enfin, la présence d’une forme de « sécurité managériale » crée un climat serein, propice à l’émergence d’une véritable intelligence collective au sein de ses équipes.
Voilà ce que ce que je souhaitais évoquer concernant cette première piste vers un « management épuré », pragmatique et opérationnel, sans aucune autre prétention que de partager avec vous les réflexions inspirées par quelques années de pratique sur le terrain.
A très bientôt pour développer la piste suivante : faire de la simplicité un objectif permanent.
(*) Pour les entreprises où il n’y a plus de chef ou dans lesquelles ce terme serait en voie de désuétude, le remplacer par le qualificatif en vigueur désignant toute personne autorisée, d’une manière ou d’une autre, à donner du travail à un individu ou une équipe. Il doit toujours y en avoir…
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