VISIONNAIRES – Chapitre 7 :Tata Group… Il a modernisé et mondialisé le premier groupe industriel indien
Visionnaires, génies du marketing, redresseurs d'entreprise ou stratèges hors pairs, découvrez l'extraordinaire destinée des P-DG qui ont révolutionné notre vie de tous les jours.
Ratan Tata (né en 1937), Tata Group : Il a modernisé et mondialisé le premier groupe industriel indien
Rien ne destinait Ratan Tata à prendre les rênes du principal empire industriel indien, fondé en 1868 par Jamsetji Tata autour des métiers du textile et de l’acier. Ni ses études d’architecture à l’université Cornell. Ni sa naissance, car il n’est que le descendant d’un fils adoptif du fondateur.
Ni sa décision de démarrer sa carrière aux Etats-Unis : en 1962, au moment où JehangirRatanjiDadabhai Tata, qui règne alors sur le groupe Tata, lui intime de revenir à Bombay, il travaille à Los Angeles chez un sous-traitant de la Nasa et n’a plus aucun contact avec le clan familial. Mais «JRD», le «Giovanni Agnelli indien», a vu juste en le sélectionnant. Après avoir fait ses preuves dans les divisions sidérurgie et camions, le jeune Ratan fait décoller le pôle high-tech du groupe(…).
Habitué à cette protection, le conglomérat Tata s’est développé au gré des licences de production accordées par New Delhi. Il rassemble 300 filiales, dont la compétitivité est le dernier souci. La plupart sont présidées par de vieux barons paresseux, dont certains vivent dans un luxe inouï.
Or, au moment où Ratan devient P-DG, un nouveau Premier ministre, Narasimha Rao, libéralise l’économie et met fin au protectionnisme. Sony, Philips, Ford, Toyota… s’implantent alors en Inde. Non rentable, centré sur le marché domestique, peu présent dans les secteurs d’avenir, Tata semble condamné.
Le timide et discret Ratan se transforme alors en manager de choc. Il vire les vieux barons et les remplace par de jeunes managers compétents, vend ou ferme plus de la moitié des filiales et simplifie l’organigramme en créant sept divisions.
Ses deux obsessions : faire de Tata Consultancy Services un acteur mondial des technologies de l’information et inciter le fabricant de camions Tata Motors à conquérir le marché de la voiture. L’Indica, première auto conçue en Inde, sort dès 1998. Elle est suivie par l’Indigo et l’ultra low-cost Nano.
Enfin, pour internationaliser le groupe, Ratan se lance dans une série d’acquisitions. Il achète des firmes de télécoms aux Etats-Unis, le chimiste Imacid au Maroc, les véhicules utilitaires de Daewoo en Corée, Jaguar et Land Rover, les thés Tetley ainsi que le géant de la sidérurgie Corus (pour 12,1 milliards de dollars) en Grande-Bretagne, etc.
En vingt ans, le groupe explose (100 milliards de dollars de chiffre d'affaires, dont 60% à l'étranger) et redevient très profitable (5,4 milliards de bénéfices au cours de l’année fiscale 2008, malgré la crise). Surfant sur la mondialisation, il emploie 450 000 salariés dans 80 pays (…).
Ses succès, sa réputation d’intégrité et son éthique («J’essaie de me coucher chaque jour en me disant que je n’ai fait de mal à personne», dit-il) lui valent d’être la personnalité la plus appréciée dans son pays, devant les acteurs de Bollywood et les stars du cricket. Le jour de ses 75 ans, le 28 décembre 2012, Ratan Tata accomplit ce que JRD avait réussi après lui avoir intimé l'ordre de revenir en Inde : passer le relais. Son successeur s'appelle Cyrus P. Mistry. Il a 45 ans. Et il est de la famille...
Patrice Piquard
www.capital.fr( LES 50 PLUS GRANDS PATRONS DE L'HISTOIRE )
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