Why Assange is more important than we'd like to think / Pourquoi Assange est plus important que ce que l’on aimerait croire
[La version française suit]
Not enough attention is being paid to #JulianAssange, who has been confined in a British prison for three years. We, I mean you, me and crucially the opinion-forming media. Assange, the founder of #WikiLeaks, is being prosecuted by the United States for leaking classified documents. Obviously, the case is complicated. The story has been dragging since 2010, the man has been the subject of personal attacks and slander, the narrative of events is difficult to follow (countries, embassies) and understand (clashes of rhetoric and arguments, rumours, false information). Threatened with extradition to the United States, Assange is the subject of an interminable diplomatic and legal soap opera...
Also, Assange is not emotional. No invasion of countries, no exodus of populations, no "war on our doorstep"; no death that touches us closely because of a virus, no Siberian fires or islands of plastic in the four corners of the oceans. No #MeToo, no #BlackLivesMatter. No fear or impulse of the heart.
Assange finally has something going for him that he doesn't: the right nationality. He is Australian and he denounces the condemnable actions of the West - the self-proclaimed embodiment of 'Good'. As Serge Halimi and Pierre Rimbert say in "If only Assange had been Navalny" (Le Monde Diplomatique, November 2021), "the different treatment of these two heroes is a fine example of the flexibility of the concepts of ‘human rights’ and ‘freedom of the press’ which the western media trumpet at every opportunity. Opposing Vladimir Putin seems to make Navalny more ‘human’ than Assange, who is a dissident too, but in the ‘free world’."
So that's it. Since 2006, Assange and WikiLeaks have multiplied revelations on the twisted activities of Western powers, mainly the United States: civilians targeted in Afghanistan, Iraq, torture in Guantanamo, espionage and technological plundering, listening and electoral manipulation. All of this among the enemy but also among Washington's allies. Assange has become America's No. 1 target. In a resounding article by Zach Dorfman, Sean D. Naylor and Michael Isikoff (Yahoo News, 26/09/2021), US Secretary of State Mike Pompeo in 2017 called WikiLeaks a "hostile non-state intelligence service" (to the United States, of course). Despite the revelations made by the trio of American journalists, the article received little coverage.
Since 2019, Assange has been held in Belmarsh high-security prison near London. He spends 22 hours a day in his cell. When John Shipton, his father, visits him, the conversations are monitored by lip-reading cameras. "He has no control over his body or anything else, his only option is to think" (Thinkerview, 15/11/2021). At 50, the man has just married in prison Stella Moris, with whom he has two children. According to his wife, for months the British Ministry of Justice and the prison administration refused to give access to the witnesses to the wedding on the grounds that they were journalists. The United Nations (the Working Group on Arbitrary Detention and the Special Rapporteur on Torture, Nils Melzer) have denounced Assange's detention conditions. London has brushed aside the criticism.
"They want to destroy the idea of putting data on the internet that allows the birth of a forum among the population" (John Shipton, father of Julian Assange)
I am not going to dwell on the legal jousting between pro and anti-Assange; I do not have the expertise and others do it very well. My point is that what is at stake around WikiLeaks and its founder concerns us all. Assange questions our conscience. Our conscience and probably its ultimate justification: the march towards freedom. For what is claiming freedom if not fighting for choice? Journalism, and more broadly access to information, contributes to knowledge and its outcome: opinion. Opinion, as a manifestation of individual sovereignty, is conditioned by transparency. Transparency - information - opinion - choice – freedom. Where there is deception or abuse of power, journalism can act as a counter-power. History has proven this: Carl Bernstein and Bob Woodward of the Washington Post in the Watergate scandal, Emile Zola and his J'Accuse! in the Dreyfus affair - to name but a few. The first thing tyrants and dictators do when they take power is to muzzle the media.
Assange is not just about battered journalism. It is a counter-power that the supporters of an order based on opacity and duplicity want to make disappear. It is a call to freedom of conscience that wants to be destroyed. It is human dignity that is being denied. Assange's father: "They want to destroy the idea of putting data on the internet that allows the birth of a forum among the population where people would go to do their own analysis and come to conclusions that they want this and not that."
In the United States, Assange faces 175 years in prison.
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On ne s’occupe pas assez de #JulianAssange, emprisonné depuis trois ans au Royaume-Uni. On, je veux dire, vous, moi et de manière déterminante les médias, façonneurs d’opinion publique. Assange, le fondateur de #WikiLeaks poursuivi par les États-Unis pour divulgation de documents classés, oui c’est compliqué. L’histoire dure depuis 2010, l’homme a fait l’objet d’attaques personnelles et de calomnies, la narration des événements est difficilement lisible (pays, embassades) et intelligible (affrontements de rhétoriques et d’arguments, rumeurs, fausses-informations). Menacé d’extradition aux États-Unis, Assange fait l’objet d’un interminable feuilleton diplomatico-juridique…
Aussi, Assange ce n’est pas émotionnel. Pas d’invasion de pays, pas d’exodes de populations, pas de « guerre à nos portes » ; pas de mort qui nous touche de près à cause d’un virus, pas de feux en Sibérie ou d’îles de plastique aux quatre coins des océans. Ni #MeToo, ni #BlackLivesMatter. Pas de peur ou d’élan du cœur.
Assange a enfin pour lui quelque chose qu’il n’a pas : la bonne nationalité. Il est Australien et dénonce les agissements condamnables de l’Occident – incarnation autoproclamée du « Bien ». Comme le disent Serge Halimi et Pierre Rimbert dans « Si Assange s’appelait Navalny » (Le Monde Diplomatique, novembre 2021), « le traitement médiatique différencié des deux héros illustre assez bien la souplesse des notions de "droits humains" et de "liberté de la presse" agitées en toutes circonstances par les médias occidentaux. Car tout se passe comme si son opposition au président Vladimir Poutine avait rendu M. Navalny plus "humain" que M. Assange, dissident lui aussi, mais du "monde libre" ».
C’est bien ça. Depuis 2006, Assange et WikiLeaks ont multiplié les révélations sur les activités tordues des puissances occidentales, principalement les Etats- Unis : civils pris pour cible en Afghanistan, Irak, torture à Guantanamo, espionnage et pillage technologique, écoute et manipulation électorales. Le tout chez l’ennemi mais aussi chez les alliés de Washington. Assange est devenu le public no 1 des États-Unis. Dans un article retentissant de Zach Dorfman, Sean D. Naylor et Michael Isikoff (Yahoo News, 26/09/2021), le secrétaire d’État américain Mike Pompeo qualifie en 2017 WikiLeaks de « service de renseignement non-étatique hostile » (aux États-Unis cela va sans dire). Malgré les révélations faites par le trio de journalistes américains, l’article est resté peu relayé.
Depuis 2019, Assange est détenu dans une prison de haute sécurité près de Londres. Il passe 22 heures par jours dans sa cellule. Lorsque John Shipton son père lui rend visite, les conversations sont surveillées par des caméras de lecture labiale. « Il n’a aucun contrôle sur son corps ni autre chose, sa seule possibilité c’est de penser » (Thinkerview, 15/11/2021). A 50 ans, il vient de se marier en prison avec Stella Moris, avec qui il a deux enfants. Selon son épouse, pendant des mois, le ministère de la Justice britannique et l’administration pénitentiaire ont refusé de donner accès aux témoins du mariage au motif qu’ils étaient journalistes. Les Nations Unies (le Groupe de travail sur la détention arbitraire et le Rapporteur spécial sur la torture, Nils Melzer) ont dénoncé les conditions de détention d’Assange à Belmarsh. Londres a balayé les critiques.
"Ils veulent détruite l’idée de mettre sur internet des données qui permettent la naissance d’un forum parmi la population" (John Shipton, père de Julian Assange)
Je ne vais pas m’étendre sur les joutes juridiques qui mettent aux prises pro et anti-Assange ; je n’ai pas l’expertise et d’autres le font très bien. Mon propos porte sur combien ce qui se joue autour de WikiLeaks et de son fondateur nous concerne tous et toutes. Assange questionne notre conscience. Notre conscience et probablement sa justification ultime : la marche vers la liberté. Car qu’est-ce que revendiquer la liberté sinon lutter pour avoir le choix ? Le journalisme, et plus largement l’accès aux informations, contribue au savoir et à son aboutissement : l’opinion. Celle-ci, manifestation de la souveraineté individuelle, est conditionnée par la transparence. Transparence – information – opinion – choix – liberté. Lorsqu’il y a au contraire tromperie ou abus de pouvoir, le journalisme peut agir comme contre-pouvoir. L’histoire l’a prouvé : Carl Bernstein et Bob Woodward du Washington Post dans le scandale du Watergate, Emile Zola et son J’Accuse ! dans l’affaire Dreyfus - pour ne citer qu’eux. La première chose que font les tyrans et les dictateurs quand ils prennent le pouvoir, c’est de museler les médias.
Assange ce n’est pas que du journalisme maltraité. C’est un contre-pouvoir que les tenants d’un ordre basé sur l’opacité et la duplicité veulent faire disparaître. C’est un appel à la liberté de conscience qui veut être anéanti. C’est la dignité humaine qui est niée. Le père d’Assange : « Ils veulent détruite l’idée de mettre sur internet des données qui permettent la naissance d’un forum parmi la population où les gens se rendraient pour faire leur propre analyse et arriver à des conclusions qu’ils veulent ceci et pas cela. »
Aux États-Unis, Assange risque 175 ans de prison.
#FreeAssange
2yThank you Louis Chenaille for this article. As Julian Assange's stituation is getting very desperate and everything in your article is still valid, may I repost it elsewhere? Of course, always with the link to your page here. Thank you.