Protections menstruelles gratuites à l’école – et après ? / Free menstrual protection in schools - what’s next?

Protections menstruelles gratuites à l’école – et après ? / Free menstrual protection in schools - what’s next?

[English text below]

"Je pense qu'avec ce projet on va briser des tabous" - Véronique Berseth, déléguée au climat scolaire, Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (canton de Vaud, Suisse)

Le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture du canton de Vaud est sur le point de communiquer les premières données en lien avec son projet-pilote qui a introduit la distribution gratuite de protections menstruelles bio au mois de juin 2021 dans plusieurs écoles. Tampons et serviettes ne contenant pas de composants toxiques ont été mis à disposition de 40’000 élèves dans 52 établissements d’enseignement obligatoire et post-obligatoire. Une seconde phase d’évaluation a lieu en juin, avant de rendre les conclusions en automne pour décider de la possible généralisation du programme à l’ensemble des écoles du troisième canton de Suisse (sur 21), en terme de population.

Distributeur de protections menstruelles gratuites

En tant que papa, j’ai entendu parler de cette initiative pour la première fois quand ma fille est revenue d’école un jour en me disant qu’un distributeur avait été installé dans son gymnase de Chamblandes, à Lausanne. «C’est super, j’en ai déjà utilisé plusieurs fois, surtout quand mes règles se déclenchent en cours de journée.» Véronique Berseth, déléguée au climat scolaire au sein du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture du canton de Vaud, et une des principales responsables du projet : «On est parti du retour des élèves et du personnel infirmier des écoles qui ont exprimé un vrai besoin pour faciliter l’accès aux protections.» La revendication répondait à un besoin, oui - quand ce n’était pas une véritable détresse partie d’un constat alarmant.

Ces dernières années, des rapports, en France et en Grande-Bretagne par exemple, ont tiré la sonnette d’alarme. Un nombre significatif de filles n’ont pas les ressources pour s’assurer l’achat régulier de protections. Les chiffres peuvent varier d’une étude à l’autre mais globalement il est considéré qu’une femme dépense en moyenne CHF3’500 (€3420) durant le temps de sa vie menstruelle. Faute de moyens, un certain nombre d’entre elles fabriquent leurs protections, les réutilisent plusieurs fois ou les remplacent par du papier toilette. C’est 1,7 million en France ; 500 millions dans le monde. Le phénomène a un nom : précarité menstruelle.

En réponse, des pays ont instauré la gratuité des protections dans les établissements scolaires et/ou universitaires, d’autres l’ont étendu à toute la population, comme l’Écosse en novembre 2020. La Suisse avance également. Des initiatives sont prises dans les villes ou les cantons, à l’instar du Jura et de Vaud précurseurs en la matière. Le programme déployé à Lausanne et dans la cinquantaine d’établissements scolaires vaudois prévoit par ailleurs que les protections offertes soient biologiques. Emballage et certification sont assurés dans le but de préserver l’intégrité des élèves. C’est aussi une des revendications exprimées par les associations étudiantes dans l’enquête française.

Le projet intègre également une dimension éducative qui passe par la sensibilisation des élèves par des professionnels. Véronique Berseth : «Il s’agit de briser les tabous liés aux règles.» On se souvient de la polémique née de la campagne de publicité Nana en 2019. Les Georgette in Love ou le service d’éducation sexuelle de la Fondation Profa (Planning familial), ou un collectif d’étudiant-e-s en médecine viennent ainsi parler dans les écoles pour libérer la parole et le rapport aux périodes menstruelles. D’autres projets, artistiques par exemple, sont menés avec les élèves. «Il y a deux ans on parlait peu de ce sujet», nous dit Seema Ney, Cheffe de projet «Respect de la diversité à l’école» au sein de l’Unité de la Promotion de la Santé et Prévention en milieu scolaire.

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Et après ? Peut-on aller plus loin ? Des voix s’élèvent pour remplacer les protections jetables par les protections pérennes. Serviettes lavables et cups contribueraient à faire tomber la barrière de la précarité menstruelle. D’un point de vue écologique, une alternative au tampon jetable en coton – au fort impact sur l’environnement (en eau et déforestation, notamment) – valoriserait une approche durable. Le Canton de Vaud doit-il adopter une politique volontariste vis-à-vis des protections pérennes ? Ces dernières font partie des options présentées aux élèves dans le cadre des séances d’information et de sensibilisation. Seema Ney : «Nous valorisons la variété de produits qui existent. Notre but est de les faire connaître et laisser les élèves libres de leur choix, sans injonction.» Ici et à ce stade, le débat reste ouvert.

Logo of the 2022 Menstrual Hygiene Day

The Department of Education, Youth and Culture of the canton of Vaud is about to release initial data in connection with its pilot project that introduced the free distribution of organic menstrual protection from June 2021 in several schools. Tampons and pads containing no toxic components were made available to 40,000 pupils in 52 compulsory and post-compulsory schools. A second evaluation phase is taking place in June, before findings are given in the autumn to decide whether the programme should be extended to all schools in Switzerland's third largest canton (out of 21) in terms of population.

"I think that this project will break taboos" - Véronique Berseth, school climate delegate in the Department of Education, Youth and Culture of the canton of Vaud (Switzerland)

As a father, I first heard about this initiative when my daughter came back from school one day and told me that a dispenser machine had been installed in her secondary school in Chamblandes, Lausanne. "It's great, I've already used it several times, especially when my period starts during the day." Véronique Berseth, school climate delegate in the Department of Education, Youth and Culture of the canton of Vaud, and one of the main people responsible for the project: "We started from feedback from students and school nurses who expressed a real need to facilitate access to protection." The demand met a need, yes - when it wasn't genuine distress born of an alarming observation.

In recent years, reports in France and Britain, for example, have sounded the alarm. A significant number of girls do not have the resources to ensure the regular purchase of protection. The figures may vary from one study to another but globally it is considered that a woman spends an average of CHF3,500 (€3420) during her menstrual life. Due to lack of means, a certain number of women make their own pads, reuse them several times or replace them with toilet paper. There are 1.7 million of them in France and 500 million worldwide. The phenomenon has a name: menstrual precariousness or period poverty.

In response, some countries have introduced free protection in schools and/or universities, others have extended it to the entire population, such as Scotland in November 2020. Switzerland is also moving forward. Initiatives are being taken in cities and cantons, such as Jura and Vaud, which are pioneers in this field. The programme deployed in Lausanne and in the fifty or so schools in Vaud also requires that the protection offered be organic. Packaging and certification are provided in order to protect the integrity of the pupils. This is also one of the demands expressed by the student associations in the French survey.

The project also includes an educational side, which involves raising students' awareness through professionals. Véronique Berseth: "It's about breaking the taboos associated with menstruation". We remember the controversy arising from the Nana advertising campaign in 2019. The Georgette in Love or the sexual education service of the Profa Foundation (Family Planning), or a group of medical students come to speak in schools to free up the word and the relationship with menstrual periods. Other projects, such as artistic ones, are carried out with the pupils. "Two years ago, there was little talk about this subject," says Seema Ney, Project Manager for the "Respect for Diversity in Schools" programme within the Health Promotion and Prevention Unit in schools.

Taking the lead on sustainable protections?

What next? Can we go further? There are calls to replace disposable pads with permanent pads. Washable pads and cups would help break down the barrier of menstrual poverty. From an ecological point of view, an alternative to disposable cotton pads - which have a strong impact on the environment (in terms of water and deforestation, in particular) - would promote a sustainable approach. Should the Canton of Vaud adopt a proactive policy towards permanent protection? These are among the options presented to youngsters in the framework of information and awareness-raising sessions. Seema Ney: "We value the variety of products that exist. Our aim is to make them known and to leave the pupils free to choose, without injunction." Here and at this point, the debate remains open.

#MHDay2022 #MHMiE

Ina Jurga

International Coordinator Menstrual Hygiene Day / Head of Education WASH United

2 ans

thank you for the article and hope we can get some insights into the pilot - so that it scales across Switzerland!

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