Élever des générations sacrifiées engendre des tempêtes sociales ravageuses
1967 et 2020 : Racisme et pauvreté à l'origine d'émeutes si semblables @Bloomberg_QuickTake

Élever des générations sacrifiées engendre des tempêtes sociales ravageuses

Le Covid 19 a mis à nu les failles béantes de nos sociétés développées : inégalités et pauvreté. Aux Etats-Unis comme en France les premières victimes de la maladie sont ceux qui souffrent du cumul de ces maux. Le feu de leur révolte couvait sous la cendre. Il a suffi d’une allumette pour que le brasier s’enflamme. En Amérique, l'allumette c'est le genou du policier blanc posé pendant des minutes interminables sur la gorge d’un homme noir, George Floyd. Sa mort a jeté dans la rue tous ceux qui n’ont plus grand-chose à perdre : la maladie a fait plus de 100 000 morts, 30 millions de chômeurs et les divisions du pays, chauffées à blanc par Donald Trump sont plus fortes que jamais. « Notre pays se dirige vers une scission entre deux nations, l’une blanche, l’autre noire, séparée et inégalitaire» disait le président Johnson en 1968 pour installer la Commission Kerner chargée de réparer ces injustices. Le dernier survivant de cette Commission constate, 50 ans plus tard, que les Etats Unis ne traitent toujours pas leurs citoyens à égalité. Pire : en 1969 un tiers des noirs américains vivaient dans la pauvreté. En 2018, ce nombre a augmenté de 20,8%

En France il suffit de regarder le film de Ladj Ly Les Miserables pour comprendre que les « quartiers » ont de nombreuses allumettes à disposition, l’une d’entre elles est leur jeunesse sans promesse d’avenir. Les mesures de confinement ont conduit à la déscolarisation des centaines de milliers de collégiens et lycéens, plus particulièrement en Ile de France. Pourtant la DARES, institut de statistiques du ministère du travail recensait déjà, fin 2018, près d’un million de jeunes de 16 à 25 ans n’ayant ni études, ni emploi, ni formation (NEET). Comment imaginer que la flambée du chômage des moins de 25 ans (+29,4% en avril 2020) ne conduise pas à grossir les rangs de ceux qui « tiennent les murs » en attendant une insertion de plus en plus hypothétique dans le monde du travail. Cette expression née en Algérie, pays où le chômage des jeunes est massif, résume à elle seule l’impasse dans laquelle se trouvent ceux qui sacrifient leur jeunesse en lui offrant en perspective désœuvrement et paupérisation. Aujourd'hui dans ces quartiers, les queues s'allongent devant les distributions alimentaires. La crise a fait basculer dans la pauvreté ceux qui vivaient de petits boulots sans contrat ni couverture sociale. La situation est suffisamment tendue pour que soit évoqué le spectre d’émeutes de la faim, aux portes de Paris !

L’Etat d’urgence permet d’instaurer le couvre-feu pour tenter de remettre un couvercle sur tous ces foyers d’incendie mais il ne permettra jamais de les éteindre. 2019 était déjà l’année de la colère dans le monde entier, 2020 et le COVID 19 sont des accélérateurs de feu.



David De Corte

En reconversion professionnelle

4 ans

Quelles pourraient être les solutions, Anne-Catherine Husson-Traore ?

Tong Chhor

Let's make it happen !

4 ans

Anne-Catherine Husson-Traore, merci pour ton post. Je suis d’accord avec ton constat. Je suis aussi indigné que toi. Nous pouvons tous, chacun à sa place, contribuer à ce que cela change, même si cela prendra plus ou moins du temps. A très vite. Merci.

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