Canicules, quels impacts sur les capacités cognitives des bourdons ?
Les bourdons sont, tout comme les abeilles, des insectes sociaux issus de la famille des Apidés (Apidae). Importants pollinisateurs, les bourdons se nourrissent du nectar des fleurs et récoltent le pollen pour nourrir leurs larves. Comme la plupart des insectes pollinisateurs, les bourdons sont aujourd'hui en déclin.
Leur déclin est notamment lié directement à la dégradation et la disparition de leurs habitats du fait de l'agriculture intensive.
Le réchauffement climatique a par ailleurs été identifié comme un autre facteur principal de la baisse du nombre d'Apidés dans le monde.
Toutefois, bien que les températures élevées au printemps et en été – la principale période de pointe de l'activité pour ces insectes – soient reconnues comme une des causes à l'origine de cet effondrement des populations, on ne sait pas exactement comment la température affecte la survie des bourdons.
Chez les vertébrés, il est avéré que des températures ambiantes importantes nuisent à la cognition.
En revanche, on ne sait pas si, ni comment, la chaleur affecte les capacités cognitives des invertébrés.
Or une équipe de chercheurs l'a récemment révélé : les vagues de chaleur impactent négativement les facultés cognitives des bourdons, telles que la mémoire ou l’apprentissage.
Quel avenir pour nos pollinisateurs ?
Les bourdons sont responsables de la pollinisation de certaines plantes, telles que la tomate, rendant ainsi un grand service à l’humanité.
Cependant, le changement climatique et l’augmentation des vagues de chaleur exposent au danger les populations d’insectes et provoquent une diminution de leurs effectifs.
Mais pourquoi ? C’est ce mystère que cette équipe de chercheurs a voulu percer.
Au sein de l’Université de Stockholm, ils ont soumis des bourdons à des tests d’apprentissage, de par l’association d’une couleur avec un goût plaisant ou aversif (sens utilisés dans la nature par les bourdons pour chercher de la nourriture).
Puis après une heure de repos, un autre test était proposé aux insectes pour vérifier la mémorisation de ces associations.
Il en résulte que les bourdons réalisant ces tâches à 32 °C ont un apprentissage moins efficace et une mémorisation semblant presque inexistante après une courte pause, ce qui n’est en revanche pas le cas à 25 °C.
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Quels impacts concrets sur la vie des bourdons ?
Il semble ici que lors d’épisodes de forte chaleur, les capacités cognitives des bourdons soient altérées.
Or l’apprentissage et la mémorisation permettent aux bourdons de se repérer dans l’espace.
Sans cela, ils pourraient avoir des difficultés à retrouver leur nid ou des sources alimentaires de qualité, favorisant l'apparition de famines qui pourraient mettre en péril la survie de la colonie entière.
L’espèce étudiée ici, le Bourdon terrestre (Bombus terrestris), se répartit pourtant en Europe et dans des régions méditerranéennes où de telles températures peuvent être atteintes.
Sa sensibilité peut donc laisser penser que les effets sur des espèces habituées à des climats plutôt frais pourraient être plus importants encore.
En ces temps où l’équilibre entre les activités humaines et la nature est modifié, il est nécessaire de comprendre les enjeux liés au changement climatique afin de mieux le gérer.
L'effondrement de la biodiversité et les vagues de chaleur qui l’accompagnent font des ravages chez les insectes ; les altérations cognitives n’étant que l’une des multiples conséquences néfastes.
Un article proposé par Emilie Audabram , en collaboration avec l'équipe de Terra Nostra Magazine
Titulaire d'un Master d'Éthologie appliquée, Émilie s'est notamment intéressée à l'étude des comportements des chevaux et des maréchaux-ferrants lors de séances de maréchalerie.
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