Coaching normal... la suite
Deuxième partie de la série d’articles sur le coaching de jeunes, inspirés de mes petites expériences et grandes rencontres dans des collèges du Val d’Oise, avec le cabinet Selec+. Premier article paru le 17 septembre 2018 : Coaching normal.
« On voulait pas trop parler et montrer nos émotions parce que ça fait grave pitié. Alors on a fait un truc avec des photos. Y en avait qui montraient des portes et des fenêtres. En fait, c’est pour réfléchir à comment entrer et sortir. »
Le démarrage du coaching avec les jeunes consiste fréquemment en un travail pour se départir des étiquettes qui leur sont collées. Quand je leur demande pourquoi ils sont là, souvent ils ont une réponse toute faite et qui n’a que très peu de sens pour eux, du type : « on m’a dit que je devais me remobiliser » ou « pour avoir des meilleures notes ». Le travail commence alors par faire émerger leur réel besoin à eux, parfois très différent (il n’est pas toujours un problème pour le jeune d’avoir de « mauvaises » notes…) et par les laisser déterminer la source de leur motivation à suivre le coaching… ou pas. Reconnaître cette liberté, cette autonomie, faire confiance, c’est déjà rendre acteur et responsable.
J’accepte toutes les réponses ! J’accueille le refus de poursuivre ou le silence autant que l’enthousiasme, j’écoute des rêves extraordinaires avec la même oreille que des projets ultra balisés. C’est ensuite le travail des séances de permettre les prises de conscience, le tri, la fixation d’objectifs réalistes, etc.
Et, pour aider ces jeunes à déterminer leur projet, c’est-à-dire un projet qui ait du sens pour eux, je les conduis à dévoiler et explorer un maximum de leurs qualités. Pour la plupart, ils traversent une période de difficulté, au moins scolaire, et ils sont focalisés sur ce qui leur manque dans le regard des autres plutôt que sur ce qu’ils possèdent. S’écouter pour se connaître soi-même, et donc ses envies, ses capacités, ses freins, etc. c’est souvent un nouveau chemin pour les jeunes que je reçois. Et pourtant, comment savoir vers quelle orientation se tourner sans cela ? Je commence donc par leur montrer en les écoutant moi, en leur faisant remarquer toutes les qualités que j’entends dans leurs histoires, dans leur parcours. Et, au fur et à mesure, je les laisse faire cette démarche eux-mêmes. Et il a été magnifique d’entendre à la fin d’une séance « j’ai découvert des qualités que j’ai » ou « je ne savais pas que j’avais autant de qualités ».
Dans les accompagnements collectifs, ils s’aident entre eux à faire émerger leurs qualités et ils se font témoins des qualités des autres. En plus de la puissance de ces reflets et des ancrages qu’ils rendent possibles, cela permet d’associer au travail d’écoute de soi celui d’écoute des autres et de reconnaissance des différences, des singularités, des complémentarités.
Découvrir ses qualités et ses compétences, c’est aussi découvrir de nouvelles histoires sur soi. C’est commencer à faire exister ces histoires-là plutôt que celle du problème. C’est, par exemple avec des jeunes aux prises avec la violence, les faire raconter une autre histoire sur eux que celle des actes violents qu’ils commettent, et progressivement donner réalité à des histoires de courage, de solidarité, de sensibilité, etc. Cela permet d’ouvrir le champs des possibles, des possibles qui viennent de la personne elle-même, en même temps qu’elle gagne en dignité et en confiance. Après ce travail en apparence tout simple, j’ai par exemple vu plusieurs jeunes présentés comme « introvertis » ou « timides » prendre la parole en cours presque du jour au lendemain, suscitant la surprise émerveillée de leurs professeurs et de leurs camarades.
On interroge beaucoup les représentations et les préjugés. La question de la réussite revient souvent. C’est quoi réussir ? C’est quoi réussir pour une fille ? C’est quoi réussir pour un garçon ? C’est quoi réussir pour l’école ? Pour sa famille ? Etc. Pour en arriver à ce qu’est la réussite… pour soi.
J’entends toujours les réponses et les histoires de ces jeunes avec une forme d’émerveillement, chacun apportant une vision différente et pleine de richesse. On ne parle pas que d’école durant les séances qui sont un espace où la parole peut se libérer. Il est aussi beaucoup question d’amitiés faciles ou compliquées, d’amours heureuses ou malheureuses, de joies et parfois de grandes souffrances. Rencontrer ces jeunes, les accompagner, même brièvement, à un moment charnière pour eux, dans cette période particulière de bascule et d’interrogations qu’est l’adolescence est une vraie chance professionnelle et humaine.
Estelle Cauvin, octobre 2018
Conseil en développement professionnel | Coach dans vos transitions | Formatrice | Facilitatrice en CoDéveloppement | Bilan de compétences | du sourire dans vos projets 🌞
6 ansTémoignage vibrant de simplicité, merci Estelle ! Et - oui - en projet professionnel comme en bilan de compétences, le regard des autres fait souvent (re)découvrir toutes ces belles qualités et aptitudes personnelles dont notre client n'était pas(plus) conscient... lui redonnant élan et confiance.
Consultante | Coach | Facilitatrice | Avec pétillance et curiosité
6 ansTrès chouette, merci Estelle pour ce partage !
C’est un vrai plaisir de te lire. Bravo pour ton travail!
Passionnée par le potentiel humain, j'accompagne avec créativité le changement individuel, collectif et organisationnel
6 ansCette suite me ravie Estelle car elle rend un bel hommage au pouvoir d’agir de tous ces jeunes ! Après t’avoir lue, je souhaite honorer deux choses chez toi : ton coeur vis-à-vis d’eux et ta magie d’accompagnante... Une belle alchimie !