Compte rendu de la soirée : pourquoi les Chinois parviennent-ils à concevoir une voiture en 18 mois contre 36 pour les Français ?

Compte rendu de la soirée : pourquoi les Chinois parviennent-ils à concevoir une voiture en 18 mois contre 36 pour les Français ?

Un grand merci à Eric Esperance, partner chez Roland Berger en charge des activités automobiles, d'avoir animé le dîner-débat hier soir autour de la question : pourquoi les Chinois parviennent-ils à concevoir une voiture en 18 mois contre 36 pour les Français ?

Les exposés d’Éric sont limpides et les échanges, vifs et inspirants. Voici ce que j’ai noté pour partager :

1) L'engagement des employés chinois : Les Chinois consacrent en moyenne 1 650 heures par an aux activités professionnelles, contre seulement 950 heures pour les Français.

2) Une attitude positive vis-à-vis des réussites : Ils adoptent sans hésitation ce qui fonctionne déjà. Ce pragmatisme, parfois perçu comme une propension à copier, leur permet d’avancer rapidement sans s’encombrer de scrupules inutiles.

3) Un démarrage sur une feuille blanche : Contrairement aux entreprises européennes, les Chinois ne sont pas freinés par des règles rigides ou des systèmes hérités. Ils abordent les questions de façon directe, sans s’embarrasser de multiples variantes ou diversités de composants.

4) L’intégration verticale : Par exemple, lorsque BYD souhaite augmenter le régime d’un moteur à 15 000 tr/min, le chef de projet convoque dès le lendemain les ingénieurs spécialisés en batteries et en IGBT. Cette proximité des compétences accélère considérablement le développement.

5) Le soutien de l’État et des autorités locales : En Chine, la frontière entre le secteur public et le privé est souvent floue. Certains constructeurs bénéficient directement d’investissements étatiques en CAPEX. Pour Xiaomi, par exemple, les autorités de Pékin ont financé la construction de l’usine, facilitant grandement la production de leur premier modèle.

6) Une compétition féroce : La Chine compte environ 140 constructeurs automobiles, rendant la concurrence extrêmement intense. Ces acteurs visent souvent des marges réduites de 5-6 % pour être les premiers sur le marché, sous peine de disparaître. En comparaison, les 13 constructeurs européens se disputent une part de marché bien moins fragmentée.

7) Des processus de validation simplifiés : En Europe, le développement est ralenti par des montagnes de réglementations. Les constructeurs chinois, moins contraints, peuvent avancer beaucoup plus rapidement.

8) Des hubs industriels ultra-densifiés : La Chine compte au moins six grands pôles automobiles. Dans un rayon de 50 kilomètres, on y trouve toutes les compétences techniques et les composants nécessaires pour assembler une voiture. En Europe, le recours à des fournisseurs chinois allonge les délais et ralentit le processus.

9) Une formation d’ingénieurs massive : La Chine forme chaque année des centaines de milliers d’ingénieurs. Ces professionnels, imprégnés des valeurs chinoises de travail, de collectivisme et de discipline, permettent de mener les projets avec une efficacité inégalée par les Européens.

La soirée s'est soldée par un buffet dînatoire d'échange et de networking.

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