Décrypter l'«été humanoïde» en robotique
Nous vivons actuellement un véritable engouement pour les robots, un phénomène que Ken Goldberg, éminent roboticien de l'université de Berkeley, qualifie d'«été humanoïde» dans un article de MIT Technology Review.
Les vidéos futuristes, où l’on voit ces robots accomplir diverses tâches, attisent la fascination du public.
La douche froide
Cependant, Goldberg met en garde contre une interprétation trop enthousiaste de ces démonstrations. Selon lui, nombre de ces robots sont en réalité téléguidés, et non autonomes. De plus, ces vidéos ne montrent souvent que les réussites après de multiples essais infructueux. Le montage peut également être trompeur, en accélérant les séquences pour amplifier les performances perçues des robots. Quant à la dextérité des mains humanoïdes, qui nécessite une ingénierie extrêmement complexe, elle est souvent moins impressionnante qu'il n'y paraît.
Les doutes exprimés par Goldberg sur les réelles capacités des robots humanoïdes m'ont fait l'effet d'un coup de massue, car j'étais emballée par certains d'entre eux, dont Groot de Nvidia, qui, alimenté par une IA générative multimodale, comprend le langage naturel et peut imiter les mouvements humains en observant leurs actions, sans être programmé pour le faire.
Pour avoir un autre avis, je me suis tournée vers mon ami de longue date, Cyril Fiévet, journaliste spécialisé depuis plus de 30 ans dans les usages du numérique, l'impact des technologies et le futur. Auteur de plusieurs ouvrages, dont «Les Robots» publié en 2002 et «Robots Extraordinaires» publié en 2006, je lui ai demandé si les vidéos étaient pour la plupart truquées:
«L'article me semble exagérément sceptique/pessimiste. Le marketing et le vaporware sont monnaie courante aujourd’hui, et que l’on ne peut plus se fier entièrement aux vidéos que l’on voit surtout après des événements récents comme les scènes de fausses «robot-girls» (cosplay) mélangées à de vrais robots lors d’un salon en Chine.
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Les progrès sont réels
Mais il a aussi souligné les progrès indéniables réalisés dans ce domaine. «Quand j'ai écrit mon premier livre sur les robots en 2002, les meilleurs robots humanoïdes se déplaçaient très lentement et ne pouvaient même pas se relever. J'avais assisté à une démonstration du HRP, qui était fascinante, mais le robot paraissait réfléchir 15 secondes avant chaque mouvement. Il pouvait tout juste s'accroupir lentement, hésitait, et manquait de stabilité. Aujourd'hui, Atlas de Boston Dynamics peut marcher, courir, sauter, faire des saltos arrière, et tout cela sur des terrains irréguliers comme des gravats ou en mode parkour, avec une aisance impressionnante. En 20 ans, les prouesses réalisées sont bien réelles».
Pour Cyril Fiévet, les entreprises n'ont pas intérêt à survendre un produit qui ne serait pas à la hauteur de ses promesses. «Imagine vendre des dizaines de robots incapables de saisir une boîte dans un entrepôt… La dextérité des robots a également beaucoup progressé. On sait désormais fabriquer des mains capables de saisir de petits objets, comme une plume, des objets fragiles, comme un œuf ou des objets lourds pesant plusieurs kilos».
Certes, certaines vidéos peuvent exagérer les capacités des robots en optimisant les conditions et l'environnement, mais il n’en reste pas moins que les progrès en matière d'équilibre, de souplesse, d'agilité, de rapidité, et de dextérité sont bien là. Il est fort probable que nous verrons, dans les années à venir, des robots humanoïdes remplacer des travailleurs humains dans des situations réelles».
Je suis soulagée: mon rêve d'un robot domestique dans un avenir pas si lointain reste intact.
Source : The Algorithm MIT Technology Review
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3 moisUn gros buzz...qui présage tout de même une future réalité humanoïde