Développer sa concentration ?
La concentration est un levier clé de performance pour être bon au bon moment. Mais, de la même manière que nous n’apprenons pas à apprendre à l’école, nous n’avons pas de cours de « concentration ».
Alors comment faire pour éviter de se disperser, pour mobiliser ses ressources à un instant T ?
D’abord, le pré-requis que tout le monde connaît : éliminer toutes les sources de perturbations matérielles qui pourraient dévier votre attention. Je pense au téléphone portable et au pop-up des emails entrants bien sûr. Mais il y a aussi, et chacun a des besoins différents pour cela, le fait de se créer un environnement visuel dans lequel l’esprit est « confortable ». Certains pensent mieux lorsque leur bureau est dégagé, d’autres en se mettant debout (une forme de prise de recul), d’autres encore en s’isolant dans une pièce fermée (pour rester avec ses idées). Bref, autant de routines que de personnes.
Là où le challenge est plus difficile, c’est dans la gestion des pensées parasites. Ces pensées qui vous éloignent de la réalité de l’instant et qui se multiplient pour deux raisons :
- nous sommes devenus des zappeurs, mutli-taskers; l’hyper choix (sous couvert de liberté) et le temps rare (le court-termisme) ont façonné notre esprit à aller vite de sujet en sujet.
- notre esprit produit en continu une multitude de pensées; c’est un mécanisme naturel, biologique.
Alors, comment faire pour éviter de sauter d’une idée à une autre et rester concentré sur son sujet du moment ?
La réponse tient dans le dernier mot de la question : « moment ». Il s’agit d’être au présent, d’éviter donc de ressasser le passé et surtout -plus fréquent- de se projeter dans le futur, d’anticiper (une prochaine réunion, ce que l’autre pense ou va dire, etc.). C’est en réalité une incapacité à être « ici et maintenant » qui vous conduit à suivre le cheminement de vos pensées; le problème est qu’elles ne s’arrêtent jamais donc vous pouvez les suivre longtemps…
Je vous propose 2 axes de travail complémentaires pour être dans l’ici et maintenant :
1/ focuser votre attention sur un élément spécifique de votre environnement; selon votre préférence, privilégiez :
- la vue : en regardant pendant quelques secondes un détail visuel, même anodin (la couleur du fil du bouton de la veste de votre interlocuteur par exemple)
- l’ouïe : qu’entendez-vous là tout de suite dans votre environnement proche (disons la salle de réunion dans laquelle vous êtes) et lointain (peut-être des travaux dans la rue, le bruit d’une photocopieuse) ?
- le toucher : est-ce la partie gauche de votre corps qui est le plus en appui sur votre chaise ? comment vos pieds sont-ils ancrés dans le sol ? votre dos est-il crispé ? appuyé sur le dossier de la chaise ? l’air qui sort de vos narines est-il plus chaud qu’au moment où il est entré ?
Vous pouvez aussi tout simplement diriger votre attention sur votre respiration : est-elle régulière ? saccadée ? profonde ? rapide ? étouffée ?
Il s’agit donc pour vous concentrer de diriger votre attention sur autre chose, car être dans le moment présent, c’est avant tout « être » : respirer et ressentir.
2/ trouvez-vous un mot de retour dans l’ici et maintenant (« welcome back » par exemple), que vous utiliserez intérieurement à chaque fois que vous vous surprendrez à pensez à autre chose qu’à votre sujet moment. Comme je l’ai dit, il est absolument normal que vos pensées vous amènent ailleurs, il est donc inutile de vous « blâmer » quand vous réalisez que cela vous arrive. Parfois aussi, vous croyez justement penser au sujet, en le « décortiquant »; en réalité, lorsque vous interprétez et jugez ce que vous entendez, vous n’êtes déjà plus dans l’ici et maintenant.
Contentez-vous alors de laisser passer la pensée en question et revenez tranquillement au moment présent avec votre mot de retour.
Je vous souhaite de belles expérimentations !