De la difficulté à entrer en médiation : vouloir ou avoir envie
Il y a quelques mois, j’ai décidé de publier des articles avec l’intention de mieux faire connaitre ma pratique, mieux me faire connaitre.
Cette décision prise, il m’a fallu du temps pour passer à l’action. Pourtant je ressentais de la lassitude face à la méconnaissance de la médiation, de la frustration face au temps nécessaire aux personnes en conflit, pour prendre la décision d’entrer en médiation, de la colère face à moi-même qui « n’agirait » pas assez pour faire connaitre la médiation, pour « convaincre » mes clients que je peux les aider 🤦 .
Ce matin, je vois clairement la (une?) différence entre le « vouloir » et l’« envie ». « Vouloir » vient de la tête, du rationnel. Avoir envie est plus comme une énergie de vie qui émerge de nous.
Le « vouloir » c’est ce que j’ai utilisé avec succès pendant des années dans mon parcours professionnel. Plan Do Check Act : planifier, faire, vérifier, améliorer. « Vouloir » marche plutôt bien dans la technique et cela donne assez souvent de bons résultats.
Mais pendant toute cette période de ma vie, j’ai également remarqué que quand il s’agit de relation humaine, cela fonctionne rarement.
Je peux comprendre ce qui ne va pas dans ma relation, imaginer quoi faire pour que cela aille mieux et pourtant constater que je ne prends jamais le temps de passer à l’action, il me manque toujours quelque chose, globalement « ça » ne se fait pas. Et puis .... « l’autre pourrait aussi faire quelque chose ! »
L’« envie » c’est comme l’énergie qui fait germer les graines. Aucune graine ne « décide » de pousser, pourtant quand l’environnement le permet, elles poussent.
Quand le contexte le permet, quand je suis prête je peux poser des mots sur ma relation à moi-même et aux personnes que j’accompagne.
Quand le contexte le permet, quand ils sont prêts, mes clients entrent en médiation volontairement avec le niveau d’engagement qui augmentera la probabilité de transformer la relation et de résoudre le conflit.
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Je précise que je ne parle pas d’un laisser faire fataliste mais de la conscience du temps qu’il nous faut parfois à nous, êtres humains, pour être prêts à faire les choses d’une façon écologique pour nous.
C’est agaçant de réaliser que comme le jardinier ne tire pas sur les pousses pour qu’elles grandissent plus vite, je ne peux pas « faire passer à l’action » (les autres, et moi également!). Je ne peux pas pousser les mots à se poser sur la page ou mes clients à venir en médiation ; je peux comme le jardinier prendre soin du terrain, de l’environnement et permettre aux graines de pousser.
Comme le jardinier n’a pas de pouvoir sur les graines le médiateur n’a pas de pouvoir sur les personnes en conflit. Il est au service de l’environnement pour permettre à ce qui peut se réaliser de prendre forme.
Je suis donc sereine devant mon clavier ce matin. J’écris pour moi, pour clarifier des notions qui me sont chères et qui, dans ma pratique, me permettent de rester au contact des êtres humains divers et uniques en face de moi.
Brigitte
https://pg-mediation.fr/
PS1 : pour être tout à fait honnête, j’ai écrit ce texte en avril 2021 ; il y a donc eu l’envie d’écrire à ce moment-là, et l’envie de le partager 6 mois plus tard…
PS2 : l'envie de partager est encore très fragile ... je sens beaucoup de peur, alors je passe à l'action et j'arrête de psychoter !
Chargé de mission santé, coordo CLS/CLSM - Communauté de communes Terres des confluences 82
3 ansMerci pour cet article, et l'authenticité de ton expression. De tes P.S., je comprends que le plus difficile récemment a été de faire le pas et de soumettre ton cheminement interne au regards extérieurs. Du coup je célèbre le pas courageux :)
Facilitateur de transformations | Révélateur de talents | Business Coaching, Mentorat, Gestalt & Process Com®
3 ansOui Brigitte, la « matière » humaine est indissociable de son environnement (ça me rappelle un sujet commun !), une interdépendance qui nécessite « autre chose » que des techniques même éprouvées. La médiation est assurément un bon accélérateur d’envie quand elle se manifeste.
Avocate atypique et internationale & Médiateure - pour les familles internationales - Divorce et séparation | International et franco-allemand - Formatrice ⚖️🕊️👪🌍🇨🇵🇩🇪👩🏫
3 ansMerci pour ce partage Brigitte Ploix-Gaydon ! Ce que vous écrivez me parle complètement. Et non, le médiateur n'a aucun pouvoir, il ne peut rien faire que les médiés ne seraient pas prêts à faire. Acceptée la frustration, voilà une force essentielle de la médiation. Rien n'arrivera aux médiés qu'ils n'auraient pas accepté, et créé :)
Médiation de couple
3 ansMerci pour ces mots Brigitte, qui reflètent toute la complexité de notre métier. Et merci aussi, car je me sens rejointe dans mon intention : celle de donner un cadre pour que les relations humaines douloureuses puissent se passer autrement, celle de faire confiance dans les ressources des personnes concernées, celle de faire confiance dans les choix qui sont faits. Le jardinier peut donner les meilleures conditions à la graine pour pousser : il ne peut décider quand ni comment elle poussera, ni quel fruit elle donnera.