Discours du Député Loïc DOMBREVAL pour le centenaire de l'Armistice du 11 novembre 2018
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs les représentants d’associations d’Anciens combattants,
Mesdames et Messieurs les représentants des forces armées, de la sécurité publique et de la sécurité civile,
Mesdames et Messieurs,
Ce qui nous rassemble aujourd’hui, c’est un anniversaire, mais un peu particulier cette année puisqu’il marque le centenaire de l’évènement qui aura mis un terme au 1er désastre fondateur du 20ème siècle : l’armistice de la 1ère guerre mondiale.
En tant que parlementaire, j’ai assisté avec émotion ce mercredi à l’inauguration de deux plaques pour honorer la mémoire de deux grands députés concernés de très près par cette guerre : Jaurés et Clémenceau. Jaurés, quasi première victime mort d’avoir voulu l’éviter, Clémenceau l’ayant conduite jusqu’à la victoire au plus proche des soldats n’hésitant pas à les rejoindre au front.
100 ans déjà que ceux qui nous ont précédés se sont dits, à tort, plus jamais ça !
Plus jamais 10 millions de victimes dans le monde entrainé dans l’abime par quelques Etats européens. Car ce conflit aura eu des répercussions bien au-delà des ennemis héréditaires franco-allemands, devenus heureusement depuis le couple moteur de l’Europe. Plus jamais toute une génération saignée à blanc, des millions de blessés, de mutilés, de gueules cassées, de gazés. Plus jamais autant de moyens, d’énergie, d’industrie, d’intelligence employés à détruire l’humanité. Et pourtant, à peine 20 ans plus tard, juste le temps de faire éclore une nouvelle génération, nous allions pousser encore plus loin la barbarie et la puissance destructrice, de Guernica à Varsovie, de Dresde à Hiroshima, d’Auschwitz à Oradour-sur-Glane.
Mais 2018 marque aussi le 10ème anniversaire de la mort de Lazzaro PONTICELLI, dernier poilu français. Plus jamais de témoin direct de ce désastre de l’humanité. Plus jamais de mémoire vivante de ce que le nationalisme le plus exacerbé peut enfanter de pire. Il importe donc de perpétuer la mémoire de ceux qui ont sacrifié leur vie pour leur pays, surtout auprès des plus jeunes d’entre nous qui ne mesurent peut-être pas assez à quel point la paix n’est au fond qu’une situation fragile entre deux conflits.
A Verdun, dans la Somme, sur le chemin des dames, dans la Marne, au Fort de Douaumont, ils pouvaient porter comme prénom Éric, Lazzaro, Piotr ou Abdoulaye mais au fond des tranchées, dans la boue, au milieu des rats et de la vermine, sous la mitraille et les pilonnages, c’est sanglés du même uniforme bleu-horizon que le leur s’est brutalement arrêté pour défendre une seule et même communauté, la France.
Aussi, pour que leur sacrifice ne fut pas vain, ainsi que celui des enfants de Saint-Jeannet quelques intellectuels tel Stéfan Zweig, ou hommes politiques tels Aristide Briand ou Winston Churchill, commencèrent déjà à prêcher pour une Europe Unie dès le lendemain du 11 novembre 1918. Mais tout aussi visionnaires qu’incompris, il faudra pourtant attendre une deuxième guerre mondiale pour que leur idée prenne enfin forme.
Le 26 mai prochain, dans les urnes, c’est aussi avec la conscience de ce désastre que nous aurons à nous prononcer sur l’avenir de l’Union européenne. A l’heure ou le repli sur soi, l’égoïsme étatique et parfois la haine de l’autre, est érigé en discours et même en programme politiques, que ce soit ici en France, chez nos voisins ou de l’autre coté de l’océan, pensons au sacrifice des frères d’armes de Lazzaro PONTICELLI pour que dans 100 ans nous n’ayons pas de nouvel armistice à célébrer et d’enfants de Saint-Jeannet à pleurer.
Vive la République, Vive la France, vive l’Europe en paix.