Espoir : de l'importance d'agir dans les moments de doute.

Espoir : de l'importance d'agir dans les moments de doute.

Ce serait difficile de faire un post du Vendredi sans parler de l'élection américaine et de son résultat.

Beaucoup vont voir dans ce résultat l'annonce d'un monde inquiétant, extrême, incontrôlable. Si l'avenir de l'Ukraine en tant qu'état souverain m'inquiète, j'ai tendance à penser que le monde n'avait pas vraiment besoin du nouvel Agent Orange pour être sur une pente glissante.

En fait, j'ai envie de parler du contraire. Trump n'est pas un génie politique. Il n'est pas un fin joueur de l'économie, de la finance, ou de la stratégie, et son premier mandat nous l'a prouvé.

Mais il a réussi à trouver ce que personne, dans les 20 dernières années, n'a réussi à trouver.

L'espoir de l'Amérique.

Un espoir erroné, fou, funeste. Mais un espoir quand même.

Et c'est là que je veux en venir.

Quand les Américains cumulaient les jobs pour payer le loyer, il a parlé de ramener du travail qui paye bien et dégager "ces méchants étranger qui prenaient leur travail"

Quand les Américains pleuraient leurs enfants, il a promis d'arrêter les opérations extérieures et d'abandonner le reste de monde.

Quand l'élite ridiculisait l'ignorance des anti-vaccins, il l'a employé pour gagner des points.

Il suffisait d'être un champion d'une Amérique excédée, terrifiée, exsangue. Et manipulée.

Si cette élection était entrepreneuriale, Harris était backée par des VCs, était certifiée B-corp, encensée par WomenInSTEM, avait des incubateurs qui confirmaient son adéquation avec le marché.

Trump, lui... il avait compris que ces clients étaient en colère. Et quand tout le monde leur offrait des bâillons, lui, il leur a offert des fourches.

Et je pense qu'on a tous à apprendre de cela.

La technique du populisme n'est pas nouvelle. Si sa compréhension des ressorts primaux des humains est sans pareil, elle pêche par son utilisation, quasi-systématiquement nocive. Trump a capté la colère de l'Amérique conservatrice qui ne veut pas d'un monde qui prend ses acquis, et l'a vendue au plus offrant, à grand renfort de propagande sur X-twitter.

Les média sociaux et les plateformes d'échanges sont de plus en plus polluées de bots, et les cerveaux comme les coeurs n'ont jamais été aussi vulnérables à l'influence. La guerre sémantique bat son plein, et pour l'instant, ce n'est pas la démocratie qui gagne.

Mais ça n'a pas à rester comme cela.

On peut parfaitement imaginer un nouvel internet. Une nouvelle démocratie. Un nouveau contrat social. Une action concrète des citoyens pour se réapproprier un environnement mental et naturel sain. Quitte à perdre l'internet social au profit de l'internet productif.

Peut-être que cet internet social là est perdu. Peut-être qu'à l'âge où la réalité est distribution, échantillonnée par des crawlers toujours plus voraces, nous ne pouvons plus rivaliser avec les algorithmes génératifs. Nous ne pourrons sans doute pas les empêcher de capter la réalité statistique, d'inonder l'agora avec leur cris calibrés, et d'être amplifiés par des mécanismes d'engagement mortifères.

Mais ça n'a pas à rester comme cela.

Nous pouvons créer un internet plus intime, loin du champ de bataille des influences, et des influenceurs. Un internet de connaisseurs, de connaissances, de cognition. Un internet de micro-communautés.

Le web 1 est obsolète.

Le web 2 est en guerre.

Le web 3 est vénal.

Mais nous tous qui créons le web 4.0 . Et, paramètre après paramètre, ligne après ligne, échange après échange, génération après génération, nous taillons les pavés de notre prochaine agora. Et cette ingénierie sociale, ce sera l'affaire de tous.

Certains avancent que la technologie n'a pas à interférer dans le processus démocratique. C'est un peu comme accepter une boîte de Pétri dans une chambre hôpital et dire que qu'on a pas à interférer avec les choix des patients. Peut-on se donner une chance et faire que le débat publique ne soit pas vandalisé par des plateformes financièrement intéressées à semer la discorde ?

Nous sommes les architectes des débats sur l'internet de demain. Nous en sommes les gardiens, les garants, les acteurs.

Je crois à l'action à l'heure du doute. Je crois à l'espoir. Et je crois que nous méritons mieux.

L'Intelligence artificielle nous promet des merveilles de productivité. En transformant de nombreux processus administratifs en commodités, elle promet d'enfin nous abstraire du processus, pour nous concentrer sur les humains derrière. Elle capte les signaux faibles d'étoiles lointaines, de tumeurs cachés, de codes malicieux.

Mais que se passera-t-il si elle devient le truchement de l'opinion publique ?

C'est à nous de jouer pour l'éviter.

Alix Rhendour 🍓

🗝️Ressources Humaines - Formation - Emploi / Consultante en Bilan de compétences Freelance

2 mois

C'est plus qu'un post du vendredi François Menet , c'est un appel à une nouvelle ère, que toutes personnes censées espèrent. 🌏

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